Plus que jamais, entre le Front commun pour le Congo, c’est-à-dire la plateforme qui soutient l’ex-président Kabila et Cach (Cap pour le changement) qui a porté au pouvoir Felix Tshisekedi, les coups fourrés se multiplient. L’ambiance entre alliés de circonstance est telle qu’elle relègue même au rôle de spectateur les autres formations se réclamant de l’opposition, comme Lamuka désormais porté par Martin Fayulu, candidat malchanceux lors des élections présidentielles de décembre 2018. Qu’on en juge.

 Le premier point de litige, plus sentimental que politique, concerne Vital Kamerhe dont l’histoire personnelle se confond avec celle des deux dernières décennies. Rappelons que ce natif de Walungu (localité du Sud-Kivu voisine de Bukavu) négocia au nom de Joseph Kabila les accords de paix qui en 2003 mirent fin à la guerre et qu’il fut président de l’Assemblée nationale, candidat à l’élection présidentielle à la tête de son parti UNC (Union pour la nation congolaise). 


Passé à l’opposition, il fut dans plusieurs rencontres politiques de haute portée.Devenu directeur de cabinet plénipotentiaire à la Présidence congolaise, puissant, arrogant, gourmand aussi, l’œil fixé sur les prochaines élections de 2023 auxquelles il comptait bien concourir, Kamerhe, dont le parti UNC (Union pour la nation congolaise) est très implanté à l’Est du Congo, est « tombé » cette année à l’issue d’un procès qui fera date. Accusé de détournements de fonds colossaux (plus de 50 millions de dollars) le directeur de cabinet du président a été lourdement condamné et envoyé à la prison de Makala, le centre pénitentiaire de Kinshasa. 


Sa santé s’y est gravement dégradée, à tel point qu’ayant contracté le Covid-19, il a souffert de troubles respiratoires jusqu’à aboutir, plus mort que vif,dans un centre hospitalier de la capitale où sa vie ne tient plus qu’à un fil. A cette rupture politique, le président Tshisekedi a ajouté un conflit ouvert avec ses alliés, la coalition FCC, pro-Kabila, qui, majoritaire en sièges, contrôle le Sénat et l’Assemblée. Thambwe Mwamba et Jeanine Mabunda, présidents des deux institutions et proches de Joseph Kabila refusent en effet d’entériner les deux nouveaux juges à la Cour constitutionnelle et, refusant d’organiser la prise de serment ils ont brillé par leur absence. 


 Même si l’ex-président Kabila demeure aussi discret que d’ordinaire, ses partisans multiplient les reproches à l’égard de leur allié de circonstance. Selon eux, le contrat initial ne serait pas respecté par Tshisekedi et son parti l’UDPS, le chef de l’Etat outrepasserait des pouvoirs qui, dans un régime semi-parlementaire devraient se limiter à un simple arbitrage, le premier ministre Ilunga Ilunkamba serait réduit à n’être qu’un simple figurant, le ministre de la Justice Tunda ya Kasende n’a toujours pas été remplacé… 

 En outre, le cabinet présidentiel se serait transformé en gouvernement parallèle tandis que, plus grave encore, la majorité parlementaire dont se prévalent les partisans de Kabila serait ignorée. A cela s’ajoutent les reproches de « tribalisation » d’un pouvoir qui, comme autrefois le président Mobutu, aurait tendance à chercher à l’extérieur du pays (en Belgique et surtout aux Etats Unis) sa légitimation… 


 L’offensive lancée depuis juillet par le président Tshisekedi, à travers ses nominations dans l’armée et la justice, la prestation de serment des trois juges de la Cour constitutionnelle, puis l’annonce de création prochaine d’une « Union sacrée » après des consultations des acteurs politiques et sociaux représentatifs, ne contentent nullement le Front commun pour le Congo qui refuse de reconnaître ces juges. Et certaines sources proches de cette plateforme politique annoncent pour bientôt une contre-offensive. 

 le Carnet de Colette Braeckman
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