Le sénateur du Kasaï réclame en même temps une enquête parlementaire…







Dans une motion d’information faite à la dernière séance plénière du Sénat, le sénateur Evariste Boshab a fait des révélations troublantes. Il a donné des informations qui dépassent tout entendement au regard de la situation dramatique qu’a connue son village et pour laquelle il a dénoncé urbi et orbi l’indolence du gouvernement et de toutes les institutions de la République. En fait, a-t-il informé, la localité de Bakwakenge, située à 75 Km du territoire de Mweka dans la province du Kasaï, a connu du 28 au 29 mars derniers une situation apocalyptique. Des bandits ont fait incursion dans cette localité. Ils ont égorgé femmes et vieillards et fracassé les enfants contre les murs. Les plus de 40 morts enregistrés à l’issue de cette attaque ont été enterrés par le sénateur Evariste Boshab sans aucune assistance d’une seule institution de la République. «C’est pourquoi, je dénonce la banalisation de la mort, tellement chaque jour on nous dit, on tue en Ituri, les gens meurent à Beni, quand et si bien qu’on nous dit qu’il y a 40 morts à Bakwakenge, ça n’intéresse personne. Je dénonce l’indolence du gouvernement», a déclaré l’homme de Mweka. Et de continuer: «Ce gouvernement même s’il est démissionnaire, peut-on démissionner devant la vie des gens, peut-on démissionner devant la sécurité des personnes et leurs biens. Je dénonce l’indifférence des institutions, pour que la population soutienne les institutions, il faudrait que ces institutions se rendent désirables, sinon indispensables». Nous publions ici l’intégralité de l’intervention de l’Honorable Evariste Boshab.


Le message de l’élu de Mweka à ses collègues sénateurs


Je prends la parole pour exprimer toute mon indignation face à la situation apocalyptique qui s’est passée à Bakwakenge, à 75 kilomètre du territoire de Mweka dans la province du Kasaï. Je suis ému en parlant de Bakwakenge parce qu’il s’agit de mon village. Du 28 au 29 mars, une bande de bandits venus du territoire voisin, dont 7 hommes sont arrivés à Bakwakenge, se sont mis à égorger femmes et vieillards, fracassant les enfants contre les murs. Une situation, comme je l’ai dit, apocalyptique. Si je n’ai pas pris la parole pendant tout ce temps, c’est juste parce que je devais faire le deuil et pleurer avec les miens. Quand je dis faire le deuil, c’est moi qui ai enterré plus de 40 morts. Sans assistance d’aucune institution. C’est pourquoi, je dénonce la banalisation de la mort, tellement chaque jour on nous dit, on tue en Ituri, les gens meurent à Beni, quand et si bien qu’on nous dit qu’il y a 40 morts à Bakwakenge, ça n’intéresse personne. Je dénonce l’indolence du gouvernement. Ce gouvernement même s’il est démissionnaire, peut-on démissionner devant la vie des gens, peut-on démissionner devant la sécurité des personnes et leurs biens. Je dénonce l’indifférence des institutions, pour que la population soutienne les institutions, il faudrait que ces institutions se rendent désirables, sinon indispensables. Lorsque l’on tue, face à pareille indifférence, et qu’aucune institution n’intervienne pour assister cette population. Comment les institutions peuvent-elles se rendre désirables par la population et ne peuvent être rejetées? Je dénonce toutes les mains noires qui allument la mèche pour empêcher que la paix s’enracine. Je dénonce la loi du silence, car cette loi signifie se tuer, on tue à Bakwakenge, un mort de plus c’est quoi? Mais si nous devenons si inhumains, quel est encore le sens de notre mandat. Nous nous disons représenter la population, cette population qu’on tue dans l’indifférence totale. Je dénonce, enfin, le déni de justice. Depuis le 28 mars jusqu’à ces jours, la justice traine, les enquêtes ne s’ouvrent pas alors que c’est l’unique moyen sinon l’unique manière de rendre hommage à ces morts, c’est en leur rendant justice. Mon impression est que les morts de Bakwakenge ne méritent aucune considération, parce que personne ne les évoque. C’est révoltant. Qu’est-ce que j’attends de notre discussion, nous les sénateurs, sommes l’émanation des provinces. J’attends qu’une enquête parlementaire soit ouverte avec diligence afin qu’on puisse établir les responsabilités des uns et des autres. J’ai dénoncé la négligence du gouvernement. Parce que c’est la troisième fois qu’on vienne tuer à Bakwakenge. Pourquoi je dénonce cette négligence? Sous l’égide du Président de la République, l’année dernière il y une conférence de paix à Kananga parce que le problème se situerait, et moi je ne pense pas que c’est là le problème, en ce qui concerne les limites des deux provinces. La délégation de l’Institut géographique est descendue sur place, a fait son travail et a établi que les deux territoires étant là depuis la colonisation, les limites n’ont jamais changé et, par conséquent, le territoire de Bakwakenge revenait, comme toujours, dans le territoire de Mweka. Mais ce sont les bandits, sous l’instrumentalisation de certaines mains noires, qui veulent changer les limites de leur province. Certains des sénateurs ici savent, m’ont écrit et je crois que trois seulement ont pu me présenter leur compassion. Ma propre maison a été la cible principale, incendiée avec des bidons d’essence. Et voilà pourquoi j’insiste, qu’il y a urgence de dépêcher cette commission parlementaire afin que la paix revienne, car la vie de nos populations et de chacun de nous n’a pas de prix. Même l’être suprême, celui qui détient, pour ceux qui croient, la clé de notre vie, accorde quand même, suivant sa souveraineté, une certaine durée sur cette terre. Mais lorsque certains individus peuvent fracasser les enfants, éventrer les femmes, égorger les vieillards, face à l’indifférence des institutions, on se demande comment allons-nous bâtir la cohésion nationale. Ceux que l’on tue n’ont pas droit à la justice? Je m’excuse beaucoup si j’ai été très ému, mais ces gens qu’on a égorgés, ces femmes qu’on a éventrées ne sont des x, y, ce sont des personnes que je connais, ce sont des enfants que je connais. Pour l’instant, nous avons déjà enterré 40 morts et ce matin j’ai appris qu’on a découvert 5 autres en état de putréfaction.

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