Pendant que les FARDC (Forces Armées de la République Démocratique) et la Monusco (Mission des Nations Unies au Congo) s’emploient à nettoyer le Nord-Kivu des forces négatives, nationales comme étrangères, dans la droite ligne de l’Accord-Cadre d’Addis-Abeba signé il y a une année, un mauvais signal est venu assombrir le tableau. Il s’agit de la décision des autorités politiques et militaires congolaises de transférer à la base militaire de Kitona, au Bas-Congo, depuis le mardi 25 février 2014, 250 ex-combattants de 23 groupes armés dont APCLS, Nyatura, Maï-Maï Kifuafua, Raïa Mutomboki, etc.

Ceux-ci, apprend-on, étaient cantonnés au centre de regroupement de Bweremana, où ils étaient devenus incontrôlables. Indisciplinés, tueurs, pilleurs, violeurs, voleurs : voilà comment sont peints ces hors-la-loi dont le départ du Nord-Kivu a été salué par des manifestations de joie indescriptibles de la part des autochtones. L’hystérie générale observée chez les populations du Nord-Kivu traduit leur ras le bol face aux violences et tracasseries de toutes sortes subies durant plusieurs mois de la part de ces miliciens.




Tout porte à croire que leur mutation pour Kitona est le prélude à leur intégration au sein de l’armée nationale, après une formation civique et militaire appropriée. Et, c’est ici que le bât blesse. L’on n’arrive pas à comprendre l’option des décideurs politiques et de la hiérarchie militaire de placer sous le drapeau des criminels, qui n’ont appris qu’un métier dans leur vie : celui de tuer, piller, violer et voler.

Leur séjour peu glorieux au centre de Bweremana aurait dû logiquement inciter les gestionnaires des affaires militaires et sécuritaires à la prudence. Comment va-t-on réaliser le « brassage » ou le « mixage » entre les troupes loyalistes et des éléments douteux qui, dans un passé encore récent, ont eu semer la mort et la désolation dans leurs rangs ? Quelle serait la réaction des officiers et soldats qui pourraient reconnaître, dans leurs nouveaux compagnons d’armes, des insurgés qui ont fait des morts, des blessés, des invalides, des veufs, des veuves… dans leurs rangs ?

Incontrôlables et incontrôlés au Nord-Kivu, où la hiérarchie militaire a elle-même reconnu le déficit de leur prise en charge, ces fils égarés vont-ils l’être à Kitona ? Sauront-ils résister à la tentation de tuer, de piller, de violer au Bas-Congo…s’ils venaient à manquer de quoi se nourrir, se vêtir, se divertir ? Sauront-ils retrouver le sens de la discipline ? Il y a lieu de craindre que la base de Kitona et sa périphérie ne soient le nouveau théâtre des violences, au regard du palmarès noir laissé par ces anciens insurgés à l’Est du pays.

Une nouvelle armée avec des bandits indisciplinés ?

Depuis le Dialogue intercongolais, beaucoup d’encre et de salive a déjà coulé au sujet de la réforme de l’armée nationale. Au vu du scénario en cours à l’Est du pays, consistant à ouvrir toutes grandes les portes de cette « grande muette » aux bandits indisciplinés ayant fait la pluie et le beau temps au sein des groupes armés, l’on peut douter sérieusement de la volonté du Grand Congo de se doter d’une nouvelle armée, professionnelle et républicaine.

On se souvient qu’après la capitulation du M23, un officiel belge avait sèchement martelé qu’on ne rebâtit par une armée avec des indisciplinés. C’était une invitation plus qu’explicite aux autorités congolaises, qui s’apprêtaient à conclure les pourparlers de Kampala avec Sultani Makenga et ses compagnons, à ne pas tomber dans le piège de l’intégration de ces rebelles au sein de notre système de défense.

L’histoire récente nous que les opérations de « brassage » et « mixage » intervenues pendant la période de Transition (2003-2006) avaient préparé le lit de nouvelles rébellions concrétisées par les insurrections du CNDP (Conseil National pour la Défense du Peuple) du duo Nkunda-Ntaganda et du M23 de colonel Sultani Makenga, avec chaque fois l’Ouganda et le Rwanda à la manœuvre.

Au lieu de tirer les leçons du passé, marqué par les feuilletons d’infiltration des rangs et du commandement de notre armée par des étrangers, et des revers militaires provoqués par des trahisons à répétition de nos plans de bataille, certains esprits semblent persister à croire qu’un bandit armé peut être reconverti en soldat loyal.

Ni Kitona, ni Kananga, ni Kamina…



Si la RDCongo veut se mettre à l’abri de désagréables surprises dans les semaines et mois à venir, ses responsables civils et militaires devraient renoncer à l’idée, apparemment répandue, de vouloir absolument accorder une prime de guerre aux membres des groupes armés de l’Est. De l’avis de nombreux compatriotes, la place des ces mauvais garnements ne doit se trouver ni à Kitona, ni à Kananga, ni à Kamina. Désarmés et démobilisés, ces criminels d’hier devraient être canalisés vers les nombreuses prisons militaires de la République, afin qu’ils y apprennent à respecter la vie des autres, les biens publics, l’autorité établie, les institutions de la République.

La tolérance-zéro devrait être de stricte application à l’endroit des miliciens qui tentent de se faire passer pour des enfants de chœur, car incapables de résister aujourd’hui aux pressions que les FARDC et de la Monusco exercent sur eux. Tout cadeau doit être interdit à des individus qui ont, pendant longtemps, fait la sourde oreille aux appels au désarmement et à la démobilisation. Les Congolais veulent savoir si le pays est condamné à être éternellement trahi ou si l’heure de la construction de la paix a réellement sonné.

Kimp

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