L’annonce de la énième mort d’Abou Bakr al-Baghdadi, de son vrai nom Ibrahim Awwad Ibrahim al-Badri, chef du groupe État islamique, fait la une des grands médias et on peut comprendre pourquoi. Pour autant, il s’agit, de mon point de vue, d’un non-évènement. En fait, nous venons d’assister à un spectacle digne des films d’Hollywood. D’ailleurs Donald Trump l’a dit lui-même : « C’était comme regarder un film », a raconté le président américain, relatant comment il avait visionné en temps réel le raid américain depuis la « Situation Room » de la Maison-Blanche. NON M. Trump, c’était un vrai film concocté par les services de communication de l’armée américaine, à la manière de ce qui a été fait avec Oussama Ben Laden.

Qu’il ait été tué ou pas, qu’il se soit donné la mort (comme l’a expliqué Donald Trump) ou pas, une chose est certaine : Abou Bakr al-Baghdadi, comme Oussama Ben Laden et son réseau Al-Qaida en leur temps, n’a jamais représenté une menace réelle pour les intérêts vitaux occidentaux, ou disons américains. Je suis de ceux qui pensent que la montée en puissance de l’État islamique en 2014 répondait à un impératif : déstabiliser la région, tout en servant d’alibi à une ingérence ouverte des États-Unis et de leurs valets canado-européens dans le conflit syrien dans le but de renverser le président Bachar el-Assad. La guerre contre l’État islamique était une véritable arnaque. Sinon comment comprendre que la coalition internationale formée en août 2014 pour anéantir l’État islamique n’ai jamais été capable de venir à bout du groupe terroriste ? On parle d’une coalition composée de 22 pays puissants contre un groupe de quelque 30 mille voyous...









Il a fallu attendre l’entrée en scène de la Russie dans le conflit syrien pour que les choses bougent réellement. Du coup, certains observateurs se sont rapidement aperçus que les USA et leurs alliés n’étaient pas là pour combattre l’État islamique et le Front al-Nostra comme ils prétendaient, mais manœuvraient en sous-main pour renverser Bachar al-assad. L’attaque contre la Syrie a été médiatique (avec les grands médias), intellectuelle (avec l’implication de plusieurs universitaires s’alignant sur les positions de l’OTAN) et militaire.

Les médias et leurs "spécialistes" ainsi que les universitaires occidentaux ne diront jamais que la guerre de Syrie est une guerre agression par djihadistes interposés. L’un des rares qui s’est démarqué sur la question au Canada est le professeur d’Histoire Samir SAUL de l’Université de Montréal. Dans une tribune publiée dans le journal Le Devoir, il a brillamment exposé les enjeux qui sous-tendent le conflit syrien, faisant observer que la coalition occidentale (États-Unis, France, Grande-Bretagne, Arabie saoudite, Turquie, Qatar, Israël) qui affronte la coalition «orientale» (Syrie, Iran, Hezbollah, Russie), a sous-traité ses opérations en utilisant des djihadistes. Samir SAUL écrit : « La nature des forces en présence distingue les deux camps. Tandis que la coalition orientale utilise ses soldats, la coalition occidentale mène une guerre par procuration où, à côté de forces aériennes et d’unités spéciales, les troupes marchantes sont des milices djihadistes multinationales engagées dans une guerre de basse intensité, mêlant opérations militaires, attentats terroristes et sectarisme fanatisé. » Et d’ajouter : « Cette méthode consiste à opérer des conquêtes en employant des supplétifs irréguliers au lieu de son armée officielle. À l’invasion traditionnelle par une armée étrangère est substituée une entreprise de déstabilisation visant à envenimer des problèmes internes, à renverser un régime et à faire passer le pays visé sous le contrôle des forces externes qui l’ont déstabilisé. »

Cette dernière ligne de la tribune du prof SAUL permet de comprendre le rôle dévolu à l’État islamique dans le conflit syrien. Abou Bakr al-Baghdadi n’a été qu’un pion dans le grand jeu des grandes puissances en Syrie. Comme pour l’élimination d’Oussama ben Laden, sa disparition, qui s’apparente à une farce, est non seulement un non évènement, mais en plus elle ne changera pas grand-chose...
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