
*Fait insolite. Rfi a donné sa langue au chat, ignorant superbement dans ses journaux de nuit du samedi 17 octobre 2015 ce qu’elle s’était évertuée à présenter trois jours plus tôt comme une clarification historique du « rapport de force à l’assemblée nationale de la RDC ». L’Opposition, avait estimé doctement Léa Lisa Westerhoff, la correspondante de la « radio mondiale » à Kinshasa, « pourrait totaliser, sur le papier, 225 sièges contre 275 pour la majorité ». Elle fondait sa conviction sur le fait que « sur le papier, les 80 députés membres des formations politiques qui ont claqué la porte de la majorité en septembre ont rejoint les rangs de l’opposition (…) qui totaliserait donc 225 sièges désormais – au lieu de 145, il y a encore un mois – contre 275 pour la majorité ». Dans cette logique, en ne réunissant que 169 voix sur 441 votants dont 271 en faveur de Luhonge Kabinda Ngoyi, le Député Henri-Thomas Lokondo a le choix d’admettre qu’il a été lâché soit par l’Opposition originelle, soit par le G7, conscients d’avoir été instrumentalisés, pour un combat très dangereux pour la suite même de la démocratie…
«Je ne sais pas par quoi vous appelez victoire dès lors que la majorité a exigé à ses députés de photographier leurs bulletins de vote. C’est anti-démocratique. C’est grave », crachotait un Jean-Claude Vuemba dépité. Anti kabiliste devant l’Eternel, il sait que ses allégations sans fondements et cousues de fil de blanc (on ne voit pas quand et comment un parlementaire retirant ses bulletins et votants immédiatement après aurait pu les photographier au nez et à la barbe des témoins des candidats et des scrutateurs !). Radio Okapi ne s’est pas privé de les relayer avec une étonnante complaisance dans sa dépêche du dimanche 18 octobre 2015 mise en ligne à 8 :28. Le président du petit parti MCPR (opposition tshisekediste) fonde ses accusations sur le « principe du mot d’ordre » émanant de l’Autorité morale. A l’en croire, « la démocratie a été piégée » et que « L’essentiel est que l’Honorable Henri-Thomas Lokondo a essayé pour que la démocratie puisse vivre ».
La vérité est qu’en se présentant en candidat indépendant alors qu’il est sociétaire de la Majorité présidentielle, l’élu de Mbandaka avait misé sur une dynamique aventureuse de salle qui est, par définition aventureuse et flottante. Il a cru profiter du report des voix du G7 avec son quota de « 80 voix sûres » revendiquées par un G7 tonitruant, en pensant que les 160 voix de l’Opposition lui étaient déjà acquises et en escomptant sur une désintégration de la Majorité grâce à des fonds convoyés depuis Lubumbashi par un émissaire du nouveau M. Tiroir-caisse congolais (surnom donné à Moïse Tshombe en 1960 pendant sa lutte contre le leader nationaliste Patrice-Emery Lumumba).
Désillusion ! Si on admet que toute l’Opposition avait voté pour lui, Henri-Thomas Lokondo n’aurait bénéficié que de 9 voix supplémentaires provenant soit du G7, soit de la Majorité. Maigre moisson.
Si le G7 lui avait apporté tout son électorat (80 voix), l’Opposition ne lui aurait donc procuré que 89 voix. Dans un cas comme dans un autre, la Majorité n’a pas suivi ses chants de sirène.
Bref, Lokondo a joué et perdu. Ou tout au moins, il a fait gagner sa famille politique en voulant l’affaiblir car son indiscipline aurait permis aux partisans de Joseph Kabila de clarifier l’insignifiance de l’apport du G7 et de l’Opposition réunis.
Cohabitation mal gérée et mal digérée
Au fait, l’ancien conseiller diplomatique du Président Joseph Kabila a un esprit que l’on dit « indépendant », généralement contraire à l’esprit de corps qui constitue le modus vivendi et le modus operandi dans toute famille politique organisée.
La démocratie n’étant pas une roue à réinventer, il est notoirement établi qu’on ne peut pas être efficace lorsqu’on évolue en électron libre dans un parti ou un regroupement politique.
En France – pays qui nous sert d’étalon en la matière – on ne s’affiche pas d’une famille politique en même temps qu’on la tourne publiquement en dérision, comme le fait continuellement Henri Thomas Lokondo.
Après avoir divisé la MP à laquelle il prétend appartenir toujours en « Katangais » et « non Katangais » (sic !) le manœuvrier Henri Thomas Lokondo, familier des coups tordus de par son expérience de barbouze dans les années Mobutu, a tenté d’instrumentaliser le G7 et l’Opposition originelle pour ses intérêts personnels. A entendre une tête couronnée de l’opposition se demander pourquoi Lokondo ne se déclarait pas clairement pour cette dernière, il n’est pas impossible de penser qu’un certain nombre d’élus au sein de ces groupes adversaires de la MP n’aient pas apprécié la chosification dont ils ont été l’objet de sa part. Car, en définitive, c’est d’une instrumentalisation pure et simple qu’il s’était agit pour un règlement des comptes qui, en réalité, ne les concerne ni de près, ni de loin. Pour la bonne et simple raison qu’à une année presque de l’échéance 2016, aucun opposant conscient n’a envie d’un changement de majorité à l’Assemblée nationale. D’autant plus que cela va déboucher sur une cohabitation avec, d’un côté, un Président de la République élu certes, mais minoritaire à la chambre basse et, de l’autre, un Premier ministre issu d’une majorité fragilisée et qui aurait du mal à gouverner puisqu’il n’aura pas de quota consolidé.
Il importe, à ce stade, de rappeler que la vraie première expérience démocratique postindépendance avait été arrêtée un certain 24 novembre 1965 du fait d’une cohabitation entre le président Kasa-Vubu à la chambre et Moïse Tshombe l’un et l’autre comptant sur le rusé général Mobutu pour disqualifier son adversaire, ce qui ouvrit le chemin à une des dictatures les plus féroces de l’histoire qui dura plus de trois décennies. On ne voit pas bien quel opposant doué de bon sens et de raison, serait disposé, maintenant, à porter devant l’Histoire la responsabilité de l’arrêt de la deuxième expérience démocratique en République Démocratique du Congo pour les beaux yeux de Henri Thomas Lokondo..
En réalité, l’aventure ambiguë de Lokondo est d’inspiration étrangère. Ce sont, manifestement, les insatiables chancelleries occidentales en RDC et RFI, qui ont imaginé et mis en scène la pièce de ce script écrit ailleurs et dans lequel Henri-Thomas Lokondo n’aura été qu’un acteur mineur.
Omer Nsongo die Lema/CP