Genève, 07 février 2025 – Lors de la 37ᵉ session extraordinaire du Conseil des droits de l'homme à Genève, Patrick Muyaya, ministre congolais de la Communication et des Médias, a pris la parole pour dénoncer les violations des droits de l'homme qui sévissent dans l'Est de la République démocratique du Congo (RDC). Il a plaidé en faveur de la création d'une Commission internationale d'enquête afin d'examiner les atrocités commises dans cette région dévastée par des décennies de conflit.
Dans son allocution, Muyaya a souligné l'importance d'établir les responsabilités concernant ces crimes et a appelé à des recommandations concrètes pour tenir les auteurs responsables. "Nous devons adopter des mesures concrètes pour prévenir de telles violations à l'avenir", a-t-il affirmé, insistant sur la nécessité d'améliorer les mécanismes de surveillance et de coordination entre la MONUSCO, les forces de sécurité congolaises et les acteurs régionaux.
Il a également insisté sur l'urgence d'assurer un accès humanitaire immédiat et sans restriction pour répondre aux besoins vitaux des populations touchées, notamment en matière de soins médicaux et de prévention des épidémies telles que le choléra et le Mpox.
▎Appel à la responsabilité du Rwanda
Le ministre a mis en lumière le rôle du Rwanda dans le conflit, accusant le pays voisin de soutenir le groupe armé M23. "Le soutien du Rwanda au M23, documenté à plusieurs reprises par le groupe d'experts du Conseil de sécurité des Nations Unies, a alimenté les violences dans l'Est de notre pays depuis plus de 30 ans", a-t-il déclaré. Il a appelé le Conseil des droits de l'homme à tenir le Rwanda responsable des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité, notamment le dépeuplement forcé des populations locales et leur remplacement par d'autres groupes.
Cette accusation s'inscrit dans un contexte où la lutte pour le contrôle des ressources minières stratégiques en RDC exacerbe les tensions. "Il est urgent d'exercer une pression internationale pour que le Rwanda cesse son soutien", a-t-il ajouté.
▎La situation alarmante sur le terrain
Le Haut Commissaire des Nations-Unies aux droits de l'Homme, Volker Türk, a également pris la parole pour souligner l'implication généralisée dans le drame qui se déroule à l'Est de la RDC. Il a alerté sur le fait que le M23 et l'armée rwandaise recherchent activement les journalistes et les activistes des droits de l'homme qui osent critiquer leur action.
La représentante spéciale du Secrétaire général de l'ONU en RDC, Bintou Keita, a quant à elle évoqué la prise de la ville de Goma le 27 janvier dernier, qui a été précédée de combats sanglants ayant causé la mort d'au moins 2.900 personnes et plus de 3.000 blessés.
La situation dans l'Est de la RDC reste critique, avec un besoin urgent d'interventions internationales pour protéger les civils et mettre fin aux violences qui perdurent depuis trop longtemps. Le discours de Patrick Muyaya au Conseil des droits de l'homme souligne non seulement la souffrance des populations locales mais aussi l'importance d'une réponse collective face à cette crise humanitaire.