
Le dernier rapport du Fonds Monétaire International (FMI) publié au début du mois d’octobre a été relayé le week-end dernier par Radio France Internationale (RFI). Même si dans certains cas le rapport constitue du déjà entendu, il est en tout cas loin d’être complaisant, parce que véridique et digne de foi, basé sur des faits concrets.
Il indique qu’en 2014, le taux de croissance de l’économie congolaise a franchi le cap de 9,2%. Le gouvernement congolais a, à juste titre, mérité des éloges de la part du FMI et des Occidentaux. Dans son dernier rapport bilan, le premier ministre AugustinMatataPonyoMapon ne s’est pas fait prier en faisant miroiter les progrès réalisés en 15 ans en RDC tout en reconnaissant que les objectifs du millénaire n’étaient pas encore atteints.
Paradoxe
Le FMI s’inquiète de constater l’absence d’effets d’entrainement que devaient engendrer le succès réalisé au plan économique. L’institution internationale constate plutôt un paradoxe : l’extrême pauvreté dans la laquelle croupit la grande majorité des Congolais. En effet, note le rapport du FMI, 82% des Congolais vivent en deçà du seuil de » pauvreté absolue » avec moins de 1,25 dollar us par jour. C’est beaucoup moins bien que la plupart des pays de la région.
Comment expliquer ce paradoxe ? Le FMI indexe d’abord l’économie congolaise qui n’est pas assez diversifiée. Sa croissance repose essentiellement sur le secteur minier notamment le cobalt, le cuivre et le diamant. Si le secteur produit du cash, il n’est malheureusement pas générateur d’emplois. En tous cas, il emploie très peu de travailleurs locaux.
Conséquence,le chômage bât le plein, surtout parmi les jeunes. Le fonds épingle aussi d’autres facteurs tels la corruption et la présence des groupes armés dans l’Est du Congo qui empêchent une bonne redistribution des richesses.
Autres éléments prise en compte : l’incertitude sur la date de la prochaine élection présidentielle de 2016 et le climat des affaires très dégradé qui n’encourage pas l’investissement privé en RDC. Le fonds recommande malgré tout de reformer le secteur minier afin de faire rentrer plus d’argent dans les caisses de l’Etat et félicite le gouvernement congolais dans ce chapitre, saluant plus particulièrement la reforme du code minier de 2002 qui devrait permettre de dégager des ressources supplémentaires, pour des projets de développement.
En dépit de richesses naturelles auxquelles il faut ajouter les ressources hydrauliques et forestières dont le pays est dotée, la RDC peine à décoller. Il détient par contre l’un des taux de pauvreté parmi les plus élevés au monde.
Le FMI exhorte les autorités congolaises à lutter davantage contre la pauvreté généralisée et persistante en RDC en dépit de la croissance économique mentionnée. Lutter contre la pauvreté c’est aussi et surtout combattre le chômage par la mise en œuvre d’une politique rationnelle de création d’emplois. Il importe aussi de promouvoir la croissance économique mieux partagée et améliorer les indicateurs sociaux.
La RDC est invitée à décoller des dernières places des classements internationaux en termes de développement.
Car elle en a les moyens. La volonté politique ne devait pas constituer un obstacle. Sinon, à quoi cela sert-il devanter à longueur des journées les effets réalisés au plan économique quand le social n’emboite pas le pas ? Un peu comme dans un foyer où papa est ministre et les enfants manquent de la nourriture.