En visite à Paris cette semaine pour le Sommet sur l’économie africaine, le président rwandais Paul Kagame s’est félicité de cette normalisation des relations entre les 2 pays lors d’une interview exclusive à RFI et France 24.
Au cœur de ce rapprochement entre la France et le Rwanda, le rapport Duclert ; compilé par des historiens et remis au chef de l’État français il y a deux mois.
Il conclut que Paris porte des « responsabilités lourdes et accablantes » dans les évènements qui ont abouti au génocide au Rwanda en 1994 et qui a fait 800 000 morts selon l’ONU, sans toutefois être « complice » de génocide.
Pour le président Paul Kagame en visite à Paris, « c’est un grand pas en avant que des faits, la vérité aient pu être établies, par deux commissions, une française et une rwandaise, et que pour la première fois il y ait convergence. »
« Pour la France et le Rwanda il y a maintenant une chance, une base sur la laquelle construire une bonne relation », dit-il « comme cela aurait dû être dans le passé. » « Le reste » ajoute-t-il, « nous pouvons le laisser dernière… peut-être pas oublier, mais pardonner et aller de l’avant. »
La France n’est pas complice
Le rapport Duclert n’a pas conclu à la complicité de la France durant le génocide. Interrogé sur ce sujet, le président Kagamé répond : « Il reste encore des choses à faire pour avancer, mais le plus important a été couvert », « que la responsabilité lourde et accablante de la France ait été reconnue… C’est énorme, cela veut dire beaucoup », indique le président Kagame.
« Je peux m’accommoder des conclusions de ce rapport, qui a écarté la “complicité” de la France ».
Avant d’ajouter : « Ce n’est pas à moi de leur dire ce qu’ils auraient dû mettre dans leurs conclusions », « ce sont deux commissions d’enquête (française et rwandaise) indépendantes », même si « j’ai le droit d’avoir ma propre opinion, car j’ai vécu ces évènements. »
Des excuses de la France ?
Lors de la visite du président Emmanuel Macron à Kigali le 27 mai, le Rwanda s’attend-il à des excuses de Paris pour son rôle durant le génocide ?
Le président rwandais estime que « c’est une décision qui dépend de la France et de ce qu’elle estime être dans ses intérêts.
Mais je ne demanderai jamais à quiconque de présenter ses excuses », ajoute-t-il.
Arrestation des génocidaires
Le président rwandais a salué l’arrestation il y a un an à Paris de Félicien Kaguba, le « financier » du génocide.
« C’est un bon début », indique-t-il. Plus aurait pu être fait, regrette-t-il « un certain nombre de présumés génocidaires vivent en France », « leurs cas n’ont pas été traités correctement. »
Souhaiterait-il que la France extrade Agatha Habyarimana, la femme de l’ancien président rwandais Juvénal Habyarimana, décédé dans l’attentat contre son avion en 6 avril 1994 ?
Et qui habite en France depuis 1994.
« Oui, elle est en haut de la liste », répond le président rwandais, « mais la France devra décider ce qu’il faut faire », ajoute-t-il.
rfi