Toujours sans Premier ministre trois mois après son élection, Félix Tshisekedi cherche un contre-poids diplomatique à la toute puissance de la coalition pro-Kabila à l’Assemblée nationale et au Sénat.
Faute de trouver un accord de gouvernement avec le FCC de Joseph Kabila, le président Tshisekedi s’offre un cure de jouvence à l’international. Après l’Angola, le Kenya, le Rwanda ou le Sénégal, Félix Tshisekedi continue de chercher des soutiens diplomatiques et financiers à sa fragile présidence. Après sa victoire controversée, issue d’un arrangement politique avec le président sortant Joseph Kabila, Félix Tshisekedi reste prisonnier d’un partage du pouvoir clairement en sa défaveur. Avec 70% de l’Assemblée nationale, 80% du Sénat et la grande majorité des Assemblée provinciales dans les mains du FCC de Joseph Kabila, le nouveau président reste toujours en quête de marges de manoeuvres politiques pour imposer son « programme de changement ».

Cartes sur table à Washington
C’est aux Etats-unis que Félix Tshisekedi espère pouvoir crédibiliser son action et trouver des soutiens financiers à sa politique. A Washington, la tâche est relativement facile pour le nouveau président congolais, tant l’ancien chef de l’Etat, Joseph Kabila, s’était volontairement isolé de son parrain américain. Très habilement, Félix Tshisekedi n’a pas cherché à cacher les faiblesses de son pouvoir en demandant l’aide des Etats-unis, « partenaire traditionnel de la République démocratique du Congo ». Il a en effet demandé à Washington « de l’accompagner afin que cet équilibre, qui aujourd’hui est fragile, se solidifie ». Avant d’avouer : « Sans un appui sérieux et puissant, nous aurons plus de difficultés à nous en sortir ». Mike Pompeo, le secrétaire d’Etat américain, est maintenant prévenu.

Depuis Washington, le très fragile président congolais, en a profité pour promettre de « déboulonner le système dictatorial qui était en place ». Il a également accusé Joseph Kabila d’avoir « retardé le pays avec la corruption, la gabegie et l’impunité ». Un message destiné à son propre camp, pour qui, le deal de partage du pouvoir avec Joseph Kabila, a toujours du mal à passer. Une critique assortie d’un bémol de l’actuel chef de l’Etat : pas de chasse aux sorcières brutale. La transition doit rester pacifique.




Tourner la page des élections controversées
Cette visite américaine vient clore un long lobbying de l’équipe Tshisekedi pour « vendre » l’alternance politique de leur patron à la communauté internationale. Sur ce point, le nouveau président peut être rassuré. L’ensemble des partenaires internationaux qui comptent en RDC sont sur la même ligne : tourner la page de la victoire controversée de Tshisekedi et laisser sa chance au programme de changement du nouveau président congolais. A l’image de la Belgique et de la France, qui ont toutes les deux apporté leur soutien à Félix Tshisekedi.

La rencontre à Washington du président Tshisekedi avec la patronne du FMI, Christine Lagarde, est un signe que la RDC est revenue sur la scène internationale. Le FMI, après plusieurs années d’absence, a promis de reprendre sa coopération avec le Congo. Le pari à court terme de la communauté internationale est désormais clair : il n’est plus question de remettre en cause la victoire contestée de Tshisekedi, mais plutôt d’aider le nouveau président à isoler le camp Kabila et à s’émanciper de son accord de partage du pouvoir.

Tshisekedi sous la menace du Congrès
Et c’est là que les difficultés vont commencer pour Félix Tshisekedi. Sa tournée internationale n’a pas complètement masqué ses difficultés internes dans ses relations de cohabitation avec le FCC, mais aussi avec ses propres soutiens au sein de l’UDPS. Certains membres du parti historique d’opposition restent toujours très sceptiques sur l’alliance de gouvernement qu’ils vont devoir conclure avec la coalition pro-Kabila. Félix Tshisekedi a repoussé l’échéance de la composition du gouvernement au maximum, mais maintenant, l’heure de vérité approche. La nomination du futur Premier ministre donnera en effet le ton du véritable rapport de force entre la présidence Tshisekedi et l’exécutif pro-Kabila, qui concentre l’essentiel des pouvoirs… et la pilule risque d’être difficile à avaler pour les militants de l’UDPS.

Félix Tshisekedi a tenté de capitaliser un maximum de soutiens internationaux avant de livrer la bataille pour l’exécutif avec l’ancien clan présidentiel. Mais si bras de fer il y a, il pourrait rapidement tourner vinaigre. Et pas sûr que la communauté internationale viennent au secours de Félix Tshisekedi. Sans accord sur le nom du prochain Premier ministre, cette situation de blocage pourrait conduire l’ensemble des deux chambres, largement pro-Kabila, à des mesures radicales. Le Congrès pourrait en effet aller jusqu’à la destitution du président en cas de crise politique prolongée. Une menace qui laisse une marge de négociation très étroite entre Tshisekedi et Kabila sur la composition du prochain gouvernement, dont la couleur risque sans doute d’être majoritairement FCC.

Christophe RIGAUD – Afrikarabia
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