Lors de sa visite à Kananga, le 25 décembre 2024, dans le cadre de sa tournée dans la province du Kasaï-Central, le Chef de l'État Félix Tshisekedi a assisté à la messe de la Nativité célébrée par l'archevêque métropolitain de Kananga, Félicien Tambwe, qui a profité de l'occasion pour adresser au Président plusieurs doléances et priorités pour la région.
L’enjeu du désenclavement et de l’énergie
L’archevêque a d'abord salué les efforts du gouvernement pour améliorer les infrastructures routières, notamment en faisant avancer le projet de la route de Kalamba Mbuji, qui reliera la RDC à l’Angola. Cependant, il a interpellé Félix Tshisekedi sur l'importance de ne pas se limiter aux infrastructures routières et de penser à l’énergie électrique comme un levier essentiel pour le développement de la région.
Selon l’archevêque, bien que la route de Kalamba Mbuji soit cruciale pour désenclaver la région, l'absence d’électricité constitue un frein majeur à toute industrialisation. Il a exprimé ses réserves sur le projet en soulignant que, sans énergie, la RDC risque de devenir simplement un marché pour les produits angolais. Il a mis en garde contre le fait que, sans capacité à transformer ses produits, le Grand Kasaï risquerait de rester une zone de consommation plutôt qu'un acteur économique autonome.
Lien entre industrialisation et électricité
L'archevêque a précisé que l'industrialisation de la région du Grand Kasaï était indissociable de l'accès à l'électricité. Selon lui, sans électricité, la région restera en marge du développement industriel, ce qui poussera ses jeunes à chercher des opportunités ailleurs, souvent dans des conditions difficiles et déracinantes.
Il a souligné que le manque d'industries (comme une cimenterie, une brasserie, ou d'autres industries de transformation) dans cette région n'était pas dû à un manque de compétences ou de ressources naturelles, mais directement à l'absence d'énergie. Il a appelé à une réponse urgente et structurante pour résoudre cette problématique, afin que le Kasaï puisse participer pleinement aux échanges économiques et ne soit plus seulement une source de matières premières.
Autres préoccupations : les ravins et les infrastructures
En plus de l’énergie, l’archevêque a soulevé le problème des ravins qui ravagent la région, dus à la densification de la population, à l'urbanisation anarchique et à l’absence de systèmes de drainage des eaux. Il a appelé à une intervention centrale pour freiner cette dégradation et préserver les infrastructures existantes.
Attentes de la population
Le Grand Kasaï attend des réponses concrètes du gouvernement, tant sur la construction de routes pour mieux désenclaver la région que sur le développement de solutions énergétiques pour relancer les activités socio-économiques. Malgré les engagements de Félix Tshisekedi depuis son accession à la présidence, plusieurs projets structurants peinent encore à se concrétiser dans cette partie du pays.
L’archevêque a donc appelé le gouvernement à penser à long terme en intégrant dans ses projets de désenclavement routier des solutions énergétiques adaptées pour permettre à la région du Grand Kasaï de se transformer et de se développer de manière durable.