Les choses bougent à Kinshasa. Lors du conseil des ministres tenu le vendredi 04 septembre, le président Tshisekedi a informé les membres de son gouvernement que les résultats préliminaires de l’examen des exonérations fiscales, non fiscales et douanières réalisé par l’Inspection générale des finances (IGF) révèlent que de nombreuses exonérations et allégements fiscaux ont été octroyés en violation de la loi.
Le président congolais a enjoint le ministre des Finances d’annuler sans délai ces exonérations. En ligne de mire, plusieurs sociétés appartenant à Joseph Kabila et à ses proches. Depuis plusieurs jours, EGAL, la plus grande société d’importations de vivres frais du pays a vu ses containers bloqués à Matadi. L’Etat congolais a sommé l’entreprise d’apurer ses impôts dû de 2013 à ce jour. Cette entreprise est gérée par le tout-puissant président de la Fédération des Entreprises du Congo, Albert Yuma. L’homme, qui cumule depuis plusieurs années les fonctions de Président du Conseil d’Administration de la GECAMINES et qui siège au sein du Conseil d’Administration de la Banque Centrale du Congo, devrait au Trésor congolais un montant de plus de 800 millions de dollars. Cette somme représente à elle seule le niveau des réserves de change de la RDC, à savoir trois semaines d’importations.
Sur instruction du pouvoir de Kinshasa, décision a donc été prise de bloquer les containers de EGAL en cours d’acheminement dans les ports de Boma et de Matadi.
Oeil pour œil, dent pour dent.
Face à cette situation vécue comme une véritable déclaration de guerre, le clan Kabila a décidé de battre le rappel de ses troupes. Ce samedi 5 septembre, Albert Yuma a été le tout premier convoqué à GLM, l’ancienne résidence officielle du Président de la République dont Joseph Kabila a fait l’acquisition quelques semaines avant de quitter le pouvoir. Tout un symbole. L’ancien Président considère que son successeur a franchi les bornes. En réponse à la décision de bloquer ses entreprises, l’ancien président a décidé de réagir sur le plan politique. Et cela ne s’est pas fait attendre.

Ce dimanche 6 septembre, à 11 heures du matin, c’était au tour de Corneille Nangaa de débouler dans la résidence de l’ancien président. Alors qu’on le croyait sur la voie du départ, le président sortant de la CENI fait encore aujourd’hui office de conseiller occulte de l’ancien président. Le patron de la défunte Ceni (démissionnaire depuis le 30 Juin 2019) a été l’hôte du président Joseph Kabila. L’entretien entre les deux hommes a duré plus de 7 heures.

Au menu de la discussion, le changement de mode de scrutin de l’élection présidentielle. Fort de sa majorité parlementaire écrasante, Joseph Kabila semble désormais prêt à mettre à exécution ce projet dont il caresse la mise en oeuvre depuis plusieurs années déjà. Après un premier changement de constitution en 2011 pour le passage d’une élection présidentielle de deux à un seul tour, la famille politique du Président Kabila est instruite de passer du suffrage directe à une élection indirecte du prochain Chef de l’Etat congolais. A l’image de ce qui se fait en Afrique du Sud et en Angola, la majorité parlementaire sera appelée à élire le prochain président congolais.

Si l’ancien Président congolais ne contrôle plus tout à fait l’appareil judiciaire, notamment la Cour Constitutionnelle dont la majorité des membres semble avoir fait allégeance à son successeur, il conserve encore la main sur une majorité parlementaire qui lui permet de modifier la Constitution. C’est la raison pour laquelle Joseph Kabila soutient la candidature de Ronsard Malonda, un homme du sérail, car il tient également à garder coûte que coûte la maîtrise sur la CENI afin de s’assurer qu’aux prochaines élections sa majorité sera reconduite.

Parallèlement, les ténors du PPRD, en commençant par Emmanuel Ramazani Shadari, le candidat malheureux à la présidentielle de 2018, ont été instruits par l’ancien président d’accélérer les descentes dans le pays afin d’expliquer les nouvelles dispositions qui seront bientôt votées par le parlement.

Dans le contexte du bras de fer qui se joue actuellement sur les avoirs de l’ancien président, il apparaît que la majorité parlementaire est invitée à accélérer l’examen de la loi électorale et le cas échéant d’engager le processus de révision de la Constitution.
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