Le ministre de la Communication et Médias de la République Démocratique du Congo (RDC), Patrick Muyaya, a défendu fermement la décision du gouvernement congolais de retirer l'accréditation aux journalistes de Al Jazeera, un média étranger, en raison de ce qu'il considère comme des faits corroborés et des agissements douteux.
Des faits corroborés derrière la décision
Lors d'un briefing presse le 9 janvier 2025, Patrick Muyaya a expliqué que cette mesure a été prise en raison d'une série de faits avérés, notamment l'implication d'une chercheuse pro-rwandaise utilisée par Al Jazeera pour réaliser une interview avec un chef rebelle, Bertrand Bisimwa, lié au M23. Le ministre a exprimé son mécontentement quant au fait que cette chercheuse, jugée partiale, ait été utilisée pour approcher une figure terroriste, ce qu'il considère comme humiliant pour les journalistes accrédités localement par Al Jazeera.
L’ambiguïté et la liberté d'expression
Patrick Muyaya a souligné que, pour la protection de l’opinion publique congolaise, il n'y avait désormais plus de place pour l’ambiguïté. Selon lui, si une telle décision a été prise contre Al Jazeera, c'est parce que des faits corroborés ont prouvé des agissements incompatibles avec les valeurs de la liberté d'expression en RDC. Il a affirmé que personne ne pourra reprocher au gouvernement congolais cette action, insistant sur le fait que la liberté d'expression n'est pas équivalente partout, en particulier de l'autre côté des frontières.
Maintien de la collaboration avec d’autres médias étrangers
Tout en restant ferme sur la question d'Al Jazeera, Patrick Muyaya a exprimé sa volonté de maintenir la collaboration avec les autres médias étrangers qui respectent les principes de neutralité et de réalisme dans leur couverture du conflit. Il a notamment salué la position de Radio France Internationale (RFI), qui a pris position contre les terroristes opérant dans l'Est de la RDC. Il a également rappelé que les médias tels que RFI, France 24 et TV5 Monde ont une audience significative en RDC, représentant jusqu'à 60 % du bassin d’audience, et que les Congolais, majoritairement, rejettent les agissements du Rwanda sur leur territoire.
Transparence et communication
Le ministre a réitéré la disponibilité du gouvernement congolais à fournir des informations fiables et transparentes sur l’évolution de la situation sécuritaire dans l’Est de la RDC, en particulier face à la guerre menée contre les groupes armés et les forces rwandaises soutenant le M23. Il a également rassuré la presse que les autorités congolaises sont déterminées à garantir la liberté d'expression, mais sans tolérer les complicités avec les terroristes.
Cette prise de position de Patrick Muyaya marque un tournant dans la gestion de l’information par le gouvernement congolais en période de crise, visant à contrôler le récit médiatique autour du conflit, tout en s'assurant que les médias étrangers respectent les intérêts nationaux de la RDC.