Kinshasa enregistre encore une pluie de réactions après la sortie offensive du président Félix Tshisekedi à Londres tablant sur la possibilité de dissolution de l’Assemblée nationale, si la majorité l’empêchait d’exécuter son programme de relance socioéconomique du pays. Contrairement à l’intervention de Henri-Thomas Lokondo, un des gros bras de l’Assemblée nationale, qui était pédagogique, dissuasive et non menaçante, Jeanine Mabunda, membre du FCC-PPRD et présidente de l’Assemblée nationale, a évoqué « la ratio legis » de l’article 148 de la Constitution pour énumérer les cas précis et les conditionnalités de la dissolution de la Chambre basse du Parlement. Elle a brandi la menace de l’exposition au cas de haute trahison pour quiconque méconnaitrait la loi fondamentale. La position de Jeanine Mabunda n’est pas appréciée par le président du CNSA. Joseph Olenghankoy conçoit très mal que les acteurs institutionnels s’évertuent à porter des critiques aux propos du chef de l’Etat. Il les appelle tous au devoir de réserve.

Pitshou Mulumba

La présidente de l’Assemblée nationale, Jeanine Mabunda, a organisé hier mardi 21 janvier à Sultani hôtel, à Kinshasa, une cérémonie d’échange des vœux avec la presse nationale et internationale, constituée en grande partie des journalistes qui couvrent les activités de la Chambre basse du Parlement en RDC.La cérémonie a permis à la speaker de l’Assemblée nationale de réagir aux récentes déclarations du chef de l’État depuis Londres, devant la diaspora rd-congolaise, surtout celles ayant trait à la possible de dissolution du Parlement, au cas où la majorité l’empêchait d’exécuter son programme de relance socioéconomique du pays.

En des termes clairs, à la menace de dissolution de l’Assemblée nationale, la présidente de cette institution, Jeanine Mabunda, a opposé au président de la République la menace de destitution dans l’éventualité de la violation intentionnelle de la Constitution. Elle a, du coup, rappelé le dernier échange qu’elle a eu en compagnie de son collègue du Sénat avec le président de la République.

« Le lundi 13 janvier, nous avons eu, comme le veulent les pratiques institutionnelles en RDC, un long entretien de 2h30 avec le président de la République… Et nous avons fait un tour d’horizon complet des sujets qui sont les points d’alerte, sur les sujets qui peuvent mettre les citoyens congolais mal à l’aise, sur les sujets qui peuvent diviser ou ne peuvent pas faciliter la cohésion nationale. Aussi bien la dissolution que les sujets sur les provinces, l’évaluation de certains textes de lois que les réformes institutionnelles. Ce fut un entretien vérité… S’agissant donc de ce sujet sur la dissolution, mon collègue du Sénat et moi-même, lui avons rappelé « la ratio legis » de l’article 148 de la Constitution. Il ne faut pas jeter les articles de la Constitution en pâture en des incompréhensions ou de malentendus. L’article 148 parle bien de la dissolution de l’Assemblée nationale, mais dans les cas précis. Il y a des conditionnalités. Il faut qu’il y ait une crise persistante entre le gouvernement et la Chambre basse du Parlement, ce qui, pour l’heure, n’est pas le cas… Par ailleurs, selon les prescrits de cet article, le président de la République est invité, dans le cas de cette crise, à consulter le Premier ministre, les présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat. Faute de quoi, on serait dans une violation des textes et la violation des textes est régie par l’article 165 de la Constitution qui dit que toute personne qui méconnait notre loi fondamentale peut être exposée au cas de haute trahison pour violation intentionnelle de la Constitution. Je ne cite que des articles, mais je ne prends pas position », a-t-elle nuancé par ailleurs.

Pour elle, ce débat actuellement est « indécent ». « Ou, c’est un débat accessoire et mineur par rapport à la douleur sociale que vivent nos frères et sœurs. Nos querelles politiques internes, intestines, stériles, elles doivent s’effacer devant l’essentiel. L’essentiel pour moi, c’est que nos frères et soeurs ont mal par rapport à Beni, par rapport au danger de balkanisation du Congo, par rapport à l’incertitude, la violence, la faim, l’insécurité dans laquelle vivent non seulement les civils à Beni, mais aussi notre armée qui fait un travail extraordinaire. Et cette armée ne fait pas ce travail extraordinaire que depuis maintenant. Ça fait 18 ans que nous avons le plus gros de nos troupes installées dans le Nord du Congo, ici particulièrement à Beni… », a-t-elle indiqué.

S’agissant de l’avenir de la coalition CACH-FCC, la présidente de l’Assemblée nationale s’est montrée optimiste. Elle s’est exprimée en ces termes : « Il est important de dire que tout partenariat politique est un exercice délicat et difficile. Ça peut ressembler à un mariage, et dans un mariage, il y a des hauts, il y a des bas. La coalition est régie par un accord où chacun des partenaires a un espace de mouvement, d’actions, d’interactions avec l’autre partenaire, et que cet accord sous-tend l’évolution institutionnelle que nous observons à différents degrés au sein de la République. Je peux affirmer, en ma qualité de président de l’Assemblée nationale, qu’on ne peut pas désespérer sur ce qui a déjà été fait dans le cadre de cette coalition… ».

« Rien de trop dans les propos de Tshisekedi », estime Olenghankoy

D’une réaction à une autre, le président du Conseil national de suivi de l’accord et du processus électoral a brisé son silence. Joseph Olenghankoy s’est adressé, hier même à l’élite politique pour que chacun cerne et mesure ce qui est essentiel pour l’intérêt du pays.

Ainsi, Joseph Olenghankoy conçoit très mal les critiques portées contre les propos du chef de l’Etat, du reste, garant de l’unité nationale.

« Je crois que de nous tous, il n’y a personne qui a déjà assumé les fonctions de chef de l’Etat pour corriger un chef de l’Etat en exercice, hormis l’ancien président Joseph Kabila. Et nous avons la chance d’avoir un ancien président qui est encore en vie, et qui est consulté habituellement par l’actuel président de la République », a-t-il déclaré.

Qu’est-ce qui a été de trop et qui n’a jamais été entendu dans les déclarations du chef de l’Etat à Londres ? Joseph Olenghankoy qui se pose la question trouve à lui-même la réponse : « Tout le monde devient juriste pour interpréter la pensée du chef de l’Etat. Et que fera la Cour constitutionnelle ? Les gens qui sont dans les institutions ne doivent pas ignorer qu’ils sont tenus au devoir de réserve pour critiquer celui qui exerce les plus hautes fonctions de l’Etat. C’est cela aussi l’éthique. C’est inimaginable que des députés provinciaux, députés nationaux et même certains animateurs des institutions se lancent, sans réserve, dans des critiques sur l’adresse du chef de l’Etat. C’est inimaginable ! »

Et de poursuivre : « Nous devons privilégier la paix dans ce pays. Si personne ne sait plus mesurer ce qu’il doit dire et savoir à qui il s’adresse, nous serons dans la jungle ! Et ce n’est pas le souhait ».

Concernant l’affaire de la population Banyamulenge, Joseph Olenghankoy s’étonne que la position claire du chef de l’Etat suscite encore des malentendus. « Le chef de l’Etat a été clair en démontrant que la plus grande richesse du pays, c’est notre diversité culturelle et ethnique. De nos frontières communes avec nos voisins, nous avons les mêmes peuples de part et d’autre. Et chaque peuple a tiré son origine de quelque part. Et quand le président de la République démontre ça, où est le mal ? », s’est-il interrogé en fin d’adresse.

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