Zoé Kabila, l’un des gouverneurs les plus appréciés par les congolais depuis l’alternance du 24 Janvier 2019, serait dans l’œil du cyclone. Le camp présidentiel aurait décidé de l’éjecter de l’exécutif provincial.
Premier acte de cette brouille entre le jeune frère de Joseph Kabila et les radicaux tshisekedistes; le refus, il y a quelques mois, de Zoé Kabila d’adhérer au label « Union Sacrée ». Un défi mal digéré par les ténors de l’UDPS.
Et puis il y a quelques semaines, le vent de requalification de certaines majorités au sein des assemblées provinciales a soufflé depuis Lubumbashi, Chef-lieu de la Province du Haut Katanga, désormais sous la botte de Moïse Katumbi.
Effet tâche d’huile ou caculs stratégiques? l’assaut vient d’être porté sur l’Assemblée provinciale du Tanganyika. Il y a trois jours, la majorité des députés ont affirmé adhérer à l’Union sacrée.
Les enjeux
L’espace Katanga c’est le symbole du kabilisme et l’assujettir est, sans doute, une question de communication politique, observe Justin Ngandu, analyste indépendant. Neutraliser le Katanga c’est déraciner le régime Kabila dans l’imaginaire des congolais, poursuit-il.
Il y a aussi les enjeux économiques. Face à la débâcle du camp présidentiel et à la déception des congolais, l’argent frais du katanga pourrait donner un second souffle au Président Tshisekedi qui apparaît désormais en panne d’inspiration.
Il faut reconnaître que le bastion katangais s’est fragmenter ces derniers mois. Le lualaba du tout puissant Richard Muyej aurait basculé vers une zone grise dans laquelle la vice-gouverneur Fifi Masuka fredonne l’hymne à l’Union sacrée.
Selon plusieurs sources hautkatangaises, Jacques Kyabula, jeune et ambitieux, aurait fait le choix du festin plutôt que celui du destin. Il ne jure que par Felix Tshisekedi, son mentor depuis 2019. Chez lui, plus question de faire obstacle à la tornade Union Sacrée.
Dans le Haut Lomami, la province fantôme qui compte pourtant la plus grande réserve des partisans de Joseph Kabila, le camp présidentiel n’aurait pas rencontré des difficultés à exploiter les guerres des égos et la duplicité de certains leaders qui chantent Kabila le matin et qui murmurent Fatshi Béton la nuit. Le Haut Lomami préoccupe !.
Zoé Kabila apparaît donc comme ce dernier guerrier qui rappelle la véritable âme des katangais, résister et mourir tête haute plutôt que de marchander sa dignité. Il est hélas isolé dans une marre de politicailleurs qui ont tronqué la vision contre une calculette.
Il y a enfin l’enjeu géostratégique ; le Tanganyika est une Province non enclavée qui peut peser très lourd sur l’économie et même sur le plan sécuritaire.
En voulant faire main basse sur cette Province, le camp présidentiel a-t-il eu le temps de mesurer les conséquences possibles sur l’équilibre politique de la RDC ? Entre-temps, la population averti déjà « Zoé ne peut être remplacé ». Les députés venus de Kinshasa pour faciliter la chute de Zoé Kabila auraient fait l’objet de menaces directes de la population.