Porté à la magistrature suprême au terme de la présidentielle du 30 décembre 2018, Félix Tshisekedi a du mal à imprimer sa marque. Raison, il doit composer avec un partenaire encombrant, le FCC de Joseph Kabila. Or, entre les deux, la sincérité n’a jamais été au rendez-vous. En jouant le jeu de Kabila, comme c’est le cas, Félix Tshisekedi pourrait bien s’éloigner du peuple qui l’a porté au pouvoir. A tout prendre, c’est son avenir politique qui est en jeu. En restant trop longtemps dans l’ombre de Kabila, Félix Tshisekedi creuse sa propre tombe politique. Ce que souhaite d’ailleurs le FCC qui ne voudrait jamais le voir réussir son mandat.

Le Potentiel

Félix Tshisekedi est le président de la République démocratique du Congo depuis le 24 janvier 2019, date de la passation de pouvoir avec son prédécesseur, Joseph Kabila. Gagnant de la présidentielle du 30 décembre 2018, le chef de l’Etat a été obligé entre-temps de composer avec le FCC de Joseph Kabila, majoritaire dans les deux Chambres du Parlement.

Perdant à la présidentielle, le FCC est parvenu à rebondir, condamnant le chef de l’Etat à une coalition inédite dans l’histoire politique récente de la RDC. Majoritaire à l’Assemblée nationale, le FCC s’est taillé la part du lion dans la formation du gouvernement, à côté de CACH du chef de l’Etat Félix Tshisekedi. Pour le président de la République, il n’y a pas d’autre issue. Désormais, partenaire dans la coalition gouvernementale, le FCC est donc revenu au-devant de la scène politique.

L’échec à la présidentielle de décembre 2018 appartient au passé. Comme deux frères siamois, Félix Tshisekedi et Joseph Kabila apprennent depuis lors à se connaître. Les premiers pas de l’alternance ont été ardus. L’on se rappelle encore de ces rounds interminables de négociations pour la nomination d’un Premier ministre. Ce n’est qu’en mai dernier que les deux parties se sont mises d’accord autour de la personne de Sylvestre Ilunga Ilunkamba. Quant à la formation du gouvernement, c’est quatre mois plus tard qu’est sortie la fumée blanche. Depuis lors, tout semble évoluer en dents de scie.

L’accalmie de ces derniers jours n’est qu’apparente. Au sein de la coalition FCC –CACH, des tensions sont encore latentes. Chacun s’observe, en attendant le moment propice pour asséner le coup fatal.

Le FCC en embuscade

Perdant à la présidentielle, le FCC n’a jamais digéré la mise à l’écart de son autorité morale, Joseph Kabila, à la tête de l’Etat. Désormais, le FCC ne nourrit qu’un rêve, c’est-à-dire le retour aux affaires de son mentor. Dans ces conditions, le FCC ne peut jamais travailler pour la réussite de Félix Tshisekedi. S’il ne l’étale pas au grand jour, son état-major se mobilise à cette fin.

Qu’en est-il au juste du règne de Félix Tshisekedi ? Pour l’instant, le chef de l’Etat se complait d’une situation qui s’est imposée à lui en vertu des résultats des élections du 30 décembre 2018. De ce point de vue, il n’a pas de choix. Toutefois, d’aucuns sont d’avis qu’il ne devrait pas non plus traiter avec le FCC tête baissée. Ce dilemme lui collera à la peau jusqu’à la fin de son mandat. Gérer le FCC de Joseph Kabila ne sera pas une tâche aisée. C’est un exercice politique à haut risque qui exige un travail d’équilibrage à tout point de vue. Ce que tente depuis le 24 janvier 2019 le président Félix Tshisekedi. Il y a cependant un revers.

Dans l’opinion publique, le deal Tshisekedi – Kabila commence à agacer. Le changement tant rêvé se fait toujours attendre. Partout ailleurs, le peuple est sur le point de perdre sa patience. Tous les regards sont logiquement braqués vers Félix Tshisekedi. Le chef de l’Etat, présenté comme l’incarnation du changement, perd chaque jour cette stature. Pour cause, il y a cette omniprésence de Joseph Kabila, via son FCC, dans la gestion de l’Etat. Pour Félix Tshisekedi, le risque est grand. Soit il s’éloigne du peuple qui croit en lui – bien qu’en chute d’opinions favorables, soit il se laisse guider aveuglément par Kabila, jusqu’à sa chute.

En 2020, Félix Tshisekedi a promis d’inverser la tendance. Il a certainement compris le message que lui envoie chaque jour la population qui ne manque pas à chacune de ses apparitions publiques de lui rappeler son slogan : « Le peuple d’abord ».

Longtemps hésitant, Félix Tshisekedi promet de passer à l’action dès 2020. Il a pris le temps d’observer son partenaire. Sans doute, il a réussi à comprendre ses motivations. Saura-t-il à partir de l’année prochaine à peser de tout son poids dans les choix à opérer dorénavant pour ne pas s’éloigner de son peuple ?

La question est ouverte. On attend de voir Félix Tshisekedi revêtir sa stature de chef de l’Etat et de garant de la nation et des institutions de la République. Bref, on l’attend à l’œuvre. Sinon, au bout du compte, c’est le FCC qui en sortira la tête haute après l’avoir entraîné dans le précipice, signant de ce fait sa mort politique.
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