Les discours du Rwanda et de la RDCongo se durcissent ces derniers temps. Mais pour les habitants, les frontières ont moins de sens que pour les dirigeants politiques.

Tout a commencé le 23 mai 2022 lorsque le Rwanda a demandé une enquête au Mécanisme conjoint de vérification élargi, affirmant que des roquettes venues de République démocratique du Congo avaient fait plusieurs blessés en territoire rwandais.

De son côté, Kinshasa accuse le Rwanda de complicité avec les rebelles du M23, ce que Kigali a démenti.

Les relations entre Kinshasa et Kigali sont tendues depuis le génocide rwandais de 1994, avec l'arrivée massive en RDC de Hutus rwandais accusés d'avoir massacré les Tutsis.

En 2019, les relations s'étaient apaisées après l'arrivée au pouvoir de Félix Tshisekedi, mais la résurgence du M23 a ravivé les tensions.

Et pourtant sur le terrain, de nombreuses personnes travaillent au maintien d’une paix durable entre les populations qui vivent de part et d’autre du lac Kivu. En janvier, la fondation Konrad Adenauer a lancé un projet baptisé Great Lakes Youth Network for Dialogue and Peace.

80 associations de jeunes en provenance du Rwanda, de la RDC, du Burundi, de l’Ouganda et de la Tanzanie ont pu y participer. Lors de ces rencontres baptisées "Ecole régionale de la paix", une centaine des jeunes de la région des Grands Lacs se sont réunis, comme l’explique Blaise Ndola, responsable de la communication du projet UE-Grands Lacs à la fondation Konrad Adenauer. "Nous sommes convaincus que la jeunesse est une force et si la jeunesse de la sous-région des Grands Lacs essayait de se mettre ensemble, de dialoguer, de trouver des solutions aux problèmes auxquels ils font face, même s’ils ne sont pas les décideurs, mais s’ils arrivaient à trouver des solutions à leur niveau, ils pourraient influencer les preneurs de décisions et on pourrait espérer à une paix durable dans la région des Grands Lacs, " explique M. Ndola à la DW.


L’art pour cimenter la paix ?

Hillaire Aganze Maeshe est artiste et activiste. Cela va faire douze ans qu’il travaille avec des jeunes pour la promotion et le maintien de la paix.

Il est l’initiateur des rencontres " Goma, Gisenyi, tu djenge Amani" (Goma, Gisenyi, ensemble construisons la paix). Pour lui, il faut considérer la force de la jeunesse puisque c’est là que se trouve la solution aux problèmes de cohabitation dans la région des Grands Lacs.

"Nous sommes en crise certes, mais nous avons une jeunesse qui est consciente et qui est informée par rapport aux enjeux, donc une jeunesse qui n’est pas facilement manipulable, explique-t-il. Une jeunesse qui priorise d’abord l’humain. Actuellement je peux compter des milliers de personnes qui font partie de ma famille et qui sont au Rwanda, au Burundi, en Ouganda, et je pense que nous n’avons pas de problème à la base. Nous essayons de nous rapprocher pour trouver des solutions ensemble", souligne l’artiste.

Bon voisinage, mais à quel prix ?

En février lors du festival Amani à Goma, une vingtaine de jeunes Rwandais, Congolais, Burundais et Ougandais ont entonné l’hymne à la fraternité.

Paria Nzego y était et pour lui, l’art fait partie des solutions aux problèmes de la région des Grands Lacs. "Au-delà des querelles politiques, il y a toujours ce lien qui nous unit. Nous partageons beaucoup de valeurs. On peut avoir des querelles politiquement ou diplomatiquement, mais humainement, cela ne veut pas dire que si je suis Congolais, je suis un rebelle, et si quelqu’un est Rwandais, forcément c’est un rebelle. L’art nous a unis ! Quand on se rencontre autour d’une table en train de parler art, il y aura un moment où finalement on ne fait plus qu’un. Donc on se chamaille pour rien", précise-t-il.

Les autorités congolaises ont décidé samedi [28.05.22] de suspendre les vols de la compagnie RwandAir pour protester contre le soutien que Kigali apporte, selon elles, à la rébellion du M23.

De nombreuses voix se sont élevées pour appeler au calme, notamment l’ambassade d’Allemagne en RDC qui félicite ceux qui, je cite, ne mettent pas de l’huile sur le feu, car, dit le tweet de l’ambassade, "il faut penser à vivre ensemble demain".


dw.com


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