Des ambassadeurs "électrons libres" ?
Avis à tous les ambassadeurs : désormais, pas de déplacement à l'intérieur du pays sans l'autorisation du ministère des Affaires étrangères.
Les rédacteurs de la convention de Vienne -ce bréviaire de tout diplomate en poste à l'étranger- ont là de quoi se retourner dans leurs tombes. Les étudiants en relations internationales ont de quoi douter de leurs fondamentaux.
Les ambassadeurs concernés risquent de croire qu'à Kinshasa on a inventé l'art d'enfoncer des portes largement ouvertes. Ou encore au pays du prosélytisme facile, on prêche à des convertis.
Demander à un diplomate d'obtenir le quitus des Affaires étrangères avant toute sortie de la capitale procède de l'abc même du statut de tout diplomate. Dans aucun pays, un ambassadeur ne peut se permettre de se mouvoir sans au minimum saisir au préalable le ministère des Affaires étrangères. Quitte à celui-ci de donner un avis favorable ou défavorable selon les cas.
D'où vient alors que la Centrale rd congolaise se fende d'une directive qui traduit par l'absurde un manquement grave aux dispositions pertinentes de la Convention de Vienne ? Devrions-nous déduire que des diplomates se comporteraient en électrons libres au pays de Lumumba ? Devrions-nous inférer qu'avant cette décision , il était loisible à tel ou tel autre ambassadeur de se déplacer de la capitale vers une autre ville du pays sans l'imprimatur des Affaires étrangères ?
Cette décision n'est pas sans rappeler la "mise au point" du ministère de l'Intérieur dans laquelle il a été fait état de l'ignorance par les autorités provinciales du Nord-Kivu de l'itinéraire du très regretté Luca Attanasio, ambassadeur défunt d'Italie en RDC. Inimaginable. Surtout pour une province en proie à l'activisme meurtrier des groupes armés. Pas seulement.
José NAWEJ