
Le Potentiel
Le sommet sur le climat s’est tenu, lundi 23 septembre à New York, pour échanger sur les évolutions climatiques et revenir sur l’Accord de Paris. Sur plus de cent trente États invités, seulement une soixantaine ont répondu à l’appel du secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres. À l’issue de ce sommet sur le climat, 66 pays ont adhéré à l’objectif de neutralité carbone pour 2050, soit environ un tiers des États de la planète. Une moisson bien maigre pour faire avancer la question de la lutte contre le réchauffement climatique.
Quoi qu’il en soit, à ces assises, le secrétaire général des Nations unies a fixé l’objectif de neutralité carbone d’ici à 2050 ; question qui a, du reste, captivé l’essentiel des discussions lors de ces travaux du Sommet d’Action climatique. En demandant aux chefs d’État et de gouvernement de venir avec des engagements concrets, parmi lesquels la neutralité carbone à horizon 2050, Antonio Guterres a donné des indications claires sur le niveau des ambitions attendues pour ce sommet, nécessaires pour tenir l’objectif des 1,5 °C.
Lors de ce sommet, un tiers des États (dont une majorité de petits États à l’empreinte carbone relativement faible) se sont engagés à être neutres en carbone d’ici 2050 : c’est une dynamique très positive. Un tel engagement était impossible en 2015 au moment de la COP21, celui-ci paraissant alors trop contraignant. Le fait que l’on compte aujourd’hui, parmi eux, l’Union européenne ou encore l’Argentine, la Colombie et le Chili, ceci est porteur d’espoir, car de nombreux pays pourraient suivre le mouvement dans les mois à venir et rejoindre ce groupe d’ici la COP26, prévue fin 2020.
Cependant, ce ne sera pas suffisant pour atteindre l’objectif de maintien de la température globale en dessous des 1,5 °C d’augmentation si les pays les plus émetteurs comme la Chine, l’Inde ou les États-Unis, ne s’alignent pas à leur tour. D’autre part, il y a un débat sur les implications de ce terme de « neutralité carbone », car beaucoup de pays associent des pompes à carbone (soit naturelles comme la forêt ou l’océan, soit artificielles comme les systèmes de capture et de stockage du carbone) à leur feuille de route. Ces procédés leur permettent de continuer à émettre des gaz à effet de serre en parallèle, ce qui biaise en partie la notion de réduction d’émissions.
Participation de la RDC
À l’occasion de ce sommet, le président Félix Tshisekedi a prononcé, le lundi 23 septembre, un discours qui suscite beaucoup d’espoirs. Dans son allocution à l’Alliance pour les forêts tropicales, le président congolais a exhorté les partenaires de la RDC à soutenir son gouvernement dans ses efforts pour la préservation de l’écosystème de la forêt du Congo. Il entend par ces soutiens des compensations financières et un accompagnement technologique en vue de réaliser, notamment les initiatives comme celles de planter un milliard d’arbres d’ici 2023, de mettre en place une charte nationale de l’environnement et du développement durable, d’établir une cartographie forestière, d’évaluer les potentialités en biodiversité du Congo.
Un discours fortement apprécié par Greenpeace qui se dit satisfaite de ces engagements pris par le chef de l’État du haut de la tribune des Nations unies.
« Le président Tshisekedi a impressionné les donateurs internationaux à New York avec une grande maîtrise de la science du climat et du rôle de la forêt vierge africaine (…). Le nouveau gouvernement doit immédiatement annuler toute nouvelle activité industrielle dans la forêt pluviale et mettre fin à l’exploitation forestière illégale qui y est généralisée. Il doit, en outre, reconnaître que la clé de la véritable protection des forêts et du développement national repose sur les communautés forestières et non sur les industries internationales d’exploitation », a déclaré Irène Wabi wa Betoko, directrice principale de la campagne forestière à Greenpeace.
Mais en même temps que cette organisation est séduite par ce discours du chef de l’État, elle appelle également ce dernier à s’engager dans des actions concrètes pour matérialiser toutes ces belles promesses.
En marge de la tenue de ce sommet sur le climat, Moïse Katumbi, président d’Ensemble pour le changement, a dit tout son attachement sur la question de l’environnement. « Le sommet de New York sur le climat est l’occasion d’un sursaut. Ressaisissons-nous, la menace pour l’avenir de nos enfants est réelle. Pensons à notre planète, dépassons nos peurs, changeons nos modes de vie, la RDC est au cœur de cet enjeu. Notre avenir à tous le vaut bien », a-t-il écrit sur son compte tweet.
Les dividendes pour la RDC
En prenant personnellement part à ces assises, le président Félix Tshisekedi veut faire entendre la voix de la RDC, 2ème poumon écologique de la planète après le Brésil avec la forêt amazonienne. Au nombre des attentes de la RDC, le chef de l’État veut que les pays donateurs financent des projets de protection de la riche biodiversité congolaise. Car, estime-t-il, les efforts de la conservation de l’environnement par la RDC méritent une juste compensation par la communauté internationale. De ce fait, le chef de l’État veut que la RDC ait une part importante de cette manne qui résulte de la protection de ses forêts pour le plus grand bien de l’humanité.
De son côté, la Société civile nationale attend que le chef de l’État exige des États pollueurs un dédommagement financier à la taille du rôle que joue la RDC dans la préservation de l’écosystème mondial. Si le Gabon a pu obtenir 150 millions de dollars de réparation, la RDC est en droit d’exiger un peu plus pour continuer à fournir cet effort de conservation de cette forêt. En même temps, elle demande au chef de l’État de ne prendre aucun engagement si les États pollueurs ne prennent aucun engagement sérieux.
À la tribune des Nations unies, les États-Unis, le Brésil, l’Australie ont été les grands absents. Mais la Chine, qui dévore du charbon et émet deux fois plus de gaz à effet de serre que les États-Unis, s’est exprimée par la voix de son chef de la diplomatie, Wang Yi.
Peu avant l’ouverture du sommet, le président français, Emmanuel Macron, a conféré avec ses homologues chilien et colombien sur l’Amazonie ; réunion au cours de laquelle de nouveaux programmes ont été annoncés pour les forêts tropicales, avec un financement d’environ 500 millions de dollars.