
C’est Gabriel Kyungu wa Kumwanza qui a jeté le pavé dans la mare. Le jour de l’investiture de Félix Tshisekedi, jeudi dernier, il a déclaré lors d’une conférence de presse à Lubumbashi qu’il était satisfait de « l’alternance aujourd’hui au sommet de l’Etat ». Parlant, dit-il, en son nom et en celui de Moïse Katumbi, il a répété à plusieurs reprises: « Jamais nous ne pouvons nous muer en ennemis d’un ami » et « Félix le sait » même s’il existe des « divergences » entre les trois hommes. « Jamais nous ne pourrons nous ériger en obstacles vis-à-vis de Felix Tshisekedi », a-t-il répété, précisant que « Felix et Moïse sont des amis », tandis que la victoire du premier « c’est ma victoire », en raison du « combat commun ».
Cofondateur de l’UDPS
Gabriel Kyungu fut, avec Tshisekedi père, un des fondateurs de l’UDPS, sous Mobutu, en 1982. Un « combat commun » qu’il avait oublié lorsqu’en 1992-93, ayant changé de parti, il joua un rôle actif dans les pogroms anti-Kasaïens déclenchés au Katanga, dont il était alors gouverneur (1992-95), et dont furent victimes des centaines de milliers de Kasaïens renvoyés vers la province de leurs pères – dont des membres de l’UDPS.
Kyungu se retrouve à nouveau du même côté qu’Etienne Tshisekedi en 2016, lorsque l’opposition s’unit à Genval sous la bannière du vieil opposant. Quelques mois auparavant, Moïse Katumbi, puis sept autres personnalités de la majorité présidentielle kabiliste (vite baptisés « G7 » pour « groupe des sept », avec leurs partis) – dont Gabriel Kyungu – avaient fait défection en protestation contre les projets de Joseph Kabila de se maintenir au pouvoir au-delà de la fin de son dernier mandat légal, le 19 décembre 2016.
Le G7 divisé
Or, si MM. Kyungu et Katumbi – ce dernier en exil forcé à la suite de poursuites judiciaires politiquement motivées – lancent cet appel du pied à Félix Tshisekedi, Martin Fayulu et Pierre Lumbi ont, eux, refusé de se rallier à Félix Tshisekedi la semaine dernière. Pierre Lumbi – autre membre du G7 – a ainsi déclaré: « Nous ne pensons pas que Félix Tshisekedi, en tendant la main à Martin Fayulu, que cela soit une main propre. Pour nous, il se moque du pays, de Fayulu et du peuple congolais. C’est un vol électoral qui a été commis ».
Lamuka et sa composante G7 sont donc divisés aujourd’hui. Selon Gabriel Kyungu, « le G7 ne peut pas combattre Félix ». Il faudra attendre un peu pour le savoir.
Par Marie-France Cros.
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