Crée le 2 mai 1992 par arrêté ministériel, la réserve de Faune à Okapis de Epulu, site du Patrimoine Mondial de l’UNESCO, a célébré dans les larmes son 28è anniversaire et lève un cri d’alarme. Epulu et les quatre autres patrimoines congolais de l’humanité se meurent entre les mains des politiciens, des chefs coutumiers et dignitaires, des prédateurs, des exploitants, des fanatiques et des braconniers.

L’okapi, un animal entre le zèbre et la girafe, vit exclusivement en Ituri, à l’Est de la RD Congo. Espèce protégée depuis 1993, cet animal figure sur la liste rouge des espèces menacées de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN). Malheureusement, vu que le pays est mal géré et se trouve à la merci de prédateurs, l’habitat des Okapis est de plus en plus restreint. L’animal est de fait attaqué à l’intérieur même de la petite réserve qui lui a été accordée à Epulu.

La population d’okapis est souvent estimée entre 10.000 et 35.000 individus. Mais, avec le braconnage, l’insouciance politique et l’exploitation minière destructrice, la tendance de leur conservation et de leur reproduction est en sensible baisse. Par conséquent, la politique de l’insouciance du pays provoque la disparition progressive de cette espèce.

En effet, cette réserve subit une haute pression de braconnage et d’exploitation minière. Et ce sont les enfants même du milieu qui en sont auteurs, soit par initiative propre soit par manipulations politiciennes. A l’occasion de la célébration de ses 28 ans d’existence, nous nous sentons dans l’obligation d’alerter la communauté nationale et internationale, en présentant ici le bilan de la catastrophe, qui, d’une manière ou d’une autre concerne aussi les quatre autres patrimoines de l’humanité dont regorge la RD Congo, et dont nous parleront également dans le cadre de cette sonnette d’alarme.








A. Des facteurs de la destruction des aires protégés de la RD Congo
Il y a plusieurs facteurs d’influence négative à la base de cette catastrophe qui a longtemps attendue pour être dénoncée. Nous présentons ici trois d’entre eux.

1. De la manipulation politicienne
Autour des patrimoines naturels de l’humanité il y a un grand jeu de manipulations politiciennes.

a) Manipulation des groupes armés
Par exemple, la réserve d’Epulu a été victime de la manipulation politicienne de Mr Joseph Kabila, à travers ses acolytes de Morgan, qui a fini sa course vitale –comme d’habitude‑ entre les mains de ses propres parrains sanguinaires. En effet, son groupe, lorsqu’il a occupé pendant plusieurs jours cet espace protégé, a tué 15 Okapis de cette réserve le Dimanche le 24 juin 2012.

Signalons que Mr Morgan a été un exécutant de la mission de Mr Joseph Kabila via ses officiers militaires, notamment le Général Fall Sikabwa.

b) De l’exploitation des minerais et du bois dans la réserve
Alors qu’il est strictement interdit par la loi congolaise de réaliser des exploitations des minerais et du bois dans des zones réservées, des soi-disant notables et honorables députés nationaux et provinciaux, ainsi que d’autres notables et chefs coutumiers de la zone, se sont dévoués à l’œuvre suicidaire de la destruction d’une ressource aussi importante qu’est la Réserve de Epulu. Et la même triste expérience est vécue autour des autres patrimoines naturels de l’humanité.

2. Du braconnage
La réserve d’Epulu et les autres patrimoines congolais de l’humanité subissent une forte pression du braconnage, favorisée entre autre par le manque de volonté politique, l’insécurité entretenue et la complicité malsaine des fils de la zone. Il n’y a pas de fonds pour constituer une logistique nécessaire pour la protection de ces espaces de grande valeur humanitaire. Et l’effort et le courage des écogardes ne suffisent pas à éradiquer le mal.

3. De l’insouciance politique
Il s’agit du facteur le plus déterminant et c’est plus ou moins généralisé pour le cas de la RD Congo. Alors que d’autres pays de la région se préoccupent sensiblement de la protection des zones touristiques, notre pays non seulement ne fait rien pour protéger ces espaces importants, mais en plus il favorise, à travers la léthargie, l’insécurisation, le fanatisme et l’impunité, un environnement essentiellement défavorable à la conservation de ces espaces et de la faune exceptionnelles dont regorge la nature du pays. Dieu a donné des belles culottes à des personnes acéphalées et sans fesses. La conséquence est inévitablement lamentable. Une république d’irresponsables, gérée par des inconscients et des vautours.

