Et si André Kimbuta avait raison !
De toutes les souffrances qu’un homme puisse vivre, la trahison est sans doute l’une de celles qui laissent les cicatrices les plus profondes. Joseph-Désiré Mobutu Sese Seko qui en a subi l’épreuve en 1996, n’a pas su contenir son émotion manifestée en larmes : « Ils m’ont poignardé par le dos ». Pour sa part, Joseph Kabila dont les jours de fin de règne se trouvent comptabilisés à rebours, doit affronter le défi de surmonter la blessure que vient de lui assener quelques-uns de ses amis politiques. Dans une lettre à la sauve-qui-peut, une frange de ses proches a ostensiblement choisi d’agir la formule de Judas Iscariote envers le Christ, et comme des généraux FAZ envers Mobutu. Kyungu wa Kumwanza en tête et les autres membres du fameux « G7 » ont été des années durant des pions majeurs de la majorité présidentielle. Aujourd’hui, ils veulent déserter pour tenter une nouvelle aventure politique. Par quel cheminement ont-ils franchi les portes de la fronde ? Est-ce par vengeance à l’égard du Président Kabila qui ne les aurait pas aider à assouvir leurs ambitions ? Est-ce par adhésion aux valeurs de l’alternance qui se projette à l’horizon ou est-ce par simple opportunisme politique ?Le 22 mars 2015, Kingakati a été le théâtre d’un immense retournement politique au sein de la Majorité Présidentielle. Ce jour de dimanche, dans sa ferme privée, Joseph Kabila Kabange, Autorité morale de la coalition actuelle au pouvoir en RDC et chef d’orchestre de la construction d’une vision d’un Congo Emergent en 2030 a été trahi par une frange importante de ses alliés politiques. Pour nombre d’analystes, la désillusion dans le camp présidentiel est énorme ; la perte de confiance les uns envers les autres a pris de l’ampleur au risque de briser ce rêve commun cher au Raïs de faire du Congo un pays émergent à l’horizon 2030.
Convaincus que des pans entiers de leur vie étaient en train de s’écrouler, si pas de tomber en morceaux, les « frondeurs de la MP » ne sont pas allés par quatre chemins pour afficher les préoccupations de leur survie politique, faisant fi de l’obligation qui leur incombe d’accompagner le Raïs jusqu’à la fin de son mandat. Cette décision d’abandonner le navire « Majorité Présidentielle » au milieu des vagues a été perçue par leurs pairs comme un acte de trahison. Les propos du gouverneur Kimbuta tenus à Kingakati à l’encontre des frondeurs et rapportés par des fins limiers dans les réseaux sociaux sont sans équivoque à ce sujet: « Vous êtes des traitres ».
Dans ce genre de situation de reniement politique, il est souvent difficile de restaurer la confiance au sein du groupe et de s’enthousiasmer à nouveau des amis qui se montrent compromettants et hypocrites , voire de réapprendre à se fier à son jugement personnel en tant que leader d’un groupe pour éviter de revivre une telle situation, parce que le reflet des autres devient souvent plus important que ce que nous pensions de nous-mêmes, comme qui dirait, faire confiance aux hommes c’est déjà se faire tuer un peu . Les rodomontades de Kimbuta à l’endroit des frondeurs sont donc tombées à point nommé. Plutôt que de rechercher les moyens de ressouder l’équipe, les frondeurs, emportés par une colère enflammante ont choisi délibérément de griller le bouillant Gouverneur de Kinshasa par une violence langagière à l’aveuglette, mettant ainsi à nu l’existence d’une crise grandiose qui sévit au sein de la Majorité présidentielle et la finitude de la discipline et de la cohésion à l’endroit et autour de l’autorité morale. C’est avec un sentiment de mépris et de haine profonde que les « traîtres » poursuivent leurs diatribes à l’encontre du Gouverneur André Kimbuta, comme en témoigne cette campagne médiatique avilissante orchestrée à travers les réseaux sociaux. Plutôt que de rester dans un état d’isolement où veulent le placer les « frondeurs », Joseph Kabila peut continuer encore à faire confiance en ses quelques amis, à compter du bout des doigts, qui ont témoigné de leur loyauté et lui sont demeurés fidèles.
Le peuple congolais est loin d’oublier l’art de retrouver la veste, très chère aux principaux frondeurs et dont toute la vie politique en est l’illustration. « Ceux qui avaient, hier agi de la sorte envers le groupe de 13 parlementaires, puis envers le Mouvement de la Libération du Congo de Jean-Pierre Bemba ne méritent plus la confiance du Raïs », affirment des jeunes kabilistes. A l’instar de ces partisans du Raïs, beaucoup d’autres Congolais ne cachent pas leur déception face à la versatilité de nos acteurs politiques, qu’ils soient du pouvoir ou de l’opposition. « Un parapluie ne peut pas arrêter la pluie, mais nous aide à rester sous la pluie. La confiance ne peut pas apporter le succès, mais il donne le pouvoir de relever n’importe quel défi. »… Mais pas en politique.
(Muna Da Angoshi/Cp)
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