POINT DE PRESSE DE MONSIEUR VALENTIN MUBAKE, CONSEILLER POLITIQUE DU PRESIDENT ETIENNE TSHISEKEDI WA MULUMBA

CONTEXTE GENERAL

La situation politique qui prévaut actuellement aussi bien au niveau du pays qu’à celui interne de l’UDPS préoccupe à juste raison,  certains d’entre vous qui s’interrogent sur différentes questions soulevées par ces préoccupations.

Ces préoccupations concernent,  d’une part,  la gestion interne du Parti en cette période de convalescence du Président du Parti, Monsieur Etienne Tshisekedi  wa Mulumba, et,  d’autre part, la position du Parti  et de son chef sur les sujets d’actualité notamment,  la recherche de l’impérium du pouvoir d’Etat, les alliances politiques, le sens à donner au  « dialogue » en politique congolaise, le processus électoral en cours, les problèmes sécuritaires à l’Est du Pays.

En notre qualité de conseiller politique du Président Tshisekedi, nous avons eu le privilège de partager  avec lui le résultat de ses réflexions sur l’ensemble de ces sujets et estimons par conséquent être dans l’obligation de porter à la connaissance de tous, les conclusions de ces échanges.

Voilà la raison de l’organisation par nous, en l’absence du Président Tshisekedi, de ce premier entretien avec les journalistes afin que la vraie, la bonne information, bref, l’opinion de l’UDPS et de son Chef sur les sujets d’actualité soit connue à travers vos différents organes de presse.

1.                LA GESTION AU QUOTIDIEN DE L’UDPS         

1.1.         L’Union pour la Démocratie et le Progrès Social « UDPS » fête ses 33 ans d’existence, ce  15 février 2015. L’UDPS a connu, tout au long de ce bout de chemin parcouru, des moments de joie mais aussi beaucoup de tristesse de devoir assister impuissant à l’incapacité de certains compagnons de route de continuer la marche vers la liberté, la route devenant de plus en plus rude et exigeant toujours beaucoup plus d’efforts physique, moral, voire spirituel. La foi en l’action entreprise en 1982 a fini par les quitter définitivement.

Des observations avisées de la scène  politique congolaise reconnaissent malgré tout que l’UDPS a depuis longtemps, représenté l’espoir du peuple congolais à travers son leadership crédible, exemplaire et constant dans la lutte contre les antivaleurs en République Démocratique du Congo. Rappelons que les 13 exemplaires, fondateurs de l’UDPS, déclarent avoir créé ce Parti pour l’instauration au Congo d’un Etat de droit démocratique c'est-à-dire,  celui où tout le monde se soumet à la loi qui est,  par conséquent,   au-dessus de tous ; les derniers événements survenus  du 19 au 21 janvier 2015 dans la plupart des grandes villes du pays justifient, s’il en était encore besoin, la poursuite par l’UDPS de ce noble combat qui reste d’actualité.

1.2.         La loi interne de l’UDPS (Statuts, Règlement Intérieur, Code d’Ethique) telle que décidée au premier congrès du Parti, modifiée, complétée et corrigée le 25 janvier 2013, confère la gestion du Parti à l’organe « Présidence du Parti » dont les deux acteurs majeurs demeurent le Président du Parti et le Secrétaire général du Parti. (Articles 22, 23 et 24 des statuts). 

Le Président du Parti est convalescent depuis presque 12 mois maintenant tandis que les voix se sont élevées contre le Secrétaire Général du Parti dans une déclaration de désaveu du 12/11/2014.

1.3.         Monsieur Etienne TSHISEKEDI est un humain et donc membre d’une famille biologique dont le premier devoir est celui de s’occuper, au mieux, de tout ce qui peut permettre un prompt recouvrement intégral de sa santé.

Par ailleurs, Monsieur Etienne Tshisekedi est également le Président d’un parti politique dont le rayonnement a depuis longtemps dépassé le cadre strictement familial ou partisan et en tant que tel, sa responsabilité de rendre  compte à la communauté nationale demeure un droit politique exigible à tout moment par cette dernière !

Ces deux « droits » ne peuvent, ne doivent pas être antagonistes.

Ainsi donc, il est vivement recommandé aux uns et autres  « ayant-droits » de mettre fin à la course effrénée actuelle, caractérisée parfois par des comportements répréhensibles car hautement préjudiciable à l’image du Parti et de son Chef qui,  pourtant,  incarnent, ensemble, l’espoir de tout un peuple.

