Après les violences de la semaine dernière entre deux tendances au sein de l’UDPS, la polémique s’étoffe sur qui doit diriger le parti de feu Etienne Tshisekedi.

La semaine dernière, des heurts violents ont opposé devant le siège de l’UDPS, à Limete (Kinshasa), les partisans de Jean-Marc Kabund A Kabund, nommé « président ad interim » de l’UDPS par Felix Tshisekedi le 22 janvier dernier, et d’autres militants UDPS qui contestent cette nomination.

L’article 96 de la Constitution interdit au chef de l’Etat d’exercer des fonctions au sein d’un parti politique. Proclamé « élu » (sans que les preuves en soient fournies par la Commission électorale nationale indépendante) le 10 janvier 2019, Felix Tshisekedi devait donc renoncer à ses fonctions à la tête de l’UDPS. Deux jours avant sa prestation de serment, il a signé un « mandat spécial » à Jean-Marc Kabund A Kabund, secrétaire général du parti, « aux fins d’assurer mon interim à la tête du parti (…) jusqu’à la fin de mon indisponibilité ». Or, rien, dans les statuts de l’UDPS, ne permet au président du parti de déléguer ses pouvoirs.




Un directoire pour un mois

Les statuts du parti (tels que modifiés unilatéralement par Etienne Tshisekedi en 2013) prévoient, à l’article 26, qu' »en cas de démission, d’empêchement définitif, d’expiration de mandat ou d’interdiction d’exercer du président du parti, un directoire (…) assume son interim pour un délai ne dépassant pas 30 jours, au cours duquel il est tenu de convoquer une session extraordinaire du congrès en vue de l’élection d’un nouveau président du parti ».


Kabund a attiré sur lui la rancœur des militants, qui lui attribuent la responsabilité de l’extraordinaire échec de l’UDPS aux élections indirectes, le mois dernier.

En réaction à cette mise en cause, Jean-Marc Kabund a créé, à la mi-avril, un groupe de pression au sein de l’UDPS, ayant son siège à Kingabwa-Poids Lourds, baptisé « Décision finale » – une référence à « la dernière décision prise par » Etienne Tshisekedi, « celle de nommer en 2017 et avant sa mort M. Jean-Marc Kabund A Kabund comme secrétaire général de l’UDPS », indique le document constitutif.

Ce geste a attisé le mécontentement des « légalistes » au sein de l’UDPS. Abandonnant l’adulation à Tshisekedi reportée sur Félix depuis qu’il a été élevé à la tête de l’Etat, un des organes dirigeants du parti, la Convention démocratique, a rejeté le 27 avril la nomination de Kabund par le président sortant de la formation et, conformément à l’article 26 des statuts en cas d' »empêchement » de ce dernier, a mis en place un « directoire composé du président en exercice de la Convention du parti, du secrétaiore général du parti et du président de la Commission électorale du parti » pour assumer l’intérim durant un mois. Il s’agit respectivement de Viktor Wakwenda, de Jean-Marc Kabund et de Jacquemin Shabani. C’est lorsque le premier et le troisième se sont rendus au siège de l’UDPS, la semaine dernière, que des bagarres ont éclaté avec les partisans du deuxième.

« Pas de crise à l’UDPS »? Les juges pas du même avis

Samedi, le chef de la Communication de l’UDPS, Simon Adrien Kalenga, a assuré, selon le journal kinois Forum des As: « Il n’y a pas crise à l’UDPS, il n’y a pas de restructuration à la tête de l’UDPS, il n’y a pas un directoire mis en place au sommet du parti et il n’en sera pas question ».

« Le Phare » (pro-UDPS) a, quant à lui, interrogé le (respecté) constitutionnaliste André Mbata, pro-UDPS. Selon le professeur, « tous les recours introduits par les avocats de l’UDPS dans le cadre des élections des gouverneurs, sénateurs et membres des bureaux des assemblées provinciales avec un mandat signé par le « président a.i. » du parti ont été rejetés par les cours et tribunaux pour défaut de qualité du signataire », M. Kabund n’ayant pas été nommé président a.i. régulièrement. « Si nous nous entêtons, aucune action judiciaire de l’UDPS ne sera recevable pendant les 5 ans que pourrait durer un tel interim », met en garde le constitutionnaliste.

Et le professeur de juger que « la mise en place du directoire est conforme aux statuts et ne constitue nullement un coup d’Etat contre qui que ce soit ». Le pr. Mbata conseille d' »amender les statuts » de l’UDPS, qui « n’avaient pas été rédigés en tenant compte de la Constitution (…) et n’avaient pas prévu le cas où le président de l’UDPS serait élu Président de la République ».

La voix de la sagesse et de la légalité sera-t-elle écoutée et le calme ramené à l’UDPS?
Par Marie-France Cros.
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