*Les sociétaires de la Majorité Présidentielle qui se sont réunis, le dimanche 4 octobre, dans la ferme présidentielle de Kingakati, avec leur Autorité morale, Joseph Kabila, ont convenu de préparer le dialogue, les élections de la base au sommet et, si le pays est attaqué, il faudrait aussi tout faire, pour résister contre des menées subversives de n’importe quel ennemi
de la paix.
Ils ont comparé la situation politique actuelle du pays, après le départ du G7, à celle qui prévalait au dernier trimestre 2012 avec la prise de la ville de Goma par le M23, après la défection des hauts gradés de l’armée. A Kinshasa, les différentes forces politiques n’ont pas encore réagi aux dernières déclarations venues de Kingakati. Le temps de scruter, dans les moindres détails, le serment de fidélité, de loyauté et de soutien inconditionnel aux initiatives du Président de la République. Au total, on a parlé d’environ 362 parlementaires, Sénateurs et Députés confondus, qui ont juré de ne jamais trahir Joseph Kabila. Le Président, à son tour, a déclaré que la trahison ne viendrait pas de lui. Autrement, la Majorité Présidentielle est prête à relever les trois principaux défis qu’elle s’est fixés. Mais, comment y parvenir ?
Des hypothèques sur le dialogue
Depuis que le camp présidentiel a mis sur la place publique le projet d’un dialogue politique qui, officiellement, devait dégager la voie bouchée qui conduit vers l’organisation des élections générales, plusieurs mois sont passés sans que des mesures concrètes ne soient prises. Mi-juin 2015, quand le Président de la République ouvre les portes du Palais de la Nation pour recevoir, dans le cadre des Consultations politiques, des chefs des partis, des chefs des confessions religieuses, des acteurs de la Société civile ainsi que tant d’autres personnalités notamment, des parlementaires, on était loin de s’imaginer que jusqu’en octobre, le dialogue n’aurait pas été encore convoqué. Au sujet de l’opportunité d’une telle initiative, trois sortes de réactions sont enregistrées. D’un côté, la Majorité Présidentielle soutenue par une frange de l’Opposition, favorables à un dialogue sans conditions ; de l’autre, l’Opposition Tshisekediste favorable à un dialogue à condition d’une médiation internationale ; enfin, la Dynamique de l’Opposition opposée à toute idée de dialogue avec le Président Joseph Kabila. Quelque quatre mois après, les lignes ont bougé. La MP traverse une crise avec la défection d’un groupe de sept partis connu sous le nom de G7. Une nouvelle plateforme politique qui, dans une lettre ouverte signée le 14 septembre dernier, exigeait le respect absolu de la Constitution. Le G7, parlant justement du dialogue, estime qu’il est voué à l’échec s’il n’a pas pour objet principal, le respect de la Constitution. Les lignes ont aussi bougé du côté de l’Opposition pro-dialogue, le cas de l’UDPS d’Etienne Tshisekedi. En effet, après plusieurs rounds de discussions pré-dialogue, en Europe, à plus de 8000 km du pays, en Italie et en Espagne, le camp du pouvoir et celui de l’UDPS se sont séparés en queue de poisson, comme on dit. Etienne Tshisekedi, réputé imprévisible, après avoir pris connaissance des matières inscrites à l’agenda du dialogue, a fini par prendre une décision pour retirer ses émissaires. Dans la foulée, un autre chantre du dialogue, Ne Muanda Nsemi, à l’origine d’un projet politique préconisant une transition de trois ans, a pris ses distances. Autant dire que la prolongation à l’infini des Consultations a produit l’effet contraire. On s’attendait que les rangs grossissent, ils se rétrécissent davantage. Dans ces conditions, il devient difficile de convoquer un dialogue qui en soit vraiment un. Outre le fait qu’il faille régler la question du contenu et de la facilitation, le temps n’est pas l’allié sur lequel, il faut compter. En plus, entre juin et octobre 2015, les provinces ont été démembrées, presque dans la précipitation, le calendrier électoral est devenu caduc, le pays navigue à vue. L’incapacité du pouvoir à organiser l’élection des Gouverneurs intérimaires pour administrer les provinces nées du démembrement a ouvert une période d’incertitude politique. D’où, l’idée de la nomination des commissaires spéciaux dont les compétences et limites de prérogatives ne sont réglées par aucun texte de loi, ni par l’arrêt de la cour constitutionnelle, ni encore moins, par la Constitution, elle-même. Des craintes d’ériger, fait des nominations de ces commissaires spéciaux, un mur de cohabitation difficile entre les assemblées provinciales, quand bien même revêtues d’une vieille légitimité de depuis 2006, se multiplient. Déjà, l’injonction de Boshab aux assemblées provinciales à ne pas tenir des sessions jusqu’à nouvel ordre est un signe avant-coureur d’une nouvelle contradiction larvée entre, à la fois, le pouvoir central, les exécutifs provinciaux et les assemblées provinciales. Plus l’on foncera dans le sens de confirmer des commissaires spéciaux, mieux les antagonismes éclateront au grand jour.
Des élections toujours attendues
A Kingakati, le Président de la République s’est dit prêt pour les élections. Les dirigeants de la MP, qui lui ont renouvelé leur confiance, continuent à insister sur des élections de la base au sommet. Or, cette hiérarchisation pose problème, dans la mesure où le pays met toujours en avant, le manque de moyens financiers. Dans l’opinion, le report sine die de l’élection des Gouverneurs intérimaires a semé le doute dans les esprits sur la capacité du Gouvernement à mobiliser les ressources financières, pour l’organisation de 12 scrutins directs et indirects. Qui plus est, pour la MP, la vie de la Nation ne se limite pas qu’aux élections. Autrement dit, les élections ne sont pas primordiales. Comment alors, on peut vouloir des élections dans les délais constitutionnels, dont il ne reste que treize mois, et, en même temps, alourdir ledit calendrier ? Devant le blocage et la paralysie du processus électoral, tout indique que l’on s’achemine, petit à petit, vers un brise-lames infranchissable. Sauf, s’il y a un sursaut d’orgueil patriotique. Sinon, les lendemains ne sont pas rassurants.
La Pros.