Lambert Mende OmalangaRFI : Pourquoi cette nouvelle loi électorale est-elle importante, selon vous ?
Lambert Mende Omalanga : En 2011, nous en sommes sorties avec pas mal de contentieux et autres litiges. Plusieurs concertations ont eu lieu au niveau de l’opposition, de la majorité et de la société civile. Nous avons reçu moult rapports d’observateurs nationaux et étrangers et nous avons décidé de pouvoir revisiter le texte pour en extraire tout ce qui a pu rendre possible ce dysfonctionnement. Nous sommes surpris de voir que maintenant une partie de l’opposition s’y oppose.
RFI : Pourquoi conditionner la tenue de ces scrutins à venir notamment la présidentielle aux résultats du recensement ?
L.M.O. : C’est ce qui a été demandé par l’opposition d’abord. Nous n’avons fait que la rejoindre. C’est ce qui est fait dans le monde entier. Je ne connais pas de pays où on peut aller dans des élections législatives sans avoir, au préalable, dénombrer la population pour pouvoir répartir les sièges des représentants au prorata du nombre de la population. C’est ça l’équité électorale.
RFI : Selon les estimations qui circulent au sein de la communauté internationale, ce recensement prendra au minimum 20 mois. Est-ce que vous pensez tenir la présidentielle dans le délai imparti par la Constitution ?
L.M.O. : C’est l’effort que nous faisons. Au jour où nous parlons, ce n’est pas dans 20 mois que les élections vont se tenir. C’est dans plus de 20 mois. Donc, c’est un débat qui, à mon avis, est plus ou moins exagéré.
RFI : La Constitution prévoit que la présidentielle doit être organisée 90 jours avant la fin du mandat du Président. Le 2ème et dernier mandat du Président actuel prend fin à la mi-décembre 2016. Est-ce que ça vous paraît encore véritablement tenable ?
L.M.O. : Non madame. La Constitution prévoit la convocation du corps électoral par la Commission électorale 90 jours avant la fin du mandat du Président.
RFI : Donc, cela veut dire que la présidentielle pourrait se tenir en 2017
L.M.O. : Elle peut se tenir en 2016 comme elle peut se tenir en 2017. On a déjà vu ça aussi bien en 2006 qu’en 2011 et nous n’avions pas vu le ciel tomber sur nos têtes.
RFI : Donc, cela veut dire que le Président pourrait avoir un mandat qui dépasserait les 5 ans ?
L.M.O. : Nous avons aujourd’hui un Sénat qui a dépassé de trois ans le mandat qui lui a été attribué. Le ciel n’est pas tombé sur nos têtes, non plus !
RFI : L’opposition pense qu’il y aura le glissement du calendrier électoral. Vous-même, vous réalisez aujourd’hui que ça ne sera pas possible de tenir toutes les élections avant la fin de 2016.
L.M.O. : Je n’ai pas dit cela. Il est possible de tenir les élections avant la fin de 2016. C’est ce à quoi nous nous attelons. Ils sont tout simplement entrain de dramatiser les choses. Même dans cette hypothèse là, il n’y a pas péril en la demeure puisque dans la Constitution cela est bien prévu. Il n’y a aucune institution provinciale qui est encore dans son mandat. Le Sénat aussi n’est plus dans son mandat.
RFI : Pourquoi avoir voulu empêcher l’opposition à manifester dimanche et lundi son opposition à la loi électorale alors que ce droit est inscrit dans la Constitution?
L.M.O : Il y avait quelques centaines de personnes qui voulaient se diriger vers une zone neutre. Vous savez que les Palais de la République, tout comme dans d’autres pays de droit sont des zones qui sont déclarées neutres. On ne manifeste pas devant le Palais du peuple, on ne manifeste pas devant l’hôtel du gouvernement.
RFI : Qu’est-ce qui se passe au Katanga où il a été question du remplacement de plusieurs hauts fonctionnaires et quelle en est la raison ?
L.M.O. : Le gouvernement a estimé qu’il y avait des cas de flagrance de mauvaise gestion et des cas de corruption. On en parle depuis des années. Je pense que l’aboutissement des enquêtes a poussé le Président à tirer les conclusions, il y a, à peu près, une semaine, dix jours.
RFI : Donc, ce ne sont pas, du tout, les conséquences de propos tenus par le gouverneur Moïse Katumbi ; des propos qui étaient hostiles au 3ème mandat du Président Joseph Kabila ?
L.M.O : D’abord, le président Joseph Kabila n’a jamais dit à monsieur Katumbi qu’il était candidat à un 3ème mandat. Deuxièmement, je voudrais, à travers vos propos, vous confirmer que Moïse Katumbi serait le responsable de ces actes de prédation.
RFI : Ce n’est pas, du tout, ce que ma question sous-entend. Est-ce que vous, vous accusez ou vous soupçonnez le gouverneur Moïse Katumbi d’être à la tête de ce réseau de corruption que vous dénoncez ?
L.M.O. : Il y a des enquêtes qui sont en cours. Nous ne pouvons pas dire que tel est coupable ou ne l’ai pas. Il faut attendre.
RFI : En 2013, la Commission africaine des droits de l’homme et de peuple avait donné 180 jours à la RDC pour la notifier de la mise en œuvre de ses recommandations dont la plus importante était celle de libérer la quarantaine de personnes qui ont été condamnées en 2003 pour l’assassinat de Laurent-Désiré Kabila. Quatorze mois plus tard, pourquoi ne s’est-il encore rien passé ?
L.M.O. : Parce que nous n’avons aucune instance au dessus de la RDC. Nous ne sommes pas sous tutelle de l’institution dont vous parlez. Nous sommes un pays indépendant. Je pense que notre justice est la seule qui puisse prendre des décisions de cette nature là. Nous sommes très jaloux de notre autonomie.
RFI : C’est aussi la raison pour laquelle le gouvernement congolais n’avait jamais répondu aux demandes de requêtes d’informations de la Commission africaine des droits de l’homme et de peuple ; c’est parce que vous ne reconnaissez pas cette institution ?
L.M.O. : Non ! Nous la reconnaissons. Mais, nous refusons les injonctions de nos partenaires. Même qui sont de la communauté internationale. Les conseils, nous acceptons. Nous ne sommes pas à l’heure des injonctions.
RFI : Est-ce que c’est la raison pour laquelle les opérations contre les FDLR n’ont pas commencé malgré les injonctions du Conseil de sécurité des Nations unies ?
L.M.O. : Les opérations contre les FDLR ont été décidées par nous. Je peux vous rassurer qu’à ce niveau, nous sommes sur la même longueur d’ondes que le Conseil de sécurité. Mais, nous ne communiquerons pas pour le moment.
RFI : Auront-elles lieu en 2015 ?
L.M.O. : Elles auront lieu. Peut-être au moment où nous parlons, peut-être dans une semaine. Le choix est laissé aux experts de nos forces de défense et de sécurité.
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