La semaine du lundi 28 septembre 2015 débute en RDC avec des interrogations sur des sujets d’actualité brûlante comme la caducité du calendrier électoral global, la tenue du dialogue politique devenu hypothétique et l’éventualité d’un référendum constitutionnel.
La semaine du 14 septembre a été dominée par la lettre ouverte des dissidents du G7 au Président de la République, Autorité Morale de la Majorité Présidentielle, dans laquelle ils exigeaient le respect absolu de la Constitution. Jusqu’à la fin du week-end, on en était encore à enregistrer les dégâts et les conséquences de l’acte posé par les dirigeants du G7. Pour la Majorité Présidentielle, les frondeurs se sont auto-exclus. La purge des pro-G7 a touché indistinctement le Gouvernement, les deux Chambres du Parlement, les Exécutifs provinciaux et, dans une certaine mesure, la petite territoriale. Plus d’une semaine après, chaque camp compte ses pertes. Dans la foulée, les postes laissés vacants par les membres du G7 ont été comblés. D’autres têtes couronnées, nommées Ministres et Vice-Ministres, ont fait leur entrée au Gouvernement. Matata Ponyo, le Premier Ministre, a conservé son poste. A l’Assemblée nationale où deux membres importants du Bureau ont démissionné, Aubin Minaku tient encore la route. Au Sénat, Léon Kengo semble n’avoir pas été perturbé outre mesure par le départ du Rapporteur Modeste Mutinga. Le 2ème Vice-Président, Cardoso-Philippe Losembe ayant choisi de désavouer le président de l’ARC, Olivier Kamitatu, pour conserver son poste. Après la floraison des déclarations de soutien à l’Autorité morale de la Majorité Présidentielle, lues à la télévision nationale, les questions de fond évoquées d’une manière ou d’une autre dans la lettre du G7 ont repris le dessus. Désormais, on ne s’en cache plus.
Un calendrier électoral devenu caduc
Depuis la publication, le 8 septembre dernier, de l’arrêt de la Cour Constitutionnelle obligeant la CENI à organiser en priorité, l’élection des Gouverneurs intérimaires, tout en autorisant le Gouvernement à prendre des mesures transitoires exceptionnelles pour administrer les 21 nouvelles provinces, la Centrale électorale n’a plus de calendrier à exécuter. Dans un communiqué rendu public, le Mercredi 23 septembre 2015, la CENI a annoncé qu’elle poursuivait les travaux de réaménagement du calendrier électoral. Le Rapporteur du Bureau de la CENI, Jean-Pierre Kalamba, n’a fixé aucune échéance. La Centrale électorale, en réalité, ne peut plus se le permettre après les ratés des rendez-vous successifs de l’élection des Gouverneurs intérimaires. La faute, apprend-on, au Parlement qui n’a pas été en mesure d’examiner et d’adopter la loi de répartition des sièges, en dépit de deux sessions extraordinaires extrêmement coûteuses sur tous les plans : financier et en termes de crédibilité institutionnelle. La faute aussi au Gouvernement qui n’a pas réussi ou voulu doter la CENI des moyens financiers nécessaires pour la mise en œuvre du calendrier électoral. Sans oublier le démembrement, qui est venu perturber la quiétude de la centrale électorale.
Dialogue hypothétique
En lisant entre les lignes le dernier communiqué de la CENI, on comprend aisément qu’elle est bloquée ou suspendue à une décision politique. Le dialogue était, alors, présenté comme la solution miracle à toutes les contraintes à l’exécution du calendrier électoral global. En juin dernier, le Président de la République a initié les Consultations pré-dialogue. L’on s’attendait que, dans les jours qui ont suivi, les différents acteurs sociaux et politiques soient convoqués pour discuter, selon le Chef de l’Etat, du calendrier électoral, du financement des élections, de la sécurisation du processus électoral, ainsi que de la place de la Communauté internationale. Plus de trois mois après, la perspective même du dialogue s’éloigne. La fronde du G7, qui a fait défection de la Majorité Présidentielle, n’est pas pour arranger les choses. Déjà, le dialogue avait été rejeté par la Dynamique de l’Opposition, celle-là qui, en janvier 2007, avait mis les Congolais dans la rue contre le projet d’une nouvelle loi électorale truffée des germes de glissement. Peu avant, les analystes politiques ont quelque peu été désabusés, en apprenant que le Gourou de la secte politico-mystique Bundu dia Kongo (BDK), premier défenseur d’une transition de trois ans, a fait un revirement spectaculaire, après qu’il se soit rendu compte de l’effritement de sa popularité. L’UDPS, qui avait, pourtant, entamé des discussions secrètes avec le pouvoir, a finalement résolu de retirer ses délégués. Le constat est plutôt amer : le camp des pro-dialogue se vide.
Vers un référendum constitutionnel ?
La nouvelle de la tenue d’un éventuel référendum constitutionnel continue à se répandre dans la ville de Kinshasa. Le week-end, plusieurs sources ont révélé l’existence d’une lettre qu’aurait écrite, mardi 15 septembre, le Premier Ministre Matata à son Ministre de l’Intérieur, le VPM Evariste Boshab. Il y serait question de donner avis et commentaire sur la proposition de loi fixant les modalités d’organisation d’un référendum. Le recours au référendum intervient en cas de déplacement de la capitale, de cession d’une partie du territoire national ou de révision constitutionnelle. Deux Députés MP, Lucain Kasongo et Simplice Ilunga, auraient été à l’origine de la proposition de loi. Dans les milieux de l’Opposition, l’on met en garde contre toute tentative permettant de modifier la Constitution à la brazzavilloise. On fait remarquer qu’un référendum constitutionnel est un scrutin direct qui exige autant des moyens financiers et matériels qu’une élection présidentielle. On se demande comment un Gouvernement qui n’a pu décaisser 2 millions Usd pour organiser l‘élection de nouveaux Gouverneurs, peut-il débloquer des centaines de millions de dollars pour la tenue d’un référendum constitutionnel. A cela s’ajoutent des interrogations sur les matières pouvant faire l’objet de la révision. Pendant ce temps, le VPM de l’Intérieur, Evariste Boshab, a monté des banderoles sur les grandes artères de la ville de Kinshasa où l’on peut lire : « Je suis Evariste Boshab, j’aime Joseph Kabila, mingi mingi Raïs ». C’est comme si le pays s’apprêtait à faire un nouveau saut dans le vide.
La Pros.