En décidant de faire le trajet Kisangani-Goma par route

Le retour de la paix dans les localités jadis sous contrôle du M23 est une réalité. Alors que l’odeur de la poudre infeste encore cette partie du territoire national, le chef de l’Etat, Joseph Kabila Kabange, a décidé de braver l’inconnu. Sans doute, pour rassurer la population meurtrie sur le retour à la vie normale dans leurs milieux respectifs. Kisangani-Goma, c’est le trajet qu’effectue le président de la République, par route. Le périple est symbolique. Car, il s’agit de redonner confiance à une population longtemps brimée par divers groupes rebelles. Mais, il est aussi d’une portée politique indéniable. Ce faisant, Joseph Kabila se positionne en pacificateur de l’Est.

En route pour Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, le président de la République, Joseph Kabila Kabange, a surpris plus d’un en décidant de prendre la route au départ de Kisangani, chef-lieu de la Province Orientale, pour rejoindre le chef-lieu de la province du Nord-Kivu. Comme en 2009 lorsqu’il est allé inspecter les travaux de rénovation de la route Kisangani-Bunia, le chef de l’Etat a choisi une fois de plus la route pour être en contact avec la population meurtrie de cette partie du territoire national.

La symbolique d’un voyage

Après plus de 600 km parcourus au volant de sa Jeep 4x4, Joseph Kabila a, selon son entourage, rejoint dimanche la ville de Bunia, district de l’Ituri. D’autres 600 km étaient encore à parcourir par route pour arriver à Goma. Apparemment, c’est le trajet le plus difficile avant la destination finale. L’étape est fatidique, car la route plonge au cœur même des zones de tensions de la province du Nord-Kivu.

Le premier obstacle qui se présentera devant le chef de l’Etat est assurément la traversée du parc national des Virunga, miné de divers groupes armés et diverses milices. Mais, malgré tous ces impondérables, Joseph Kabila, en bon pèlerin, s’est fixé un défi. Et il entend le relever pour davantage rassurer la population – quelque peu sceptique – sur sa détermination à ramener la paix dans l’Est.

A y regarder de plus près, le périple de Joseph Kabila apparaît comme un message de fin effective de la guerre. Et cela justifie le choix de l’axe Kisangani-Goma par voie routière. Il voulait se r assurer de la pacification retrouvée. Autrement dit, le président de la République est porteur d’un message de paix.

C’est ce qu’il a fait à Kisangani, première étape de cette visite de terrain. Il le répète partout où il passe, bravant les obstacles de tous genres, tenant en mains le bâton de pèlerin. C’est le cas du tronçon Kisangani-Bunia qui n’a pas ébranlé la détermination du président de la République alors que sur cet axe existent encore des groupes armés réfractaires.

Comme il y a quatre ans, ce trajet en voiture a tout d’un accent politique. C’est en pacificateur que Kabila est allé se présenter aux populations de l’Est de la RDC. Il s’agit surtout de prouver le retour de l’autorité de l’Etat dans une zone qui a longtemps échappé au contrôle de la puissance publique. La désintégration du M23 a marqué un tournant décisif dans l’effort de pacification de la partie Est.

En décidant d’atteindre Goma par la voie routière, alors que les alentours de Goma sont des zones essaimées de plusieurs groupes armés, Joseph Kabila voudrait aussi se montrer rassurant vis-à-vis de son peuple. C’est également une belle manière de renforcer le moral des troupes au front. Mais, le geste posé par le chef de l’Etat est surtout orienté vers la population où des milliers de déplacés errent encore dans les brousses du Nord-Kivu.

La guerre étant terminée, et le territoire étant désormais sécurisé, Joseph Kabila est le premier à faire le premier pas. Une façon de motiver les populations en errance à rentrer chez, l’ennemi ayant été neutralisé.

Si certains groupes armés tardent encore à rejoindre le train de la paix, dans les milieux des FARDC, l’on multiplie les appels à une reddition pacifique, à défaut d’une contraindre par la force. Depuis Goma, le chef d’Etat-major des FARDC, le général d’armée Didier Etumba, l’a d’ailleurs confirmé dans un communiqué diffusé le mercredi 20 novembre.

De Kisangani jusqu’à Goma, les défis de la reconstruction sont également énormes. Sur ce trajet, le chef de l’Etat fera certainement la comptabilité des urgences à résoudre, notamment en termes de route, d’accès à l’eau potable, à l’électricité… Dans ces zones meurtries, pourtant riches en ressources naturelles, tout est à refaire.

Le Conseil des ministres, prévu également à Goma, pourrait aborder ces urgences. Mais, aux dernières nouvelles, l’on a appris que ce Conseil a été reporté à une date ultérieure.

Un plan d’urgence de reconstruction

N’empêche que le plan d’urgence de reconstruction des zones sinistrées de l’Est a fait l’essentiel de l’entretien que le Premier ministre, Matata Ponyo Mapon, a eu hier lundi, en son cabinet de travail, avec deux directeurs des opérations de la Banque mondiale (BM) dans la région des Grands Lacs. Eustache Ouayoro, directeur des opérations de la BM pour la RDC et le Congo/Brazzaville ainsi que Bouthenia Guermazi, sa collègue pour la Tanzanie, l’Ouganda et le Burundi, se sont longuement penchés sur la question avec le chef du gouvernement de la RDC.

L’on se rappelle que lors de leur passage en mai 2013 dans la région, Jim Yong Kim, président de la BM, et Ban Ki-moon, secrétaire général des Nations unies, ont promis d’apporter un (1) milliard Usd pour soutenir les projets de développement dans la région, en complément, ont-ils indiqué, aux diverses initiatives de paix déployées dans la région. Pour l’instant, l’heure est donc à la concrétisation de cette promesse.

Cependant, aux émissaires de la BM, Matata a fait comprendre qu’il était important que la RDC, lourdement affectée par la guerre, puisse être le grand bénéficiaire de cette manne financière.

C’est dire que, de part et d’autre, des initiatives de soutien à l’effort de pacification de l’Est se mettent déjà en place. En décidant d’effectuer le trajet Kisangani-Goma par route, le chef de l’Etat a vu juste. Ce parcours lui permettra non seulement de se faire une idée de grands défis de reconstruction mais aussi de redonner espoir à la population, après des années de guerre.

C’est donc en pacificateur que Kabila se présente aux populations de l’Est.

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