Le renouvellement jeudi 19 décembre 2019 à New-York, du mandat de la Mission onusienne en RDC sur fond des contestations dans les régions insécurisées de l’Est, aura coïncidé avec la sortie d’une note de l’Église catholique du diocèse de Butembo-Beni, dénommée » Plaidoyer urgent sur la situation socio-sécuritaire à Beni ».

A travers sa commission diocésaine Justice et Paix, (CDJP), l’église romaine qui dit être témoin des atrocités imposées aux populations locales, a donné sa version des faits face à la résurgence des massacres, à la suite des opérations d’envergure lancées par l’armée dans la région. A ce sujet, elle dit être informée d’un plan de balkanisation qui vise à installer une population allochtone dans la partie orientale du pays au détriment des originaires.

Préoccupée par ces faits tragiques qui perdurent malgré la présence au pays de la mission la plus importante de l’ONU, cette composante de église catholique soulève une série de questions liées non seulement au rôle que joue les casques bleus au pays mais bien plus, du fondement de son mandat en RDC. Elle appuie sa thèse par les violentes manifestations qui ont récemment éclaté au Nord-Kivu à la suite d’une vague des tueries à Beni. Et pour elle, cette frustration, cette méfiance ainsi que ce mécontentement de la population à l’égard de la Monusco ne doivent pas être perçus comme des faits bénins.

Par un texte bien lucide, la commission Justice et Paix du diocèse de Butembo-Beni soupçonne également l’ONU en RDC de jouer un certain rôle dans ce qui se passe à l’Est, de par son inaction sur le terrain.

« Le fait qu’aucun auteur des crimes commis en RDC ne soit déféré à la CPI sur demande expresse de la Monusco pour jugement, est perçu par la population comme une marque de sa complicité dans les massacres perpétrés à l’Est du pays. La Monusco a brillé par une passivité suspecte qui n’exclut pas la complicité au plus haut niveau de ses animateurs », estime-t-elle.

Un autre argument avancé par la CDJP porte sur le fait pour Leilla Zerrougui, représentante du secrétaire général de l’ONU en RDC, d’avoir envisagé la possibilité de négocier avec le tuer de Beni. Elle pense que la Monusco détient l’identité de l’ennemi qu’elle laisse opérer au sacrifice des victimes.

« Leilla Zerrougui avait ouvertement déclaré qu’il fallait trouver une solution négociée à la question des massacres de Beni. Lorsque la population lui a manifesté son intérêt sur ce point de vue, non parce qu’elle voulait bien négocier avec les responsables des massacres mais parce qu’elle voulait connaître son identité, celle-ci n’a plus jamais parlé de la question. Ceci signifie que la Monusco les connait mais sacrifierait la population pour des raisons qu’elle connait », ajoute-t-elle.

Le Rwanda et les affairistes dans l’armée, également sur le banc des accusés

Le plan de balkanisation de l’Est que dénonce la commission Justice et Paix du diocèse de Butembo-Beni passe par certains officiers des forces armées à la solde de l’envahisseur. Et le Rwanda est principalement accusé d’être à la manœuvre.

La commission Justice et Paix croit que cette infiltration au sein de l’armée a rendu difficiles les opérations, au point que l’ennemi se joue de l’assaut des FARDC qui tombent souvent dans des embuscades leur tendues. Elle demande ainsi à la justice congolaise ainsi qu’à la CPI de se servir de rapports citant nommément certaines autorités militaires dans l’affairisme afin de les mettre à la disposition des juridictions compétentes.

« Dans le rang des militaires loyalistes, se trouvent des officiers qui travaillent pour le compte de l’ennemi. Nous pensons que le grand groupe des auteurs des massacres se cacheraient dans l’armée congolaise. Ce seraient précisément des éléments de la RDF (armée rwandaise) infiltrée dans l’armée pour exécuter le plan d’installation des Hutus chassés de la Tanzanie, dans une bonne partie du Nord-Kivu. Ils sont aidés et facilités par certains officiers congolais soudoyés par le gouvernement rwandais ainsi que quelques politiciens d’origine rwandaise soudoyés par le Rwanda. D’autres seraient de vulgaires mercenaires recrutés en Ouganda, au Rwanda, au Burundi, etc. et même localement. D’autres officiers sont dans la vente des matières premières congolaises extraites depuis l’Est », explique-t-elle.

Charles M. Bin Kisatiro, correspondant à Beni
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