Les parlementaires congolais ont clôturé dimanche à Kinshasa une session extraordinaire sans que les deux chambres ne s'accordent sur un projet de loi électoral, rendant hypothétiques la tenue en octobre des élections locales.
Le 25 juillet, l'Assemblée nationale avait adopté ce projet de loi portant répartition des sièges par circonscription pour les élections municipales et locales. Mais vendredi, le Sénat l'a rejeté, l'estimant inconstitutionnel.
Dans son discours de clôture, le président de la chambre basse Aubin Minaku, chef de la majorité présidentielle, a rappelé que la convocation de la session extraordinaire avait été demandée par le chef de l’État lui-même afin "qu'on puisse organiser les élections de la base au sommet".
"Nous devons patienter avant de tirer les conséquences" de ce désaccord entre les deux chambres, a-t-il ajouté en s'adressant aux députés.
Théoriquement, en cas de désaccord entre le Sénat et l'Assemblée, c'est une commission paritaire, composée de députés et de sénateurs, qui doit trancher. Celle-ci ne devrait toutefois pas être désignée avant le 15 septembre. Si les représentants des deux chambres restaient alors en désaccord, c'est la position de l'Assemblée qui l'emportera.
Ce projet de loi avait été rejeté en juin en première lecture par les députés de la majorité et de l'opposition qui, offrant un front commun inhabituel, avaient renvoyé au gouvernement sa copie, estimant que le texte était bâclé.
Une fois le texte remanié, une session extraordinaire avait ensuite été convoquée. A l'ouverture de cette session le 2 juillet, les députés d’opposition ont exigé que ce projet de loi soit retiré du calendrier.
Le pays traverse une crise politique depuis la présidentielle de 2011, marquée par des fraudes massives, qui a reconduit à la tête de l’État Joseph Kabila, au pouvoir depuis 2001.
Aucun des scrutins qui devaient avoir lieu depuis lors - parmi lesquels les élections locales, instituées par la Constitution de 2006 - n'a été tenu.
Le climat politique est particulièrement tendu depuis plusieurs mois à l'approche d'une série d'élections au suffrage direct et indirect, censées démarrer en octobre avec les locales pour s'achever par la présidentielle en novembre 2016, à laquelle la Constitution interdit à M. Kabila de se présenter.
L'opposition et une partie de la majorité soupçonnent néanmoins le chef de l'État, qui entretient le doute sur ses intentions, de vouloir tout faire pour se maintenir au pouvoir au-delà du terme de son mandat.
Pour l'opposition, l'insistance du pouvoir à vouloir mettre en place ces élections locales, compliquées et jamais organisées dans le pays depuis l'indépendance en 1960, serait une manœuvre pour retarder la présidentielle.
Le direct