*C’est déjà le quatrième jour depuis que le Président Joseph Kabila consulte les acteurs sociaux et politiques au Palais de la Nation. On a l’impression d’entendre se répéter les mêmes déclarations au sortir des audiences. Les membres du Bureau de la CENI, la Commission d’Intégrité et de Médiation Electorale (CIME) et Ne Muanda Nsemi de Congo Pax ont eu l’occasion, hier, mercredi 3 juin, de présenter au Président de la République leur appréhension du dialogue. Ce jeudi 4 juin, il est prévu que Joseph Kabila s’entretienne avec les chefs des partis et regroupements politiques. Azarias Ruberwa du RCD et José Makila sont déjà annoncés au Palais de la Nation.
On pouvait bien se demander ce qu’est venu faire, pour la seconde fois au Palais de la Nation, en l’espace de deux jours, le Révérend Elebe de l’église Kimbanguiste. Il conduisait, cette fois-ci, la délégation de la CIME auprès du Président de la République, très bien entouré par ses principaux collaborateurs. Elebe approuve totalement les consultations engagées par Joseph Kabila pour autant qu’elles cadrent avec la mission dévolue à la Commission d’Intégrité et de Médiation Electorale. C’est une structure qui réunit les différentes confessions religieuses, exception faite des catholiques qui ont suspendu leur participation.
Le Bureau de la CENI, sans son Président Malumalu, toujours aux petits soins à l’étranger, en Afrique du Sud, apprécie à sa juste valeur le dialogue du Président Kabila. Une aubaine pour la CENI qui affirme vouloir organiser des élections dans un climat apaisé. Depuis le 12 février, lors de la publication du calendrier électoral qualifié de global, le Bureau de la CENI avait mis en avant, une série de contraintes susceptibles d’impacter négativement sur le déroulement des opérations électorales. Parmi lesquelles, la question du financement des élections. Le coût total de 11 scrutins directs et indirects est évalué à près d’un milliard et demi de dollars américains. Le Bureau de la CENI a sollicité l’implication du Chef de l’Etat. Message, visiblement, entendu. Puisque Joseph Kabila a promis de faire figurer la question au Conseil des Ministres qu’il présidera personnellement demain vendredi 4 juin.
Ne Muanda Nsemi ne croit pas un seul instant que dans les conditions actuelles, la CENI soit en mesure d’organiser des élections crédibles. Ce Député national qui est à la fois, Président national de Bundu dia Mayala et Chef spirituel de la BDK, interdite de fonctionnement, est partisan de la table rase. Au fait, qu’a-t-il voulu dire ? Demande-t-il la mise en place d’une nouvelle CENI ? C’est probable. Mais, sur le plan du fond, Ne Muanda Nsemi, en scientifique, parle d’un fichier électoral truffé des virus. Il y a, également, cette revendication au sujet de l’enrôlement des jeunes majeurs, environ 9 millions d’électeurs potentiels.
Les discussions devraient prendre la vitesse de croisière, ce matin, avec les partis et regroupements politiques. Selon plusieurs analystes, les consultations avec les églises et les Ong sont considérées simplement comme un avant-goût. Car, les églises ne convoitent pas le fauteuil présidentiel. Ce sont, plutôt, les partis politiques d’Opposition qui posent des revendications difficiles. Or, l’Opposition est divisée sur la question de l’opportunité du dialogue. Il y a des partis qui rejettent l’invitation du Président Joseph Kabila. L’UDPS, par exemple, est favorable au dialogue sous une médiation internationale. Le MLC, l’UNC, le MPCR et d’autres formations politiques, jusqu’hier, n’avaient pas encore changé de position. On en saura un peu plus à la tombée de la soirée d’aujourd’hui.
La Pros.