* Dressant le bilan de cette disposition constitutionnelle trois mois après sa mise en oeuvre, les évêques catholiques suggèrent au Gouvernement de normaliser la paie de tous les enseignants, de généraliser les frais de fonctionnement des écoles, d'accélérer la réhabilitation et la construction des établissements scolaires à travers le pays.
La Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO), par la bouche de son Secrétaire général, l'Abbé Donatien Nshole Babula, se félicite de la mise en œuvre de la mesure de gratuité de l'enseignement de base en RDC. Le SG de la CENCO s'est exprimé, au cours d'un bilan à mi-parcours, dressé hier lundi 16 décembre. Face à la presse, l'abbé N'shole liste les avancées et les défis à relever.
Au nombre des avancées de cette mesure que la CENCO estime " irréversible ", il y a entre autres un " afflux massif d'enfants jadis déscolarisés ou dont les parents furent essoufflés par le paiement des frais de motivation ". Ce n'est pas tout. L'Abbé Nshole note qu'il y a "augmentation des salaires des enseignants des établissements publics, l'augmentation des frais de fonctionnement des écoles primaires, la suppression des frais de motivation à tous les niveaux (maternel, primaire et secondaire), la suppression des autres frais scolaires au niveau primaire ; 649 soit 71,4% des enseignants des écoles conventionnés catholiques sont payés ; 565 écoles conventionnées catholiques soit 70,7% sont mécanisées et budgétisées."
Les prélats catholiques déplorent notamment le sort des enseignants non payés (NP) et nouvelles unités (NU). Ils relèvent de nombreux autres défis qui pourraient empêcher la réussite de cette mesure constitutionnelle salutaire pour de nombreux parents. Selon le secrétaire général de la CENCO, " 22 698 des enseignants ne sont pas payés, 44.138 sont des nouvelles unités non enregistrés et non payés "
LA GRATUITE EST IRREVERSIBLE
S'agissant des écoles, la CENCO fait savoir que 1. 898 écoles ne sont ni mécanisées ni budgétisées, 1. 330 autres sont non agréées mais opérationnelles et 243 sont agréées mais non opérationnelles.
" La gratuité de l'enseignement primaire doit être irréversible. La CENCO est disposée à apporter sa contribution dans la recherche des solutions pour surmonter les principales difficultés qui risquent de compromettre la réussite de cette politique de gratuité ou de contribuer à la baisse du niveau de l'enseignement qui est déjà déplorable, à savoir : le non-paiement des enseignants qui prestent depuis septembre ; l'insuffisance des salaires qui, pour certains, sont sensiblement revus à la baisse", indique le SG de la CENCO.
La gratuite de l'enseignement de base est devenue effective depuis la rentrée scolaire 2019. Mais sur le terrain, beaucoup d'écoles à travers le pays font encore face à des difficultés énormes pour bien fonctionner. C'est pourquoi dans les recommandations, la CENCO appelle le Gouvernement à rémunérer les enseignants non payés en janvier 2020 et identifier les écoles mécanisées et non budgétisées, aussi celles non mécanisées et non budgétisées et procéder au payement de leurs frais de fonctionnement.
2.500.000 enfants à l'âge scolaire ont repris le chemin de l'école grâce à l'application de la gratuité de l'éducation de base, a affirmé le président Félix Tshisekedi le vendredi 13 décembre devant le Parlement réuni en congrès. Didier KEBONGO
CONFERENCE DE PRESSE DU SECRETARIAT GENERAL DE LA CONFERENCE EPISCOPALE NATIONALE DU CONGO (CENCO) SUR LA GRATUITE DE L'ENSEIGNEMENT PRIMAIRE.
1. Le début de l'année scolaire en cours a été marqué par l'application d'une disposition constitutionnelle (art43,4), reprise dans la loi cadre de l'éducation de février 2014, à savoir : la gratuité de l'enseignement de base en République Démocratique du Congo. L'effectivité de cette mesure annoncée par le Chef de l'Etat, Son Excellence Monsieur Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, a été naturellement saluée avec grande joie par les parents d'élèves.
2. Dans leur message du mois de juin 2019, les Evêques membres de la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO), qui déjà en 2004 avaient levé l'option de ne pas imposer aux parents la prise en charge de la paie des enseignants (Cf. Mémorandum des Evêques de la CENCO au Gouvernement de la République en Juin 2004), ont exprimé leur satisfaction à l'annonce de cette décision. En même temps, ils ont prié les autorités compétentes de veiller aux préalables indispensables pour sa bonne application, notamment la garantie d'un salaire digne pour tous les enseignements et la régularisation de la situation salariale des enseignants non payés (NP) et des nouvelles unités (NU).
CONSTATS
3. Trois mois après la rentrée scolaire, la CENCO a organisé sur ce sujet une réunion d'évaluation qui a réuni les coordinateurs diocésains et provinciaux sous l'égide de la Coordination Nationale des Ecoles Conventionnées Catholiques. Des constats faits, nous pouvons signaler :
LES AVANCEES
1) Un afflux massif des enfants jadis déscolarisés ou dont les parents furent essoufflés par le paiement des frais de motivation.
