D'ores et déjà, le FCC entend mener une opposition républicaine.
Rentré à Kinshasa au terme d’un séjour de dix jours à Lubumbashi, durant lequel il a échangé avec Joseph Kabila, le coordonnateur de la cellule de crise du FCC, essaye de réorganiser ce qui reste de la famille politique de l’ancien Président de la République. Ce, après la transhumance qui a vu certains de ses lieutenants traverser la rue avec armes et bagages. Raymond Tshibanda a entrepris depuis quelques jours, des rencontres avec les chefs des partis et regroupements politiques encore fidèles à l’ancien Raïs.
Le Coordonnateur de la cellule de crise a présidé, hier mardi 30 mars à Kinshasa, une réunion avec les groupes parlementaires où il a été établi que le FCC contrôle 5 groupes parlementaires contre 8, tandis que Lamuka, MLC et Ensemble en disposent que 3 groupes à l’Assemblée nationale.
Au niveau comptable, l’opposition est au-delà de 150 députés, dont 142 députés FCC fidèles à Kabila et 7 non-inscrits. A ces derniers, il faut ajouter ceux qui dans Lamuka, ne se reconnaissent pas dans l’Union sacrée. Tout compte fait, avec plus de 150 élus, le FCC fidèle à Kabila et les autres courants de l’opposition constituent ce qu’on appelle la minorité de blocage.
Du point de vu des observateurs, c’est la première fois, de toute la législature, que l’opposition arrive à ce chiffre-là. Car, très souvent, elle comptait à peine 100, 110, 120 voire 130 députés.
KABILA PORTE-PAROLE DE L’OPPOSITION ?
Dans sa nouvelle posture de locomotive, le FCC entend faire de l’opposition constructive, une force de soutien à ce qui va dans le sens du progrès du pays. « On ne va pas faire de la complaisance. On va rejeter tout ce qui ira dans le sens d’affaiblir, d’avilir le pays », soutient un cadre du FCC. C’est-à-dire une opposition qui va encourager ce qui est bon pour le pays, qui va combattre tout ce qui est de nature à tirer le pays vers le bas.
Forts de leur nombre, les députés de l’anti-pouvoir, membres du FCC, se considèrent, désormais, en situation légitime de revendiquer le poste de porte-parole de l’opposition.
Lors de la plénière de l’Assemblée nationale du lundi 29 mars, consacrée à l’adoption du projet de calendrier de la session en cours, le député PPRD Jean Kimbunda, a insisté sur l’inscription de la désignation du porte-parole de l’opposition parmi les points à examiner au cours de ladite session.
Avec le quitus de la plénière, le président de l’Assemblée nationale, Christophe Mboso, n’a trouvé aucun inconvénient pour valider la proposition de l’ancien gouverneur de la ville de Kinshasa.
S’il faut s’en tenir au critère de poids numérique à la Représentation nationale, il ne fait alors l’ombre d’aucun doute que le fauteuil de porte-parole de l’opposition devait revenir au Front Commun pour le Congo, resté fidèle à Joseph Kabila, qui compte plus ou moins 150 députés.
On rappelle qu’après la requalification de la majorité au niveau de l’Assemblée nationale, en faveur de l’Union Sacrée initiée par le président de la République, Félix Tshisekedi, les caciques de la kabilie qui ont levé l’option de ne pas entrer dans le gouvernement Sama Lokonde, revendiquent le poste de porte-parole de l’opposition.
Dans une sortie médiatique, un haut cadre du FCC, Lumeya Dhu Malegi, a laissé entendre qu’il n’y a aucune honte si Joseph Kabila devient le porte-parole de l’opposition. L’élu de Kikwit estime que leur camp politique devait être preneur de cette fonction pour y imprimer sa marque. «Nous avons géré le pays, nous n’allons pas spéculer», a-t-il affirmé.
La procédure pour la désignation du porte-parole de l’opposition n’est jamais arrivée à terme suite aux dissensions internes qui ont caractérisé l’opposition anti Kabila durant les deux dernières législatures de la troisième République, (2006 et 2011).
Le Front commun pour le Congo qui se montre uni autour de son chef de file, Joseph Kabila, dit avoir tous les atouts nécessaires pour occuper le poste de porte-parole de l’opposition. La seule question est de savoir comment Joseph Kabila, une fois désigné porte-parole de l’opposition, devra cumuler son statut de président honoraire, de sénateur à vie et celui de porte-parole de l’opposition, avec tous les avantages liés à ces trois statuts?
Toutefois, une proposition de loi sur la révision de la loi portant statut des anciens présidents de la République élus, initiée par le député national MLC, Jacques Djoli, est retenue parmi les matières à traiter au cours de la présente la session ordinaire de mars. Ainsi, la question posée ci-dessus pourrait être finalement résolue.
Positionné dans l’opposition avec un porte-parole, le FCC pourrait donc faire front avec les frustrés de l’Union Sacrée de la nation, après la sortie du gouvernement, pour faire passer les lois sur les réformes électorales au niveau de l’Assemblée nationale.
A l’instar de Lamuka et du G13, le FCC avait exigé, par la bouche de Ferdinand Kambere, la réforme de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), avant le choix de ses animateurs.
Dans le cadre de la réforme électorale, la proposition de loi sur la modification de la loi électorale, dénommée loi Lokondo, et la proposition de loi sur la réforme de la CENI initiée par le député Christophe Lutundula figurent dans le lot de matières à examiner durant la session en cours.
Dans ce même registre de réformes envisagées, le député Delly Sesanga a également plaidé pour l’examen de la pétition portant sur révision de la Constitution, déposée par son parti Envol à l’Assemblée nationale. Cette proposition de révision constitutionnelle a la particularité de ramener l’élection présidentielle à deux tours.