Le couperet est tombé hier. Le Président de la République, Félix Tshisekedi, prenant la mesure de l’ampleur de l’expansion du Coronavirus, suspend toute une série d’activités sur l’ensemble du territoire national. Les écoles, universités, bars, terrasses, églises… sont appelés à la stricte observance des mesures sécuritaires, telles que préconisées par les autorités sanitaires du pays sous l’œil vigilant de l’OMS. En ce qui concerne les deuils, par exemple, il en appelle au changement de mode. Désormais, il est question de lever les corps et de les acheminer directement vers les lieux d’inhumation, comme cela se fait déjà, depuis longtemps, à Lubumbashi.

Difficile virage

Depuis l’annonce officielle du premier cas de coronavirus à Kinshasa le 10 mars 2020, l’opinion nationale est abondamment sensibilisée sur les mesures de précaution à adopter, dont le lavage systématique des mains, veiller à la distanciation dans les contacts sociaux, consulter en cas de toux doublée d’un écoulement nasal, de fièvre et de maux de gorge et enfin, accepter de bonne grâce l’isolement éventuel sur recommandation des autorités sanitaires. Si la population se conforme progressivement aux appels largement relayées dans les médias, est-elle prête à accepter un confinement intégral tel que vécu dans les pays les plus touchés ? Le confinement éventuel est une bombe à retardement, capable de rééditer les remous socio-économiques du début des années 90 dont les stigmates restent encore perceptibles.










Il faut mettre à l’actif du gouvernement l’effort engagé dans la lutte contre la propagation de la pandémie du coronavirus à laquelle la RDC n’échappe pas, ayant déjà enregistré quatre cas à la date du 17 mars. Et rien ne laisse présager à court terme son ralentissement à défaut de son éradication, en raison de sa dimension planétaire d’une part, et des interactions bien obligées entre Etats, vitales pour entretenir une respiration économique en berne, d’autre part.

Cependant, en dépit de la bonne foi indéniable du ministre de la Santé omniprésent dans les médias, le gouvernement n’a pas communiqué à ce stade la hauteur du budget dédié à la lutte contre le coronavirus. Tout comme le nombre de lits prévus dans les centres d’isolement n’est pas communiqué.

Plus grave, la communication du gouvernement semble indiquer que le reste du pays ne risque pas d’être impacté, la menace restant circonscrite à Kinshasa et dans une moindre mesure, dans une poignée de grandes villes. Les provinces, dans leur majorité, déjà dépourvues de ressources pour leur fonctionnement, vivent dans une légitime inquiétude.

Fixer un budget conséquent

La gestion responsable de la crise sanitaire actuelle suppose un apport affirmé des moyens financiers, en lieu et place d’interventions ponctuelles fortement médiatisées. Or, les observateurs de la finance nationale tirent la sonnette d’alarme :

Le ministère des Finances a publié les chiffres des flux de la trésorerie de février 2020, qui indiquent un déficit de plus de 100 millions de dollars. Les recettes sont de 260 millions de dollars, et les dépenses se sont élevées à 360 millions. La croissance marque un recul à 4,6% en 2019 contre 5,8% en 2018. Par ailleurs, les réserves en devise trouvées à plus de 1,2 milliards de dollars en 2019 sont tombées à moins de 800 millions. Selon Hubert Kabasu Babu, ‘’même le fore casting de la trésorerie de USD 5 milliards devra être révisé en-deca de 4 milliards. On peut y épingler l’augmentation des arriérés des assemblées provinciales, le retard dans le paiement des soldes des militaires et la rémunération des fonctionnaires (…) et le déficit en réponse aux besoins sociaux’’.

Une situation explosive que viennent renforcer des chiffres tous plus alarmants les uns que les autres. Ainsi, la remise à l’ordre du jour de la pension annuelle pour des ex-présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat (au total 5 personnes) se chiffrant à 400.000 dollars annuels, ainsi que la divulgation des dépenses de la présidence de la République passées de USD 35 millions en 2019 à 67 millions pour les seuls deux premiers mois de 2020.

Comme on peut le constater, une gestion opaque de la pandémie du coronavirus en RDC sous le prétexte de la modicité des ressources passera difficilement. Pire, elle ramènera le pays aux mêmes conditions à la base des pillages de septembre 1991. Le confinement risque de servir de détonateur à la bombe sociale que sont les masses miséreuses et démunies, premières victimes des inégalités sociales trop prononcées.
La Pros.
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