2) L'augmentation des salaires des enseignants des établissements publics.
3) L'augmentation des frais de fonctionnement des écoles primaires.
4) La suppression des frais de motivation à tous les niveaux (maternel, primaire et secondaire).
5) La suppression des autres frais scolaires au niveau primaire.
6) 166.649 soit 71,4% des enseignants des écoles conventionnés catholiques sont payés.
7) 11.565 écoles conventionnées catholiques soit 70,7% sont mécanisées et budgétisées.
LES DEFIS
1) 22.698 soit 9,7%des enseignants ne sont pas payés (NP).
2) 44.138 soit 18,9% des enseignants sont des nouvelles unités non enregistrés, par conséquent non payés (NU).
3) 1.898 soit 11,6% des écoles sont mécanisées mais non budgétisées.
4) 1.317 des écoles soit 8,1% ne sont ni mécanisées ni budgétisées.
5) 1.330 écoles soit 8,1% sont non agrées mais opérationnelles.
6) 243 écoles soit 1, 5% sont agrées mais non opérationnelles.
7) La démotivation des enseignants NP et NU ainsi que tous les agents d'appoint en Provinces (directeurs de discipline, surveillants, sentinelles, secrétaires, ouvriers) qui ne sont pas payés.
8) Grèves passives ou actives des enseignants dont la rémunération est non satisfaisante
9) Difficulté de fonctionnement des écoles non budgétisées par manque des frais de fonctionnement.
10) Effectifs pléthoriques entraînant l'insuffisance des infrastructures.
11) Manque de matériels didactiques et de manuels scolaires particulièrement dans les classes de 7eme et 8eme pour certains cours inscrits au programme.
12) Manque d'équité dans l'octroi des frais de fonctionnement aux écoles et aux bureaux des gestionnaires.
13) L'arrêt de tous les projets entrepris au niveau des écoles notamment ceux de construction des nouvelles infrastructures et d'équipement.
RECOMMANDATIONS
4. La CENCO salue les efforts fournis par le Gouvernement pour appliquer la gratuité de l'enseignement de base et félicite toutes les autorités qui sont impliquées à sa mise en œuvre. Cependant, si les efforts fournis ne sont pas soutenus et que les difficultés relevés ci-dessus ne sont pas pris très au sérieux, ce bel élan pris peut facilement être brisé avec le risque de retourner en arrière.
C'est pourquoi nous recommandons vivement aux dirigeants de :
(1) Exécuter la promesse du Chef de l'Etat de rémunérer les N.P en Janvier 2020 ;
(2) Rassurer les NU qu'ils seront payés avec effet rétroactif pour les motiver,
(3) Identifier les écoles mécanisées et non budgétisées, aussi celles non mécanisées et non budgétisées et procéder au payement de leur frais de fonctionnement ;
(4) Exécuter la promesse du Chef de l'Etat de mettre fin au moratoire de création des écoles, par l'harmonisation de la carte scolaire et la révision des structures des classes ;
(5) Prendre en charge les frais des examens d'Etat afin d'éviter la corruption et d'encourager la rigueur dans ces épreuves, et mettre en place un comité d'organisation indépendant au niveau national et provincial, comprenant tous les partenaires éducatifs ;
(6) Mettre en place un plan de construction et de réhabilitation des écoles.
(7) Assurer l'équipement en bancs et en outils didactiques ;
(8) Procéder à la suppression ou à la fusion des bureaux gestionnaires pléthoriques et budgétivores créés en dehors des normes ;
(9) Procéder à la réforme urgente du service de contrôle de la paie (SECOPE) pour garantir la transparence du fichier du personnel enseignant et la traçabilité des fonds mis à sa disposition ;
(10) Promouvoir efficacement l'éthique par le contrôle et l'application rigoureuse des sanctions administratives et pénales en cas de pratiques de monnayage des actes éducatifs;
(11) Interdire les interventions intempestives de l'ANR, des partis politiques et autres services spéciaux dans les écoles.
5. La gratuité de l'enseignement primaire doit être irréversible. La CENCO est disposée à apporter sa contribution dans la recherche des solutions pour surmonter les principales difficultés qui risquent de compromettre la réussite de cette politique de gratuité ou de contribuer à la baisse du niveau de l'enseignement qui est déjà déplorable, à savoir: le non-paiement des enseignants qui prestent depuis septembre ; l'insuffisance des salaires qui, pour certains, sont sensiblement revus à la baisse.
6. Le prochain Comité Permanent des Evêques membres de la CENCO qui se tiendra en février 2020 se penchera particulièrement sur ces questions qui attendent les réponses concrètes.
Kinshasa, le 15 décembre 2019
Abbé Donatien NSHOLE BABULA
Secrétaire Général de la CENCO
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