Par une de ses coïncidences, un 24 novembre en cache un autre. Ou plus exactement permet de se souvenir d’un autre. Celui de 2020 est jour choisi par le Président Félix-Antoine Tshisekedi pour clôturer ses consultations. Or, il y a 55 ans plus tôt, jour pour jour, Joseph-Désiré Mobutu prenait officiellement le pouvoir suprême. La très longue suite ? On la connaît jusqu’à ce 17 mai 1997. 24 novembre 1965, une de ces nombreuses dates commémoratives, jetée dans la poubelle de l’histoire et tombée dans les oubliettes.

Sans donner dans de la nostalgie qui est mauvaise conseillère. Sans non plus faire œuvre de révisionnisme ni de négationnisme, une question taraude tout de même l’esprit : Faudrait-il continuer à avoir un regard sélectif dans le rétroviseur national au nom de l’anti-mobutisme ? L’heure de réconcilier les Congolais avec leur passif et leur actif mémoriels n’a-t-elle pas sonné ?

Sans aller jusqu’à le célébrer, façon « djalelo », le 24 novembre 1965 mériterait quand même d’être évoqué pour quantité de raisons, aussi bien historique que pédagogique. Cette date ayant donné le « la » officielle d’un règne à multiples facettes.

Côté pile, l’attachement de l’homme du 24 novembre 1965 à l’unité nationale pourrait contribuer à servir d’aiguillon à ce pays, toujours en proie aux convoitises extérieures, aux velléités centrifuges et centripètes. En un mot à la balkanisation.

A l’inverse, les côtés « Grandeur et décadence », « Ainsi passe la gloire du monde », si caractéristiques du Maréchal Mobutu, pourraient servir de leçon à nos dirigeants d’aujourd’hui et de demain. En premier lieu, à l »actuel chef de l’Etat.

En revisitant Mobutu, le fils Tshisekedi peut comprendre, mieux qu’en lisant n’importe quel manuel sur l’ABC du pouvoir absolu, comment l’on peut passer d’un chef providentiel à un potentat. Comment le pouvoir isole et éloigne de réalités. Comment l’on peut succomber aux chants de sirène et de cygne de la cour au point de se prendre pour un démiurge. Ce, jusqu’au réveil aussi brutal que tardif. Et là, on découvre la solitude telle que résumée par Ovide qui écrivait: « Tant que tu seras heureux, tu compteras beaucoup d’amis. Que le ciel s’obscurcisse et tu seras tout seul  ».

Dès le lendemain du 17 mai 1997, Mobutu a dû vivre dans sa chair l’avertissement du poète latin. Et ses mille et un courtisans qui lui juraient fidélité matin, midi et soir ? La plupart se sont offert à Mzee, puis à son fils. Certains sont encore à la manœuvre. Cette fois-ci, aux côtés de Fatshi…béton.

En ce 24 novembre 2020, la gestion de l’instant sous les ors et lambris du palais présidentiel laisse très peu de temps au devoir de mémoire. Erreur. Les repères historiques sont à un pays ce que la sève est à un arbre.

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