Ce n’est pas encore la période officielle de campagne électorale. Les états-majors politiques s’aiguisent. Les uns présentant leur affiche du bilan pré-quinquennal, les autres s’occupant de rappeler les promesses non encore exécutées des dirigeants de l’actuelle législature et d’autres encore engagés à renforcer leur présence sur le terrain. Mais curieusement, Joseph Kabila maintient son stylo du même bavardage muet. Le silence devenu sa seconde identité, il intéresse, attire des curiosités et fait peur. Ce côté mythique de l’homme est très séducteur qu’il finit par lui procurer sympathie même parmi ses pires adversaires et ses ennemis jurés.
Plusieurs coups montés contre Kabila
A l’international comme à l’interne, l’ombre de Kabila n’arrête de faire des soucis. Si la passation de pouvoir s’était déroulé dans un climat de grande fête réciproque, les jours d’après ont été les plus durs pour Joseph. Tantôt de fausses accusations, tantôt des situations de gestion antérieure de la cité qui l’incriminaient, tantôt sa famille mise en difficulté… Occupé par sa famille, ses mémoires et ses fermes agricoles, Kabila s’est vu politiquement dégonflé de son FCC (Front Commun pour le Congo), la plateforme politique et électorale qui lui avait bâti la majorité parlementaire à tous les niveaux. Ses mouvements seront de plus en plus surveillés, scrutés et suivis. Ses contacts aussi. Pour certains acteurs du nouveau régime, pas question de faire totalement confiance à un général revenu à la vie civile. En dépit de toutes ces épreuves de son après-pouvoir, le fermier a gardé ses états au plus grand calme. Même le dernier film intitulé « Congo-hold-up » n’a pas pu l’ébranler. Cette-fois, ce sont des lobbys extérieurs qui ont fait le boulot. Une enquête montée en épingle et qualifiée de « révélations explosives » qui aurait documenté d’importants détournements de fonds publics en République démocratique du Congo sous l’ancien président Joseph Kabila et son premier cercle. Fruit, disait-on du travail de 19 médias partenaires associés au consortium européen EIC et de cinq ONG spécialisées et basée sur l’analyse supposément de millions de documents bancaires et transactions qui auraient fuité de la BGFI/Banque. Une autre entreprise de nuisance qui a vite démontré ses limites par manque de professionnalisme et de vérité. Même le patron de l’IGF avait le plus officiellement douté du caractère professionnel desdites enquêtes. Et puis quoi encore…
La Tshangu comme déclencheur
La ribambelle de citoyens qui se sont déchaînés sur le cortège du sénateur à vie Joseph Kabila Kabange avait un message. Celui de la lassitude et de la disette qui se vit quotidiennement dans la capitale. Pour un président de la République honoraire, c’est plutôt bon signe. Que de populations spontanées s’érigent en protecteur de l’homme. Mais au-delà de ce signal populaire est perçu un sentiment du goût du passé récent. Un besoin criant de stabilisation rapide de la situation du pays.
Tshisekedistes et kabilistes en collision sur les médias
Les kabilistes restés fidèles au laboratoire du FCC ne se font pas énormément d’efforts pour articuler la critique contre le pouvoir. Les promesses du chef de l’Etat. Leur évaluation d’exécution. Du côté des tshisekedistes, les faiblesses de gestion du régime Kabila pendant les 18 ans sont encore fraîches en mémoire. Il est question de remuer toutes les pourritures et d’en faire un outil de propagande. Tous les deux camps travaillent et semblent désormais ignorer les autres potentiels candidats tels que Katumbi, Fayulu, Muzitu…
Les tshisekedistes ont déjà leur bilan. Et les kabilistes, leurs sujets critiques. Le retour de Kabila fera encore quelques insomniaques tant que certains anciens FCC croiront que tout retour aux affaires de leur ancien chef leur serait fatal.