Le Procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Karim Khan, a exprimé son indignation face à la situation de guerre qui sévit depuis des décennies en République démocratique du Congo (RDC), lors de son arrivée à Kinshasa ce lundi 24 février 2025. Reprenant les mots des enfants et des familles congolaises, il a déclaré : « Trop c’est trop », soulignant l’urgence de mettre fin aux souffrances des populations civiles et de rétablir la paix dans le pays.
Un cri du cœur pour la paix
Karim Khan a rappelé que le cri « Trop c’est trop » ne vient pas des juristes ou des avocats, mais des enfants et des familles congolaises qui endurent les conséquences dévastatrices des conflits armés. « Combien de générations de vos enfants peuvent être sacrifiées et ciblées ? Trop, c’est trop », a-t-il déclaré, insistant sur l’ampleur de la crise humanitaire et sécuritaire en RDC.
Le Procureur de la CPI a également souligné que la RDC est un pays doté de ressources naturelles abondantes et d’un potentiel immense, mais que sa population continue de souffrir en raison des conflits et de l’ingérence étrangère. « Vos populations doivent choisir la paix et non des conflits », a-t-il ajouté, appelant à une mobilisation collective pour mettre fin à la violence.
Une approche globale pour la paix
Karim Khan a annoncé son intention de travailler en étroite collaboration avec le gouvernement congolais et d’autres partenaires pour mettre en place une approche globale et durable visant à résoudre la crise en RDC. « Je tends la main au gouvernement congolais et j’amène des partenaires pour enlever le poison des conflits et amener la paix en faveur des populations congolaises », a-t-il déclaré.
Il a reconnu que la tâche ne sera pas facile, mais a exprimé sa détermination à agir. « Ce n’est pas facile, il n’y a pas de bâton magique, mais nous travaillons avec une vraie croyance que ces enfants sont nos enfants, les familles qui souffrent sont les membres de nos familles. Nous ne permettrons pas que cela continue. »
Aucune impunité pour les forces négatives
Le Procureur de la CPI a également averti que aucun groupe armé ou force négative ne bénéficiera d’un « chèque en blanc ». « Tous les groupes armés, toutes les forces armées et leurs alliés doivent se conformer aux lois et aux normes internationales. La loi doit être effective. Personne ne peut attaquer les civils et blesser les gens impunément », a-t-il insisté.
Il a rappelé que la CPI est engagée en RDC depuis 2004 et a déjà mené des procès et des condamnations contre des seigneurs de guerre responsables de violations du droit international. « Les Congolais sont aussi précieux que les populations d’Ukraine, d’Israël ou de la Palestine. Je suis là pour poursuivre le processus entamé avec le président Tshisekedi et travailler avec tous les acteurs concernés », a-t-il ajouté.
Une collaboration avec les acteurs locaux et internationaux
Karim Khan a souligné l’importance d’une collaboration étroite avec tous les acteurs, y compris le gouvernement, les médias, la société civile et les populations de toutes les régions de la RDC. « La CPI a besoin de l’aide de tous, sans distinction de langue, de religion ou d’appartenance politique, pour construire quelque chose de durable. Cela demande une détermination collective », a-t-il déclaré.
Il a également rencontré des membres du gouvernement congolais, la représentante du secrétaire général des Nations Unies et cheffe de la mission de stabilité de l’ONU en RDC, Bintou Keita, ainsi que des représentants de la société civile.
Accueil à Kinshasa
À son arrivée à Kinshasa, Karim Khan a été accueilli par le procureur général près la Cour de cassation, Philémon Mvonde, le chargé de mission du chef de l’État, Félix Tshisekedi, et point focal de la CPI, ainsi que par l’auditeur général militaire de la RDC. Cet accueil témoigne de l’importance accordée à la visite du Procureur de la CPI et à son engagement pour la justice et la paix en RDC.
Conclusion
La visite de Karim Khan en RDC marque un moment crucial dans la lutte contre l’impunité et pour la restauration de la paix dans un pays meurtri par des décennies de conflits. Son message, « Trop c’est trop », reflète l’urgence d’agir pour protéger les populations civiles, en particulier les enfants, et pour mettre fin à la violence qui ravage l’Est du pays. Avec le soutien de la communauté internationale et une collaboration étroite avec les acteurs locaux, la CPI espère contribuer à un avenir plus stable et plus juste pour la RDC.