Quant à  ce qui me concerne, je ferai dans les semaines à venir,  un voyage en Europe pour rencontrer  le Président TSHISEKEDI et échanger avec lui à ce sujet.

II.        LES SUJETS D’ACTUALITE

2.1. Les manifestations populaires de 19 au 21 janvier 2015

·                   Nous rendons hommage aux personnes tuées, peu importe leur nombre qui ne sera jamais connu, comme celui des combattants de la liberté tuées le 26/11/2011, fusillés comme des gibiers, marchant sur la route de l’aéroport pour accueillir le candidat TSHISEKEDI venant de Matadi pour aller clôturer ensemble par un meeting au stade, la campagne électorale des élections présidentielle et législatives !

Leur dossier vient d’ouvrir un nouveau chapitre dans le processus de judiciarisassions futures et certaines des criminels de sang qui circulent paisiblement dans notre pays. 

·                   Nous lançons un appel aux familles dont leurs enfants sont portés disparus depuis ces manifestations,  de signaler ces cas auprès des cellules de l’UDPS situées dans leurs quartiers.

·                   Nous rappelons à tous, l’article 28 de la Constitution de notre pays qui précise que personne, civil ou homme en uniforme, ne peut s’abriter dernière son statut de subalterne, pour justifier son acceptation d’avoir exécuté un ordre manifestant illégal et demandons par conséquent,  la libération sans condition des combattants de l’UDPS qui ont été arrêtés et demeurent détenus. Il s’agit de :

Ø    Monsieur Jean Marc KABUND, Président fédéral de l’UDPS/Kamina

Ø    Messieurs KAMBALE Moïse Cheche, MBUSA Moïse et KAKULE LUVUAHAGO, combattants de la Fédération de l’UDPS/Butembo ;

Ø    Monsieur Willy KABUYA, Président de la Ligue des Jeunes, UDPS/Mwene Ditu

·                   Il est essentiel de rappeler que la RDC est ce pays où les règles du jeu politique sont en permanence provisoires. Tel est le cas de la Constitution et de la loi électorale. Chaque fois qu’on s’approche des échéances électorales ou de  grands enjeux politiques, on voit surgir des théoriciens  du droit constitutionnel  pour présenter chacun ce qu’il prétend connaître. Chaque nouvelle université qui s’ouvre, de la manière que l’on sait, a au moins une faculté de droit que même des politiciens du Palais du peuple prennent d’assaut pour vite en sortir licenciés en droit. Les professeurs d’université versent dans la prostitution intellectuelle et se font même chahuter  par la rue !

·                   « Fraus omnia corrumpit », la fraude corrompt tout.

Ceux qui ont toujours reproché à l’UDPS de pratiquer la politique de la  chaise  vide en allant remplir les sièges de l’assemblée nationale ont été désillusionnés. En effet, le pouvoir de Kinshasa a comme caractéristique principale,  l’obsession de pouvoir se pérenniser  à tout prix ; ce pouvoir est par conséquent réfractaire à toute argumentation rationnelle, à tout débat constructif, bref, à tout dialogue.

Le retrait de l’alinéa controversé de l’article 8 du projet de loi électoral n’a pas été le résultat d’un débat à l’Assemblée nationale ; c’est la rue et elle seule qui a stoppé ce pouvoir qui se veut éternel à Kinshasa. Voilà pourquoi,  nous répétons que l’UDPS n’a pas de  délégués ni à la l’Assemblée nationale

, ni à la CENI.

·                   La communauté dite internationale doit désormais savoir qu’il existe aussi une opinion publique congolaise, qui demande à être respectée et surtout qui apprécie que ses choix soient aussi respectés au lieu d’être  amorphe, prêt à accepter n’importe quoi.

2.2. Le calendrier électoral global

§     Notre analyse du document intitulé « Décision n°001/CENI/BUR/15 du 12 février 2015 portant publication du calendrier des élections provinciales, urbaines, municipales et locales 2015 et des élections présidentielle et législatives relève les points saillants,  ci-après :

Ø    Ce document contient dans sa première partie un chronogramme de 151 tâches et dans sa deuxième partie, 23 contraintes externes qui pèsent sur la CENI pour l’organisation des élections.

