C’est un signal fort envoyé aux défenseurs du » glissement » qui tiennent à un passage en force pour rester au pouvoir au-delà du délai constitutionnel
Selon des sources dignes de foi basées au Kongo-Central, le député Ne Muanda Nsemi a essuyé des jets de pierres dans la ville de Moanda par la population venue nombreuse suivre son message relatif à une nouvelle transition de trois ans, avec à sa tête Joseph Kabila, un » glissement collectif » pour permettre à la République démocratique du Congo d’organiser de » bonnes » élections.
Farouchement opposée à cette démarche suicidaire pour la démocratie congolaise, la population de Moanda a immédiatement manifesté son refus. Plusieurs personnes ont publiquement boudé en poussant des cris de manière à empêcher l’orateur de poursuivre ses propos.
Dans la foulée, le public a commencé à lancer des pierres sur la tribune où se trouvait Ne Longi Ya Congo, et c’était la débandade totale. Le leader Ne Kongo, pris pour cible, était obligé d’arrêter le meeting, car la population était en furie.
Alors que la situation s’empirait, la police est intervenue pour disperser les manifestants. Le pire a été ainsi évité.
Déjà à Kinshasa, plusieurs acteurs et observateurs politiques congolais sont surpris par le volte-face de Ne Muanda Nsemi après avoir été » consulté » par Joseph Kabila dans le cadre d’un probable dialogue. A Moanda, la foule lui a aussi exprimé son désaveu par des jets de pierres.
Contredit par d’autres leaders Ne Kongo
Curieusement, beaucoup de leaders Ne Kongo ne partagent pas l’égarement politique de l’élu de la Funa. Même dans la famille politique de la Majorité présidentielle (MP), il est contredit, par exemple, par le professeur Christophe Lutundula Apala Pen Apala qui a personnellement effectué une descente à Luozi, fief naturel du gourou de » Dundu dia mayala » avec un message contraire. Pour ce député national, parler d’un troisième mandat pour Joseph Kabila c’est chercher à faire un coup d’Etat.
Pour leur part, les forces vives Ne Kongo de l’Opposition disent ne pas reconnaître l’homme qu’elles considéraient comme l’un des sages de la province. Le député national Fabrice Puela, originaire du Kongo-Central, l’a déclaré lors d’une émission télévisée de débat politique, de même que Jean-Claude Vuemba.
Dans les échanges devant les kiosques à journaux, d’aucuns se demandent comment celui-là même à qui le pouvoir avait imposé un embargo lui interdisant de se rendre au Kongo-Central, s’y rend tout à coup pour distiller des messages pro pouvoir, alors qu’il prétend être de l’Opposition.
Les analystes congolais n’hésitent pas de le considérer, désormais, comme le nouveau porte-parole de la Majorité, puisée stratégiquement dans l’Opposition, en vue de défendre la cause du » glissement collectif « , sous prétexte d’organiser de » bonnes » élections.
Le message est sans nul doute très bien compris par l’ensemble de la classe politique congolaise. Le peuple est devenu mature et mûr. Outre la réaction de Moanda, la démonstration de Kinshasa du 19, 20 et 21 janvier en est un exemple éloquent.
A Masimanimba, dans la nouvelle province du Kwilu, un leader qui se bat bec et ongles pour que Joseph Kabila reste au trône au-delà de 2016, a également été contredit par ses électeurs qui lui ont dit poliment qu’ils tiennent à l’organisation des élections dans le délai constitutionnel, et pour l’alternance en République démocratique du Congo en 2016.
Dans l’ancienne province du Katanga, ce sont des notables qui s’étaient exprimés par rapport à la même question. Le gouverneur et le président de l’Assemblée provinciale, sans compter d’autres personnalités importantes.
Dans les deux anciennes provinces de Kasaï, le discours du » glissement » ou d’un troisième mandat ne peuvent pas passer, quel que soit l’homme politique qui le prononce. Même chose pour l’ex Equateur acquis, jusqu’à ce jour, à la cause du sénateur Jean-Pierre Bemba Gombo. Après Kinshasa et le Kongo central, il reste à connaître comment vont réagir les autres provinces du pays.
Par Lefils Matady
Le direct