* Vu des analystes, la présence de la speaker de la Chambre et baronne du PPRD est synonyme du vent nouveau qui souffle sur les relations entre le camp du Raïs Kabila et l’Eglise catholique.La cérémonie de création du 4ème cardinal congolais Mgr Fridolin Ambongo, le samedi 5 octobre au Vatican, est encore l'un de principaux sujets d'actualité en RD Congo. Pendant que les esprits moyens se limitent au factuel, des analystes sérieux eux, s'intéressent à ce que l'œil du commun des mortels congolais n'a pas vu. Il s'agit du message crypté émis par la présence très remarquée de Jeanine Mabunda au Vatican, aux côtés d'autres invités de marque à la solennité du week-end dernier à la Basilique saint Pierre à Rome.
Quand on sait qu'il y a peu, les relations entre l'Eglise catholique romaine de Kinshasa et le Pouvoir incarné par l’ancien Président Kabila étaient très tendues, le déplacement de Jeanine Mabunda pour Vatican ne peut que donner matière à réflexion aux analystes sérieux. Le nouveau cardinal étant issu de l'Espace grand Equateur, d'aucuns pourraient donc considérer que le voyage de Jeanine Mabunda pour Vatican était évident, parce qu'étant également ressortissante de ce même coin du pays. Un raccourci facile. Pourtant.
A plus d'un égard, des observateurs avertis postulent que la présence du speaker de l'Assemblée nationale à la Cité du Vatican, jette désormais un pont entre le Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD) et l'Eglise catholique romaine de Kinshasa. Les partisans de cette thèse s'appuient ainsi sur les faits politiques en RD Congo dont la narration impose un présent historique. Ce passé renseigne qu'il y a encore peu, les rapports entre l'Eglise catholique et le prédécesseur de Félix Tshisekedi n'avaient guère été harmonieux.
UNE VARIANTE D'UN NOUVEAU VENT
Présidente de la chambre des représentants du parlement congolais, Jeanine Mabunda n'est pas un simple membre du Pprd. Bien au contraire. Elle figure parmi les autres sociétaires du parti qui bénéficient de la confiance de Joseph Kabila, à la fois président du Pprd et Autorité morale du Front commun pour le Congo (FCC), plateforme au pouvoir dans la coalition avec Cap pour le Changement (CAP) cher à l'actuel chef de l'Etat Félix Tshilombo Tshisekedi. De ce point de vue, la présence de Jeanine Mabunda samedi dernier au Vatican vaut tout un symbole. C'est donc une colombe messagère de la paix qui s'est posée sur le toit Rd Congo.
S'il y a un temps pour faire la guerre, il en a sans doute un autre pour faire la paix. La cérémonie de création du cardinal Fridolin Ambongo a eu également le mérite de rassembler des acteurs politiques congolais. Malgré les divergences dans les approches de gestion de la cité, tous n'ignorent pas avoir un patrimoine commun à protéger. A savoir la RD Congo comme Nation. Dans la foulée de la consécration du successeur de l'évêque de Kinshasa au plus haut sommet de l'administration de l'Eglise catholique romaine en RD Congo, une variante d'un nouveau vent a soufflé. Plus d'un y a vu une sorte d'esquisse du dialogue entre toutes les strates de la société congolaise et l'Eglise catholique.
Si tout cela aura finalement pour effet la cohésion, la stabilité nationale, qui s'en plaindrait? Qu'on l'aime ou qu'on ne l'aime pas, Joseph Kabila avait déjà posé les bases de cette stabilité que les Congolais ont appelée de tous leurs vœux. L'histoire encore très récente du pays renseigne qu'il avait personnellement recouru à la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO), pour décanter la situation politique d'alors tendue, après le dialogue national de la Cité de l'Union africaine en octobre 2016.
Tout bien considéré, tout se décline comme un nouveau vent qu'incarne cette catholique pratiquante qu'est Jeanine Mabunda. Une démarche à mettre en perspective avec celle du secrétaire permanent du PPRD dont le tweet en rapport avec le sacre de Mgr Ambongo ne souffre d’aucune ambiguîté. Pourvu que les autres acteurs politiques soutiennent cet élan et adhèrent, sans rechigner, à cette vision, gage de la cohésion nationale. Plus qu'un impératif. Grevisse KABREL