Ø    Commençons par observer que la date retenue pour l’élection présidentielle (le 27/11/2016, tâche n°133=, viole l’article 73 de la constitution ; en effet pour le cas d’espèce, Kabila ayant prêté serment le 20 décembre 2011, les 90 jours avant la fin de son mandat tombent le 21 septembre 2016 ; le scrutin présidentiel ne peut être convoqué après cette date.

  • Nous rappelons que dans sa feuille de route de 2014, ces contraintes étaient dénommées ‘’exigences’’ par la CENI et aucune d’entre elles n’a jamais été satisfaite, jusqu’à ce jour. Il s’agit,  en fait,  de  PREALABLES pour  la faisabilité des élections  et donc aucune élection n’est acquise dans la situation actuelle.
  • Il y a lieu de relever la première contrainte qui démontre clairement la collusion entre la CENI et la ‘’Présidence de la République’’ dans la  pseudo coïncidence de la date de la promulgation de la loi électorale et celle du calendrier électoral. La CENI est un groupe d’intérêts au service du pouvoir en place au lieu d’être au service de la population.
  • Les dates retenues pour l’accomplissent des tâches sont fantaisistes, comme l’indique les tâches 4 et 11, par exemple ! Il en est  de même de la tâche n°9 relative à l’audit du fichier électoral dont la durée d’exécution de 20 jours est sous-estimée. La nouvelle loi électorale confie à la CENI le plein pouvoir d’organiser les élections précitées sur base de données relatives aux opérations d’enrôlement des électeurs stockés dans l’ancien fichier électoral de 2011 ; or,  ce fichier contient plus de 9,8 millions doublons (ou faux électeurs) sur le corps  électoral de 32.024.640 électeurs enrôlés au 21 juillet 2011,  soit plus de 20,6% de faux électeurs, lesquels constituent une réserve de voix pour le candidat du régime en place.
Dans ce cadre, il faut souligner que la falsification du nombre d’électeurs enrôlés dans 11 provinces du pays a pour conséquence,  la falsification du quotient électoral (nombre total d’électeurs enrôlés dans la province divisé par le nombre des sièges à pourvoir dans l’Assemblée Provinciale) ainsi que le nombre de  sièges à pourvoir par circonscription électorale (nombre total d’électeur enrôlés dans la circonscription électorale divisé par le quotient électoral). Les mêmes calculs devraient être refaits en ce qui concerne les élections urbaines, municipales et locales, en fonction du nombre total d’électeurs  enrôlés dans chaque entité.
En conclusion : la CENI devrait ajouter une nouvelle tâche relative à la « publication du rapport final de la société Belge SA ZETES relatif au nettoyage du fichier électoral clôturé,  le 28 octobre 2011 tout en précisant que l’audit dont mention à la tâche n°9 est un audit indépendant.
  • Dans sa feuille de route de 2014, déposée  officiellement au ‘’Parlement’’, la CENI avait estimé un budget total de 750 millions de dollars pour organiser toutes les élections du cycle électoral 2014/2015/2016 ; curieusement son budget actuel sollicité  se chiffre à 1.145.405.680$ sans donner une seule explication à cet accroissement de 65% du budget total.
  • Pour rappel, en 2014, le ‘’Parlement’’ avait voté pour la CENI un budget de 169 millions de dollars et au 31/12/2014, fin de l’exercice budgétaire, la CENI n’avait perçu que 50 millions de dollars sur les 169 millions votés !
  • Dans sa feuille de route de 2014, la CENI avait décidé que les circonscriptions électorales pour les élections locales soient les groupements ; le ministère de l’intérieur en avait dénombré plus de 7.500 (sept mille cinq cents) et l’on se demandait déjà comment en sortir techniquement et logistiquement car en 2011, la CEI était incapable de gérer correctement 169 (cent soixante neuf) circonscriptions électorales législatives !
Pour la nouvelle loi, les circonscriptions électorales sont les chefferies ; il y a en 1300 (mille trois cents) auxquelles il faut ajouter les Entités Territoriales Décentralisées (ETD) qui sont les communes et villes ; ce qui nous amènera facilement à plus de 3000 (trois mille) circonscriptions électorales pour environ 280.000 (deux cents quatre vingt mille) candidats à gérer pour les élections locales ! Avec quel personnel ? Avec quelle logistique dans ce laps de temps très court ?
En conclusion, le glissement du calendrier électoral tant redouté est toujours d’actualité et partant,  la possibilité pour Kabila de rester en place au-delà de 2016. 
-2.3. La traque des FDLR