B. Etat de lieux des patrimoines congolais de l’humanité menacés
La RDC est le seul pays du monde à avoir quatre Parcs Nationaux et une Réserve de Faune reconnus comme patrimoines de l’humanité, enregistrés sur la liste de l’UNESCO. C’est en fait en reconnaissance de leurs valeurs universelles (faune, flore spécifique et endémique, etc.). Malheureusement, le Congo est en même temps l’unique pays du monde où une telle richesse extraordinaire est exposée à toute sorte de menaces, de l’intérieur comme de l’extérieur du pays. Ce qui est vécu à Epulu est en fait miroir de la réalité autour des patrimoines congolais de l’humanité. La désolation est totale.

1. Parc National des Virunga
Créé en 1925 pour la protection des Gorilles de Montagnes, et aussi pour la protection du Mont Ruwenzori (6019m), ce parc se trouve depuis des années sous la pression des groupes armées, des pêcheurs illicites au lac Edouard, des agriculteurs illégaux et même l’élevage de bétail, de l’exploitation du sous-sol, etc.

La menace la plus forte est celle des groupes armés, entretenus principalement par le pouvoir de Kinshasa (Joseph Kabila) et celui de Kigali (Paul Kagame). Par lui seul, il vient de perdre autour de 200 Ecogardes, dans les 15 dernières années, les 13 derniers ayant perdu leur vie (avec 4 civiles) le vendredi 24 avril dernier, à Rumangabu, tués par des militaires rwandais infiltrés dans les FARDC à l’Est du pays. Parmi les groupes armés qui se cachent dans les zones protégées des Virunga, on peut citer les FDLR (souvent à la solde de Kagame et de Kabila), les MAI-MAI, les égorgeurs de Kagame-Kabila en territoires de Beni et Lubero, etc.

Il convient de signaler également ici que certains députés et notables de cette juridiction ne jouent pas un rôle positif en cette matière. Tout en imposant qu’on le considère comme des législateurs, ils encouragent les activités de braconnage, des cultures et pêche dans cette aire protégée. Cela n’est propre qu’au Congo.

2. Parc National de Kahuzi Biega
Le PN de Kahuzi Biega est de grande valeur, compte tenu de sa biodiversité. Ce Site du patrimoine mondial de l’UNESCO, crée vers les années 1970 pour la protection des Gorilles de plaine, demeure cependant le refuge du peuple autochtone (pygmées) sous la manipulation et l’instrumentalisation de la Société Civile, de quelques ONG ainsi que des politiciens en perte de sens politique. En fait, souvent manipulés par ces criminels en cravates, les pygmées s’y re-installent. Il y en a même d’autres fils de la zone qui y ont créé des fermes. Alors que normalement, les deux Collines de Kauzi et Biega forment deux écosystèmes réservés pour héberger les éléphants, les gorilles et autres espèces fauniques. Mais souvent, cette zone est en même temps attaquée par des Mai-Mai de Raiya Mutomboki, et plusieurs autres groupes armés.

3. Parc National de la Salonga
Plus étendu que la Belgique, ce PN héberge le paon Congolais, le bonobo et les éléphants de forêt. Mais, il est sous la pression d’un braconnage de grande envergure. En outre, des politiciens y jouent un rôle très négatif. Pour ne citer qu’un cas concret, le chef de Secteur de Anga a été menacé de mort par des autochtones poussés par des politiciens du territoire de Dekese, car ils trouvent que leurs intérêts ne sont pas protégés par l’ICCN de ce parc.

4. Réserve de Faune à Okapis
Créé il y a 28 ans pour la protection des Okapis, mais aussi du peuple autochtone, les “Mbuti”. Malgré l’effort de l’ICCN et ses partenaires techniques, cette réserve est exposée à la disparition. Le braconnage des éléphants, des okapis et des autres grands mammifères bat son record. D’autre part, il faut signaler aussi l’exploitation des bois et des matières précieuses.

