La République Démocratique du Congo (RDC) a officiellement adressé une lettre aux clubs de football européens Arsenal FC, Paris Saint-Germain (PSG) et Bayern Munich, leur demandant de mettre fin à leurs partenariats avec "Visit Rwanda", qualifiés de "entachés de sang".
Un sponsoring financé par l’exploitation illégale de minerais
Dans cette lettre signée par la ministre des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner, la RDC met en cause le rôle du Rwanda dans la guerre qui ravage l’Est du pays et accuse le gouvernement rwandais d’utiliser les revenus issus de l’exploitation illégale de minerais congolais pour financer ces partenariats de prestige.
Selon la ministre, un rapport de l’ONU a confirmé la présence d’au moins 4 000 soldats rwandais actifs en RDC et a révélé que plus de 150 tonnes de coltan ont été frauduleusement exportées vers le Rwanda, puis mélangées à la production locale.
« Votre sponsor est directement responsable de cette misère. Des milliers de personnes sont actuellement piégées dans la ville de Goma, avec un accès limité à la nourriture, à l’eau et à la sécurité. D’innombrables vies ont été perdues : viols, meurtres et vols y règnent. » — Thérèse Kayikwamba Wagner à Arsenal FC.
Un financement lié au pillage des ressources congolaises
Le gouvernement congolais estime que le pillage des ressources minières par le Rwanda génère près de 1 milliard de dollars US par an, un revenu qui ne sert pas à financer le développement économique du pays, mais à entretenir son expansion militaire en RDC et à s’offrir une image positive à l’international via des campagnes de sponsoring.
La RDC appelle les clubs concernés à enquêter sur l’origine réelle des fonds utilisés par le Rwanda pour ces partenariats, notamment en lien avec l’aide internationale.
« Si ce n’est pour votre propre conscience, faites-le pour les victimes de l’agression rwandaise. »
Un précédent diplomatique et moral pour le football européen
L’enjeu de cet appel va au-delà du football : il pose une question d’éthique et de responsabilité sociale pour les clubs européens qui acceptent des financements issus de pays impliqués dans des conflits meurtriers.
Ce n’est pas la première fois que des organisations internationales dénoncent le "sportswashing", une pratique où des États utilisent le sport pour améliorer leur image à l’international tout en cachant des violations des droits humains.
La pression diplomatique exercée par la RDC pourrait inciter les clubs concernés à réexaminer leurs accords commerciaux et à prendre position sur une guerre qui a déjà causé des millions de victimes en Afrique centrale.