* Les Forces Démocratiques pour la Libération du Rwanda, FDLR, sont installées dans notre pays depuis avril 1994, date de la défection suivie de la fuite au Congo via l’Est, du pouvoir hutu au Rwanda au profit d’un nouveau pouvoir essentiellement tutsi. Ce groupe, identifié comme ‘’forces négatives’’ par la Communauté internationale dans l’Accord de Lusaka de 1998 est composé principalement des ‘’Interahamwe’’, la  milice hutu responsable du génocide de plus de 1 millions de morts en 1994 au Rwanda.
* Ce génocide  a été perpétré par les rwandais contre d’autres rwandais ; aucune responsabilité directe ou indirecte du Zaïre/Congo,  ni des congolais n’a été engagée dans cette tragédie dont le règlement tend à transformer le Congo en exécutoire des conflits de cohabitation ethnique au Rwanda.
* La facture est inacceptable à tout point de vue : on ne compte plus le nombre de congolais massacrés depuis 2003 quand  le compteur indiquait déjà 6 millions, victimes diverses des guerres récurrentes imposées au Congo par ses voisins qui utilisent constamment le prétexte FDLR,  pour ce faire. Les dégâts environnementaux sur la faune, flore et l’ensemble de l’écosystème à l’Est du Congo sont énormes : les bouleversements démographiques et sociétaux sont déjà palpables au près de 2 millions des déplacés internes qui vivent comme des bêtes sauvages dans leur propre pays : pillage des ressources naturelles dans cette partie du pays, se transforme non seulement en crime organisé mais aussi en moteur de croissance économique des pays voisins : l’identité nationale ne correspond plus aux lois nationales en vigueur.
*  la mauvaise gestion de ce dossier à cause des complicités internes au Zaïre/Congo a donné naissance sur terrain,  à une multitude d’autres forces négatives congolaises du genre Maï-Maï, et étrangères dont les plus connues sont les ADF/NALU, LRA, FNL, MBORORO etc.…
* La nonchalance de la Communauté internationale à régler cette affaire trouve sa justification dans l’irresponsabilité des autorités congolaises, civiles et militaires, maintes fois compromises  dans différents trafics avec les différentes forces négatives tel que rapporté dans plusieurs rapports relatifs aux exactions ignobles commises contre la population. 
*On ne demande pas aux criminels armés, auteurs des actes aussi ignobles que ceux qui leur sont régulièrement imputables, un désarmement volontaire : on les traque par la force et ceux qui auront survécu parmi eux, auteurs présumés des crimes documentés,  du reste,  dans plusieurs rapports ad hoc, sont traduits devant les juridictions compétentes. C’est le seul traitement applicable en pareil  cas. Malheureusement, les 13 années de séjour de la MONUSCO au Congo, qui coïncident,   curieusement,  avec la durée du siège de Kabila à la tête du pays ont été caractérisés par un ‘’attentisme déconcertant’’ face à un drame qui n’a d’autre nom que le ‘’génocide oublié des congolais’’.
* La responsabilité première de la persistance de ces forces négatives incombe constitutionnellement au pouvoir en place. De plus,  il n’ a manifesté aucune volonté réelle de s’investir pour mettre fin à cette tragédie à ses yeux inexistante ; le pouvoir en place s’est même permis de s’en servir en scène humoristique en déclarant, il y a quelques années, que les FDLR seraient au nombre de 6.000, chèvres comprises (sic) !
Aujourd’hui, le nombre des FDLR avancé par la MONUSCO et le pouvoir en place est de 1.600 personnes ; où sont passés les autres ?
  • Les tueries de Beni (plus de 300 morts en 3 mois) sont révélatrices de cette chape de plomb qui entoure les groupes armés à l’Est du Congo dans un but clair de déstabilisation programmée de cette partie du pays. La version officielle des assaillants ADF/NALU ne tient plus la route et l’on est en droit de se demander à qui profitent ces crimes odieux ?
  • Dans sa dernière prestation devant la presse, le porte-parole du pouvoir actuel de Kinshasa avoue, sans que ses propos n’émeuvent outre mesure le Procureur Général de la République, que ces assaillants bénéficient des complicités internes au sein de quelque hiérarchie du pouvoir.
Ainsi donc, l’éradication des forces négatives à l’Est du Congo est impossible avant le changement radical du pouvoir en place à Kinshasa.
 Fait à Kinshasa, le 14 février 2015  
Valentin MUBAKE,
Conseiller Politique du Président Tshisekedi




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