Joseph Kabila est parti, tout en prenant soin de verrouiller le système, pour que rien ne lui échappe. Avec sa majorité confortable à l’Assemblée nationale où sa plateforme électorale aligne plus de 300 députés nationaux, Joseph Kabila est assuré d’avoir le contrôle de l’appareil de l’Etat. Du Parlement jusqu’au gouvernement, l’ombre de Kabila continuera à planer durant les 5 ans du mandat de Félix Tshisekedi. Rien ne devrait se faire sans lui.

Les élections du 30 décembre 2018 ont déjà livré leur secret. En dehors de la présidence de la république qui est revenue à la surprise générale à Félix Tshisekedi, Joseph Kabila s’est assuré avec sa plateforme électorale, le Front commun pour le Congo (FCC), d’une large majorité à l’Assemblée nationale et aux différentes assemblées provinciales. Son influence au parlement est indéniable. Il a dès lors la certitude de contrôler aussi bien les deux chambres du parlement (Sénat et Assemblée nationale) qu’un nombre important d'exécutifs provinciaux.



On pensait que Joseph Kabila s’était définitivement effacé de la scène politique. Que nenni ! L’homme a su rebondir par une magie dont il est le seul à en détenir le secret. En s’avouant vaincu à la présidentielle, Joseph Kabila s’est plutôt bien positionné aux législatives nationales et aux provinciales, en parvenant à faire triompher sa plateforme électorale, le FCC. Au regard des dispositions constitutionnelles, le gouvernement devrait en principe lui revenir, tout comme la majorité des assemblées provinciales, par conséquent des exécutifs provinciaux. En réalité, au terme des élections du 30 décembre 2018, c’est Kabila qui est le vrai gagnant. Il est parti tout en restant.

Dans cette nouvelle configuration, il va s’en dire que le chef de l’Etat, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, ne peut rien entreprendre sans l’accord de Joseph Kabila. Evidemment, on est encore loin de l’accord de « cogestion » censé lier le Cach (Cap pour le changement), la coalition qui a porté la candidature de Félix Tshisekedi, au FCC.

En principe, le FCC, qui jouit de la majorité absolue à l’Assemble nationale est en droit de proposer le prochain Premier ministre. Félix Tshisekedi ne pourrait s’y opposer, en vertu de la Constitution. Une tâche qui devait revenir à Joseph Kabila, en sa qualité d’autorité morale du FCC.

Il est tout aussi évident que le FCC ne lâchera pas les deux chambres du parlement. Là aussi, c’est au FCC et à Joseph Kabila que reviendra le dernier mot. Avec le nombre impressionnant de ses sièges aux différentes assemblées nationales, le FCC est tout autant assuré de rafler la mise, aussi bien au Sénat qu’aux exécutifs provinciaux de 24 provinces retenues par la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) pour l’élection des gouverneurs des provinces.

PARTIR TOUT EN RESTANT



C’est dire que, dans tous les cas de figure, Joseph Kabila a mis en place un scénario qui le place au cœur même de la politique de la République démocratique du Congo. Rien ne peut se faire sans lui. Ce qui a sans doute justifié son déplacement, dimanche, de la cité de l’Union africaine pour prendre directement langue avec le président Tshisekedi sur les grandes questions politiques de l’heure.

À tout prendre, Joseph Kabila a si bien verrouillé le système qu’aucune décision politique de grande envergure ne peut se prendre sans son aval.

Dans le choix du Premier ministre, il est au centre de toutes les tractations. C’est à lui que reviendra d’ailleurs la latitude de proposer au président de la République le Premier ministre de son choix. Félix Tshisekedi pourrait-il s’y opposer ? C’est peu probable. On ne voit donc pas l’argument que pourrait brandir le président Tshisekedi pour contrecarrer la démarche de l’autorité morale du FCC.

Au Parlement, c’est encore et toujours Joseph Kabila qui aura le dernier mot. La configuration du bureau définitif de la Chambre basse du Parlement dépendra incontestablement de ses choix. Sans compter le Sénat où le FCC part favori pour son contrôle. Les exécutifs provinciaux ne vont pas non plus échapper à Joseph Kabila. Certes, quelques provinces pourraient être cédées à Cach, en vertu de l’accord de « cogestion » qui le lie au FCC, mais dans la majorité des cas, c’est le FCC qui sera une fois de plus le seul maitre à jouer.

En quittant le Palais de la nation, Joseph Kabila a quadrillé tous les rouages du pouvoir. Du Parlement jusqu’au gouvernement, en passant par les exécutifs provinciaux, c’est l’ombre de Kabila qui sera présente à tous les niveaux. Félix Tshisekedi devra composer avec ce système, savamment mis en place par Joseph Kabila. Autant dire pas un pas sans Kabila durant les cinq ans de règne de Félix Tshisekedi.


Le Potentiel
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