Dégoûté par des coups et contrecoups, il a décidé de quitter la scène politique. Il nomme le Député Mantezolo à la tête de son parti, Bundu dia Mayala. Il n’ira plus au dialogue politique envisagé par le Président Kabila. Il accuse le pouvoir d’avoir détruit sa popularité depuis son oui aux Consultations présidentielles de juin dernier.
C’est une annonce qui semble surprenante dans la mesure où elle provient de la personnalité la plus engagée dans le glissement des mandats. Samedi 5 septembre dernier, Ne Muanda Nsemi a surpris tout le monde. Il a pris une série de décisions qui ne vont pas rester sans conséquence sur son avenir politico-religieux. Il disparaît de la scène politique alors que sa popularité, comme il le reconnaît, lui-même, dans « Kongo Dieto », a pris un sérieux coût. Ne Muanda Nsemi regrette que sa rencontre avec le Président Joseph Kabila, en juin, lui ait causé beaucoup d’ennuis qu’il ne l’aurait espéré. Au fait, ce n’est vraiment pas le rendez-vous avec le Président qui est à la base des difficultés du chef politico-spirituel de BDK, interdit de fonctionnement. C’est plutôt la gestion de l’après. Beaucoup de choses ont été dites. Par exemple, il a été rapporté que Ne Muanda Nsemi s’en serait tiré avec une importante somme d’argent, soit deux millions de dollars américains. Une accusation qu’il réfute, bien sûr. Mais, il n’a surtout pas apprécié que face à ces accusations gratuites, selon lui, le camp présidentiel ne soit pas venu à sa rescousse. Autrement dit, il a rempli sa part de contrat en prenant les risques de proposer, au cours d’un meeting à Matadi, dimanche 16 août dernier, l’instauration d’une transition de trois ans. Une transition durant laquelle l’une des deux vice-présidences de la République devrait lui revenir pour le compte de l’Ouest du pays. Trois ans, c’est le temps que Ne Muanda Nsemi jugeait nécessaire pour préparer des élections crédibles en RDC. Pour faire avancer ses plans, il a fait une tournée dans son Kongo Central natal. A son actif, plusieurs réunions publiques dans différentes villes de la province. Partout où il est passé, il ne se dédisait pas, malgré une hostilité montante dont le paroxysme a été atteint à l’étape de Moanda quand des jeunes gens ont perturbé son meeting pro-glissement. Ne Muanda Nsemi s’attendait à ce que, dans la foulée, le Gouvernement lève la mesure interdisant le fonctionnement du mouvement politico-religieux Bundu dia Kongo (BDK), paie les dommages et intérêts, et, enfin, libère ses adeptes qui hument, depuis cinq ans, l’air maculé de la prison centrale de Makala. Le ‘’non’’ de Ne Muanda Nsemi au dialogue avec le Président Kabila, constitue un revirement spectaculaire et risque, par attraction, d’influencer négativement d’autres formations politiques d’Opposition jusque-là pro-dialogue. Il y a peu, le Député Steve Mbikayi de l’Opposition nationaliste a manifesté des inquiétudes, après avoir suivi dans les médias étrangers que la révision de la Constitution figurait à l’agenda du dialogue. La décision de Ne Muanda fait, certainement, mal. La semaine dernière, à Kinshasa, la CENI a saisi la Cour Constitutionnelle pour se plaindre du manque de moyens financiers. Ce faisant, la centrale électorale avouait, à la face du monde, son incapacité à organiser les élections, en conformité avec le calendrier électoral global du 12 février 2015. C’est dans ce contexte qu’un meeting de l’Opposition est prévu, le 15 septembre prochain, pour évaluer, annonce-t-on, le processus électoral. Parallèlement, les Envoyés spéciaux internationaux, dépêchés en RDC, ont produit, le 2 septembre dernier à Genève, une déclaration pour inviter les acteurs politiques congolais à un accord immédiat afin que les élections présidentielle et législatives se tiennent en novembre 2016. Va-t-on y parvenir ? Tout dépend de la manière dont les différents acteurs vont s’y prendre.
La Pros.