Un mois après sa prise des fonctions, le chef de l’Etat, Félix Tshisekedi, prend son temps. Si la nomination d’un Premier ministre est entourée de soubresauts politiques qui l’obligent à se plier au jeu politique qui se joue à l’Assemblée nationale, rien n’explique cependant le retard dans la composition du cabinet du président de la République, limité à ce jour à deux membres. Lié par une base qui l’attend et suivi de près par un peuple qui a soif du changement, Félix Tshisekedi doit se ressaisir et décoller aux fins de convaincre quant à la rupture avec l’ère Kabila.

Par Le Potentiel

Proclamé président de la République par la Céni, puis confirmé par un arrêt irrévocable de la Cour constitutionnelle, Félix Tshisekedi a pris officiellement les rênes du pouvoir depuis le 24 janvier 2019, date de sa prestation de serment devant la même Cour.

Un mois plus tard, le peuple qui a nourri beaucoup d’espoirs commence à se poser des questions. Impatience ? Probablement. D’aucuns sont poussés à dire que le président Félix Tshisekedi serait absent sur la scène politique en termes d’impérium dans la conduite des affaires de l’Etat. Son aura, très limité, peine à effacer les 18 années de Joseph Kabila. Ses faiblesses commencent à transparaitre au grand jour.

À première vue, la nomination du Premier ministre a démontré les limites d’action du président de la République. Alors que la Constitution l’autorise, en vertu de l’article 78, à nommer un informateur pour identifier la majorité à l’Assemblée nationale, d’où sera issu le prochain Premier ministre, le président Félix Tshisekedi se perd encore en conjectures, comme s’il attendait un quitus avant d’agir. De qui dépendrait-il ? Nul ne sait le dire avec exactitude. Mais, l’inaction du chef de l’Etat là où on l’attend agir commence à déranger au sein de l’opinion publique.

Au-delà de la question du Premier ministre, un mois après sa prise des fonctions, le cabinet du chef de l’Etat n’affiche pas complet. Les seules nominations intervenues à ce jour sont celles de son directeur de cabinet, Vital Kamerhe, et de son adjoint, le professeur Kolongele Eberande. Puis, plus rien. Le chef de l’Etat est un homme seul. C’est le moins que l’on puisse dire.

Pendant ce temps, sur la scène politique, c’est l’autorité morale du FCC, son prédécesseur, le sénateur Joseph Kabila, qui semble lui voler la vedette. Depuis quelques jours, Joseph Kabila s’adonne à une activité politique intense. Il bat le rappel de ses troupes réunies au sein du Front commun pour le Congo. Kabila se prépare. Pour quel objectif ? Wait and see.

Toujours est-il qu’au terme de la dernière rencontre de Kingakati, où Joseph Kabila a reçu les députés nationaux, membres du FCC, Néhémie Mwilanya, coordonnateur du comité stratégique de cette plateforme électorale, a fait le point de ce qui s’annonce comme un assaut sur le gouvernement. En effet, sans attendre les conclusions des consultations censées être menées par l’informateur nommé par le chef de l’Etat, le FCC se positionne comme la force politique majoritaire à l’Assemblée nationale. Ce qui, de l’avis de Néhémie Mwilanya, lui ouvre grandement la voie au contrôle du gouvernement.

Le FCC s’organise, le CACH somnole

Joseph Kabila se prépare depuis son QG de Kingakati. Que dire du président Félix Tshisekedi ? C’est encore le vide. Le CACH (Cap vers le changement), la coalition qui l’a porté au pouvoir, est pris comme dans un profond sommeil, alors qu’en face, le FCC se réarme moralement autour de son autorité morale, Joseph Kabila.

« La nature a honneur du vide », dit-on. Le chef de l’Etat doit se ressaisir et très vite. Le temps file et le peuple, tout comme sa base, qui le soutiennent, voudraient voir Félix Tshisekedi assumer son pouvoir pleinement.

La nomination d’un informateur pour identifier la majorité à l’Assemblée nationale ne devrait pas faire l’objet des conciliabules politiques. Aucun parti ou regroupement politique n’ayant atteint seul le seuil de 251 députés nationaux, le président Tshisekedi devrait inévitablement activer l’article 78 de la Constitution. Curieusement, il brille par une passivité indescriptible.

Se sent-il totalement lié par l’accord de « cogestion » signé avec Joseph Kabila ? N’a-t-il pas les moyens de s’affranchir de la forte présence de Kabila à ses cotés ? Autant d’interrogations qui taraudent les esprits.

Par ailleurs, s’il y a quelqu’un qui doit rendre compte du bilan de cinq prochaines années, c’est bel et bien Félix Tshisekedi. Ni le FCC, encore moins Joseph Kabila, ne seront redevables en 2023 devant le peuple congolais. Il devra rassurer quant au mandat lui confié par le peuple.

À tout prendre, le chef de l’Etat doit se remettre en cause. Vital Kamerhe, son colistier dans le CACH avec qui il a cheminé jusqu’à la conquête du pouvoir, est lui absent de la scène politique. Et pourtant, il devrait servir d’éclaireur pour éviter à ce que le chef de l’Etat ne soit entrainé dans le piège que cherchent à lui tendre Kabila et son FCC.

Pour le président Tshisekedi, s’émanciper de l’emprise de Joseph Kabila devient plus qu’une urgence pour donner enfin un sens à son mandat. Vital Kamerhe, en sa qualité de directeur de cabinet, joue curieusement aux abonnés absents.

Le Potentiel
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