C'est officiel. Après le rendez-vous manqué du week-end dernier, Adolphe Muzito prend finalement, la tête de "Lamuka" (réveilles-toi, en Lingala et en swahili) ce lundi 2 décembre. La remise et reprise se fera avec Jean-Pierre Bemba qui a présidé aux destinées de cette plateforme politique pendant les trois derniers mois.
De Muzito qui prend ce jour, le bâton de commandement de "Lamuka" pour les trois prochains mois, on attend deux principales actions. La première à entreprendre, est d'insuffler un nouvel esprit à cette plateforme politique qui, depuis plusieurs semaines, traverse une zone de hautes turbulences qui, aux yeux de nombreux analystes, n'augurent pas de meilleurs lendemains. En d'autres termes, le leader de Nouvel Elan qui est encore actuellement en phase avec le commandant en chef du parti Engagement pour la citoyenneté et le développement (ECiDé), devra lever un vrai défi. Celui de donner âme à "Lamuka" et, assurer le service après vente du plan de sortie de crise inspiré par Martin Fayulu. .
UN CONTEXTE DE DIVERGENCES
Secret de polichinelle. Politiquement, Adolphe Muzito prend la tête de la coordination tournante de "Lamuka" dans un contexte particulier marqué par des divergences entre ses pairs. C'est-à-dire, les quatre principaux leaders de cette plateforme. Commençons par Moïse Katumbi. Ce dernier a plusieurs fois plaidé pour une Opposition qu'il qualifie lui-même de "constructive et exigeante", en acceptant notamment, que "Lamuka" prenne le poste de porte-parole de l'opposition. Tandis que Martin Fayulu, lui, continue inlassablement son combat pour la "vérité des urnes".
En revanche, le MLC Jean-Pierre semble jouer à la chauve-souris, pour ne pas dire qu'il affiche une posture quelque peu plus modérée, par rapport à l'aile radicale incarnée par Martin Fuyulu. Toutefois, des analystes le soupçonnent d'être favorable à la position de Moïse Katumbi, d'autant plus que qui ne dit mot, consent ! Rien d'étonnant. Car, les mêmes observateurs soutiennent que Möise Katumbi et Jean-Pierre Bemba étaient plus préoccupés par leurs équations personnelles.
En ce qui concerne particulièrement l'ancien Gouverneur de l'ex-province du Katanga, d'aucuns pensent que son souci majeur était le recouvrement de son passeport congolais et l'abandon des poursuites judiciaires autrefois engagées contre lui. Aujourd'hui que Moise Katumbi a regagné le bercail, y compris son principal bras droit Salomon Kalonda, en tout cas plus personne le voit encore cheminer aux côtés de Martin Fayulu et Adolphe Muzito qui, visiblement, sont restés seuls au front du combat pour "la vérité des urnes".
Fort de ce qui précède, il ne plus fait l'ombre d'aucun doute que Moïse Katumbi et Martin Fayulu, ne partagent plus une même stratégie politique, bien que se déclarant appartenir à une même plateforme. Si ces dissensions peuvent être profitables à certains membres de "Lamuka" qui ont ourdi leurs propres stratégies politiques à l'aune de l'horizon 2023, il faut cependant, admettre que ces divergences ont gravement contribué à la fragilisation de cette principale coalition de l'opposition.
Si les calculs politiques sont motivés par les prochaines échéances de 2023, ces ambitions, somme toute légitimes, bien que très anticipées, génèrent de la défiance. Voire, une méfiance mutuelle à peine voilée, entre Moïse Katumbi et Martin Fayulu. Le premier ayant vu son horizon politique s'éclaircir, avec le recouvrement de son passeport et l'abandon des poursuites judiciaires jadis engagées contre lui, trouve maladroite, et presqu'anachronique, la battue du leader d'ECIdé pour la "vérité des urnes".
L'EQUATION BEMBA
Se ralliant à Moïse Katumbi, Jean-Pierre Bemba reste jusqu'à preuve du contraire inéligible, après la confirmation de sa condamnation, le mercredi 27 novembre dernier par la Chambre d'Appel de la Cour pénale internationale (CPI), à douze mois de prison et à 300.000 euros. Partant , le leader du MLC est conscient qu'il ne parviendra pas, seul, à faire adopter une révision de la Constitution qui lui permette de briguer à nouveau un mandat. Il n'a donc pas intérêt à s'aligner sur la position maximaliste du tandem Fayulu-Muzito.
On rappelle que les membres de la coalition Lamuka s'étaient réunis pour la dernière fois, le 29 juillet dernier à Lubumbashi, dans la résidence cossue de Moïse Katumbi. Outre l'ex-gouverneur du Katanga, étaient présents Jean-Pierre Bemba, Martin Fayulu et Adolphe Muzito. Déjà à l'époque, leur entente paraissait battre de l'aile. Mais aucune annonce fracassante n'avait suivi la rencontre. Moïse Katumbi, dont le mandat de coordinateur de la coalition de l'opposition s'achevait ce jour-là, avait officiellement passé le relais à Jean-Pierre Bemba. Tous avaient fait mine de surmonter leurs divergences. Ce qui, quatre mois près, semble encore très loin d'être un acquis. Bien au contraire.
Tout bien considéré, la principale plateforme de l'opposition, tiraillée par les ambitions personnelles de ses leaders - Moïse Katumbi, Martin Fayulu, Jean-Pierre Bemba et Adolphe Muzito -a traversé " une zone de fortes tumultes ". Evidemment, sans compter que le camp présidentiel a aussi contribué à l'affaiblir, en recrutant deux de ses cadres. L'opinion se rappelle qu'à la fin de juin, l'ancien chef de guerre Antipas Mbusa Nyamwisi avait quitté "Lamuka" pour, disait-il, participer activement à la lutte contre l'épidémie de maladie à virus Ebola et contre l'insécurité dans la partie orientale du pays. Pas tout. A la mi-juillet, ce fut au tour de l'ex-ministre des Finances Freddy Matungulu de "répondre favorablement à l'appel" de Félix Tshisekedi, qui l'a fait nommerau poste d'administrateur de la Banque africaine de développement (BAD). Grevisse KABREL
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