Le choix par l’autorité morale du FCC de Jeannine Mabunda comme candidat de la plateforme politique au perchoir de l’Assemblée nationale ne fait pas l’unanimité dans l’entourage de Joseph Kabila. Pour marquer l’affront qui couve au sein du FCC, Henri-Thomas Lokondo, du regroupement politique Palu et Alliés s’est présenté en indépendant dans la même course. Il serait soutenu par des caciques du FCC qui ne se reconnaissent pas dans le choix porté sur Jeannine Mabunda.

Le Potentiel

Dans le camp du Front commun pour le Congo (FCC), le choix de son candidat au perchoir de l’Assemblée nationale, en l’occurrence Jeannine Mabunda, a créé de profondes fissures. Au FCC, tous ont certes acquiescé le choix de l’autorité morale, mais il faut cependant reconnaitre que la candidature de celle qui était jusqu’alors conseiller spécial du chef de l’Etat sortant en matière de lutte contre les violences sexuelles est encore loin de faire l’unanimité.

Au FCC, tous ne se reconnaissent pas dans cette candidature. Henri-Thomas Lokondo, cadre de Palu et Alliés, regroupement politique du FCC, a fait une volte-face pour s’engager dans la course au perchoir de la Chambre basse du Parlement.

A la surprise générale, Lokondo a décidé de se lancer en indépendant dans la course, pour ne pas déranger les susceptibilités de sa famille politique. Néanmoins, sa décision est un coup politique bien réfléchi qui n’est pas étranger au climat de suspicion qui règne au sein du FCC.

Dans le FCC, les avis sont partagés. Certains y voient plutôt une révolte interne enclenchée par l’aile dure du FCC qui peine à admettre le choix de son autorité morale, Joseph Kabila.

« La candidature de Thomas Lokondo est partagée par une large partie de regroupements membres du FCC. Le FCC a commis l’erreur d’aligner Emmanuel Shadary à la présidentielle de 2018, on sait ce qui s’est passé par la suite. Il ne faut pas qu’on revienne sur la même erreur à l’Assemblée nationale », a commenté, visiblement remonté un haut cadre du FCC.

Quant à Thomas Lokondo, il se tient bien droit dans ses bottes, assuré du soutien des caciques du FCC qui ont décidé de régler leur compte au candidat présenté par l’autorité morale.

Plébiscité meilleur député national de la décennie par le « Prix du Mérite congolais de la démocratie », Henri-Thomas Lokondo se présente certes devant Jeannine Mabunda en outsider, mais sa stature d’homme d’Etat éprouvée et son expérience d’acteur équilibré par ses choix et ses interventions de haute facture politique dans l’hémicycle jouent nettement en sa faveur.

Le coup du poker

Dans les rangs du FCC, les pro Lokondo ne se gênent plus de s’afficher. « Il peut bien faire bouger les lignes – dans le bon sens d’ailleurs. A la présidentielle de 2018, le FCC a misé sur un mauvais cheval alors qu’il y avait moyen de faire mieux. Je ne suis pas contre Jeannine Mabunda, mais il faut cependant reconnaitre qu’au sein du FCC, elle n’est pas un choix idéal », a dit l’un d’entre eux, approché par notre rédaction.

Quant au Palu et Alliés, regroupement politique d’Henri-Thomas Lokondo, c’est le silence-radio. Mais, on voit mal comment il pouvait s’engager dans cette aventure, sans avoir obtenu au préalable l’avis de ses pairs. Autant dire, le coup vient de très loin. Et il serait largement soutenu par les frustrés du FCC, depuis le choix inopiné de Shadary jusqu’à celui de Mabunda.

Membre d’un regroupement membre du FCC, à savoir Palu et Alliés, Henri-Thomas Lokondo part avec toutes les faveurs des pronostics. « Il peut bien surprendre. Il est malin. Il a su sonder les milieux du FCC pour se rendre compte que la candidature de Mabunda dérange. Comme Kengo en 2007, Lokondo peut bien surprendre. A moins que la majorité parlementaire se plie aveuglement au mot d’ordre de son autorité morale, mais si on devait être réaliste, Lokondo est bien parti pour occuper le perchoir de l’Assemblée nationale », note un observateur de la scène politique congolaise.

Dans le fond, Lokondo a des appuis de taille au sein du FCC. Ce cercle est formé par les caciques du FCC qui ne croient pas en la capacité de Jeannine Mabunda de présider aux destinées de la Chambre basse du Parlement. Le FCC passe véritablement une zone de très fortes turbulences. La candidature de Thomas Lokondo est le signe d’une attaque frontale directement lancée contre Joseph Kabila, autorité morale du FCC. Car contrecarrer la candidature de Mabunda, c’est autrement remettre en cause le choix de Joseph Kabila.

À tout prendre, c’est aussi le FCC qui joue sa survie. En son sein, des voix discordantes se multiplient. Une frange importante de ses membres ne se reconnait pas dans ce choix.




Qu’adviendra-t-il ? Difficile à dire. En tout cas, pour l’instant, ce sont deux candidats FCC, l’un arborant les couleurs de la plateforme majoritaire à l’Assemblée nationale, et l’autre se présentant en indépendant, qui seront en lice dans l’élection du bureau définitif de la Chambre basse du Parlement. De son côté, Henri-Thomas Lokondo ne désarme pas. Il est déterminé à aller jusqu’au bout, en défiant l’autorité morale de sa plateforme politique, le FCC.

Qu’en est-il de Joseph Kabila ? Pour l’instant, l’autorité morale du FCC garde tout son silence. « Il a fait son choix, c’est aux autres de s’aligner », se dit-on dans les milieux du FCC. Il faut cependant reconnaitre que le malaise est bien visible. Et la candidature de M. Henri-Thomas Lokondo est une preuve éloquente. C’est donc l’unité et la stabilité du FCC qui sont en jeu. Avec l’élection des membres du bureau définitif de l’Assemblée nationale et de profondes dissensions qui en découlent, c’est aussi le FCC qui joue d’une certaine manière sa survie.

A l’Assemblée nationale, on n’est pas loin de revivre l’épilogue du Sénat lorsque Léon Kengo, opposé à She Okitundu, candidat de la majorité au pouvoir, a arraché à la surprise générale la présidence de la Chambre haute du Parlement. Apparemment, Lokondo est sur la même voie.

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