La représentation diplomatique du Rwanda à Bruxelles est officiellement fermée, trois jours après la rupture unilatérale des relations diplomatiques entre le Rwanda et la Belgique. Un journaliste de l’ACP a constaté sur place, jeudi 20 mars 2025, que le bâtiment de l’ambassade, surnommé « Rwanda House », était désert, avec les grilles cadenassées, les portes closes et les volets baissés. Cette fermeture intervient dans un contexte de tensions croissantes entre Kigali et Bruxelles, après que l’Union européenne (UE) a imposé des sanctions sévères au Rwanda pour son implication présumée dans la déstabilisation de l’est de la République démocratique du Congo (RDC).
Une rupture diplomatique unilatérale
Le Rwanda a rompu ses relations diplomatiques avec la Belgique le 17 mars, accusant Bruxelles d’être à l’origine des sanctions européennes. Le gouvernement rwandais a déclaré les diplomates belges « personae non grata » et a fermé son ambassade à Bruxelles. Cette décision intervient après une série de mesures restrictives prises par l’UE contre des responsables rwandais et des dirigeants du mouvement rebelle M23, accusés de soutenir les violences dans l’est de la RDC.
Le Rwanda a également profité de cette occasion pour dénoncer le rôle historique de la Belgique dans la création d’un « extrémisme ethnique » qui a conduit au génocide contre les Tutsi en 1994. Cette accusation rappelle les tensions historiques entre les deux pays, liées au passé colonial et aux événements tragiques des années 1990.
Une réaction belge « disproportionnée »
La Belgique a qualifié la décision rwandaise de « disproportionnée » et a répondu en prenant des mesures similaires contre les diplomates rwandais. Bruxelles a également dénoncé les accords de coopération gouvernementale avec Kigali, marquant une détérioration significative des relations bilatérales.
Cependant, malgré la rupture des relations diplomatiques avec la Belgique, le Rwanda maintient ses relations avec les institutions de l’UE, dont le siège est à Bruxelles. Il est donc possible que des diplomates rwandais continuent d’opérer dans la capitale belge pour représenter leur pays auprès de l’UE, voire de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN).
Une situation pas tout à fait inédite
Cette situation n’est pas sans précédent. Entre 2003 et 2006, la République démocratique du Congo avait également deux représentations diplomatiques à Bruxelles : l’une auprès de l’État belge et l’autre auprès des institutions de l’UE. Ces deux ambassades ont été fusionnées après les élections de 2006, mettant fin à cette dualité.
Aujourd’hui, il est possible que le Rwanda adopte une approche similaire, en maintenant une présence à Bruxelles pour ses relations avec l’UE tout en fermant son ambassade auprès de l’État belge. Cette stratégie permettrait à Kigali de continuer à participer aux discussions européennes tout en exprimant son mécontentement envers la Belgique.
Les implications de la fermeture
La fermeture de l’ambassade du Rwanda à Bruxelles a des implications immédiates pour les citoyens rwandais en Belgique, notamment en ce qui concerne les services consulaires tels que la délivrance de visas. Les Rwandais résidant en Belgique devront probablement se tourner vers d’autres représentations diplomatiques ou consulats pour obtenir de l’aide.
Par ailleurs, cette décision souligne l’isolement croissant du Rwanda sur la scène internationale, en particulier après les sanctions de l’UE. Le gouvernement rwandais, dirigé par Paul Kagame, doit désormais faire face à une pression accrue pour justifier ses actions en RDC et rétablir des relations diplomatiques stables avec ses partenaires internationaux.
Une lueur d’espoir ?
Malgré les tensions actuelles, il reste possible que les relations entre le Rwanda et la Belgique soient rétablies à l’avenir. Les deux pays ont un intérêt commun à maintenir des liens économiques et politiques, notamment dans le cadre de la coopération régionale en Afrique centrale.
En attendant, la fermeture de l’ambassade du Rwanda à Bruxelles marque un tournant dans les relations entre les deux pays et rappelle les défis auxquels fait face le Rwanda dans un contexte de sanctions internationales et de tensions régionales. Les populations de l’est de la RDC, quant à elles, continuent de subir les conséquences dévastatrices du conflit, espérant une issue rapide à cette crise qui dure depuis trop longtemps.