Epulu est un merveilleux site, avec un personnel courageux et consciencieux (C’est le cas pour la majorité des patrimoines congolais de l’humanité ainsi que les sites touristiques du Congo). Mais il y a un sabotage de haut niveau orchestré par les dignitaires du milieu. Nous citons spécialement le député national Emmanuel LEKU APUOBO et son frère Tsamunyonge APUOBO, administrateur adjoint du territoire de Mambasa. Le soi-disant honorable Emmanuel LEKU, supposé connaître mieux la loi et comprendre qu’il doit plutôt s’investir dans la protection des aires protégées au lieu de contribuer à leur destruction, c’est bien lui qui active sa population de Walese Karo en l’impulsant vers une exploitation minière illégale en zone réservée. Il a ouvert deux sites d’exploitation (Communauté Badisele) : la carrière de Bapela, à Bandisende, à 40 Kms de la ville de Mombasa, une autre à 38 Kms, à Mandombe, sa chefferie d’origine, vers la route Nduye (lui-même est chef coutumier). Pour ces activités, il a même ouvert un comptoir d’or, géré par son épouse Philomène, acheteuse des minerais d’Epulu.

A l’ouest de la réserve, Alimasi Tambanakumange Toto, ex député national, avec son grand frère chef de chefferie de Bandaka Debogy Alimasi, détruisent l’écosystème par l’exploitation du Bois, et orpaillage dans les carrières Zua idée, Andumu, etc. A Bandengaido, Kayumba BUGUMBA, son fils, gère toutes les carrières minières en pleine réserve de Faune.

5. Parc National de la Garamba:
Créé à 1938 pour la protection des Rhinocéros blanc du nord, les girafes du Nord, etc., ce patrimoine n’échappe pas à la catastrophe. De fait, il est sous la menace des LRA (rebelle Ougandais), des Mbororo, des Udas à la recherche des ivoires, etc. Ainsi, si en 1976, ce parc comptait 20.000 éléphants, aujourd’hui il n’en resterait que quelques 1200 seulement. Signalons qu’en outre, des activités non compatibles à la conservation sont développées par les chefs de Chefferie de Wando et Logo Ogambi, mais aussi en complicité avec certains services spécialisés.

Par exemple, de novembre 2019 à février 2020, un climat malsain s’était installé entre le personnel du parc et les communautés locales sous l’impulsion des Sociétés civiles de Faradje, Dungu, Watsa et Niangara. Après analyse on a alors compris que derrière il y avait des politiciens de la place qui voulaient attiser le feu, pour leurs intérêts égoïstes. Heureusement que le Gouverneur de la Province de Haut-Uele, que nous encourageons en passant, a pris l’initiative de réunir, en mars dernier, les trois parties en jeu pour en parler face à face. Avec ce dialogue entre l’ICCN et la Société Civile et les dignitaires, la paix est plus ou moins revenue.

C. Recommandations
Que les responsables de l’ICCN établisse un rapport complet de la situation de nos parcs et réserves naturelles, plus spécialement des patrimoines congolais de l’humanité, afin de le faire connaître à l’opinion publique nationale et internationale, pour que cette catastrophe soit connue de tous, par exemple, à partir de leur site internet ;
Que la communauté internationale, dans le cadre de la protection de l’environnement et des patrimoines humanitaires interpelle officiellement la RD Congo en la rappelant à ses responsabilités vis-à-vis de la nation et de l’humanité entière.
Que le gouvernement prenne ses responsabilités, en toutes ses conséquences, pour sauver ou normaliser la situation autour des patrimoines congolais de l’humanité ainsi qu’autour des zones touristiques du pays.
A tous les niveaux de l’enseignement et de la formation citoyenne, introduire (ou reformer) des formations à la protection de l’environnement (écologie), afin de former tous les citoyens congolais à la sensibilité écologique et touristique. Il s’agit de créer toute une culture écologique et touristique. Et toutes les écoles et tous les medias devraient être mis en profit pour cette cause noble.
5. Il est grand temps d’évaluer et de mener urgemment des enquêtes nécessaires (ou alors indépendantes) pour traquer les coupables du crime de la destruction et aliénation des patrimoines de l’humanité ainsi que des zones touristiques de la RD Congo et les soumettre à une procédure judiciaire, afin qu’ils répondent sans complaisance.



Kasongo Humbo

Mambasa

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