Les tensions entre le Royaume-Uni et le Rwanda atteignent un point critique. Face à l'implication présumée du régime de Paul Kagame dans l'invasion de l’Est de la République démocratique du Congo (RDC), Londres envisage de suspendre une aide annuelle d’un milliard de dollars à destination de Kigali.
Le ministre britannique des Affaires étrangères, David Lammy, a exprimé cette mise en garde directement au président rwandais lors d’un appel téléphonique, rapporte la presse britannique. Cette déclaration intervient après des discussions entre David Lammy et le secrétaire d'État américain Marco Rubio sur la situation sécuritaire en RDC.
« Tout cela est menacé lorsque vous attaquez vos voisins, et nous sommes clairs sur le fait que nous ne pouvons pas laisser des pays remettre en cause l’intégrité territoriale d’autres nations. Tout comme nous ne le tolérerons pas sur le continent européen, nous ne pouvons pas le tolérer où que ce soit dans le monde », a affirmé David Lammy.
Une pression croissante sur Kigali
Le Royaume-Uni accorde environ 32 millions de livres sterling d’aide bilatérale au Rwanda, dans le cadre d’une enveloppe plus large d’aide internationale dépassant 1 milliard de dollars. Cette aide pourrait être remise en question si Kigali ne répond pas aux appels internationaux exigeant son retrait immédiat de Goma et de l’Est de la RDC.
Les accusations contre Kigali s’intensifient. Le gouvernement congolais, l'ONU et plusieurs pays, dont les États-Unis, dénoncent l'implication militaire directe du Rwanda dans le conflit, notamment par l’envoi de troupes et d’armements lourds pour soutenir la rébellion du M23.
Un revirement britannique après des années de complaisance
Cette nouvelle posture du Royaume-Uni tranche avec la politique menée jusqu’ici à l’égard du Rwanda. Depuis 2022, le gouvernement britannique avait noué un partenariat controversé avec Kigali pour y envoyer des demandeurs d’asile en échange d’un soutien financier. Cet accord, initié sous Boris Johnson, avait conduit Londres à ignorer les violations des droits humains au Rwanda et à le considérer comme une destination sûre pour les migrants expulsés du Royaume-Uni.
Mais face à l'escalade en RDC, la diplomatie britannique semble opérer un virage, mettant en péril son alliance avec le régime de Paul Kagame. Le futur des relations bilatérales entre Kigali et Londres dépend désormais de la réponse rwandaise aux injonctions internationales.