Le président congolais Félix Tshisekedi a temporisé jeudi sur le dossier « explosif » d’une localité en grande majorité peuplée de Congolais Tutsis, une affaire qui attise depuis une semaine un ressentiment antirwandais dans toute la République démocratique du Congo. En déplacement à Goma sur les questions de sécurité, le chef de l’Etat était attendu sur la question qui passionne tout le Congo : l’octroi du statut de commune à part entière à Minembwe, une enclave rurale dans les Hauts-Plateaux de la province du Sud-Kivu.

Les Congolais Tutsis « Banyamulenge » de Minembwe affirment être installés dans la région depuis des générations. D’autres communautés les soupçonnent d’être en faveur du Rwanda, de s’approprier leurs terres et de menacer les pouvoirs coutumiers ancestraux.

Les Banyamulenge et les autres communautés (Babembe, Bafuliro, etc.) se livrent un conflit par milices interposées. la décision d’élever définitivement Minembwe au rang de commune à part entière à été encouragée par le ministre de la Décentralisation, Azarias Rubwera, lui-même Banyamulenge, le 28 septembre.

Cette décision administrative suivie de l’installation du maire et de son adjoint a réveillé dans l’esprit de nombreux Congolais le spectre d’une « balkanisation » de l’est de la RDC au profit de ses voisins, à commencer par le Rwanda.

« C’est une situation explosive (…) c’est arrivé pendant que je me trouvais à l’extérieur. Je n’étais pas mis au courant (…). Je ne peux pas laisser un peuple du Congo en danger. J’ai décidé purement et simplement d’annuler ce qui a été fait jusque-là » à Minembwe, a déclaré le président congolais dans une conférence de presse à Goma.

« Il n’est pas question de se débarrasser d’une communauté, d’en laisser d’autres. Il est question du vivre ensemble qui a été possible dans le passé ». C’est pourquoi, « une commission composée d’experts, des géographes, des juristes, des démographes vont avoir pour mission de retracer les limites (de Minembwe) avec le concours de ceux qui ont toujours vécu là », a-t-il ajouté.

« Il y a eu de la manipulation », a-t-il regretté, invitant toutes les communautés « au calme » parce qu' »il n’est pas question de s’affoler » après l’annonce de sa mesure.

Le maire de Minembwe et la majorité des habitants de cette localité sont des Congolais Tutsis rwandophones, dont les milices sont en conflit avec des groupes armés d’autres communautés.

Mgr Sébastien Muyengo, l’évêque d’Uvira dans le Sud-Kivu où se trouve Minembwe, a regretté cette décision qui « loin d’être de nature à faciliter la véritable paix dans les Hauts-plateaux, suscite au contraire beaucoup d’animosité », s’interrogeant sur la responsabilité du président Tshisekedi.

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