
A en croire les propos du Professeur André Mbata, Directeur exécutif de l’IDGPA (Institut pour la démocratie, la gouvernance, la paix et le développement en Afrique) et initiateur du Colloque, c’est «du jamais vu». Il n’en revient pas. Lui, qui pensait refaire de Kinshasa, via ces assises, une des capitales intellectuelles du continent, et pas seulement de la musique, est déçu.
La Constitution de la RDC, votée par référendum les 18 et 19 décembre 2005 et promulgué par le président de la République le 18 février 2006 a totalisé 10 ans hier. C’est un anniversaire que le pays se devait de célébrer.
La triste nouvelle est de voir qu’aucune autorité officielle n’a répondu présente malgré les invitations lancées par le Professeur Mbata. C’est donc un regret, a-t-il dit, devant la presse nationale et internationale. Par contre, les hautes personnalités de l’opposition étaient visibles à Caritas notamment, les membres de la Dynamique de l’opposition et certains élus. Aucun représentant de l’Etat n’a daigné se présenter ne fût-ce que pour prononcer la traditionnelle phrase d’ouverture, laissant cette charge aux initiateurs dudit colloque. Pour un forum censé contribuer au rayonnement scientifique de la RDC, dont aucune université n’est comptée parmi les 150 premières d’Afrique, le désintérêt des officiels, couplé au retrait, deux jours plus tôt de l’organisation, de la Faculté de droit de l’Université de Kinshasa, est plus que décevant.
« Ne pas envisager quelque chose pour nous rimerait à une sorte de démission intellectuelle, à défaite de la pensée, il fallait en tant qu’intellectuels, se pencher, réfléchir sur cette constitution. Comment est-ce que nous pouvons mieux faire pour gérer ce pays. Ou comme le dit l’hymne national, comment nous pouvons créer un pays plus beau qu’avant, comme nous l’avons promis à nos aïeux et aux générations futures ? Pour l’IDGPA, la Constitution relève du sacré. La vie de la nation, et non pas son inanition, dépend de la Constitution», a-t-il martelé.
Des questions se bousculent dans la tête des organisateurs face à cette « trahison intellectuelle ». « Comment est-ce une faculté de droit de l’université pouvait se taire pendant que la constitution arrivait à son 10ème anniversaire. Comment les universitaires et juristes congolais qui inondent les mass media pour parler de la Constitution, comment des professeurs d’université, comment des chercheurs pouvaient laisser passer un événement aussi important. Cette constitution adoptée par 85% de notre peuple », s’interroge le Pr Mbata.
Les organisateurs ne baissent pas pour autant les bras. Qu’à cela ne tienne, le colloque se tient du 18 au 20 février, sous le thème, « La Constitution du 18 février 2006 : Bilan, défis et perspectives de consolidation démocratique en République démocratique du Congo. Quels sont les défis, quelles sont les perspectives de consolidation en RDC. »
En ce qui concerne le contexte dans lequel le colloque a été initié, le Pr André Mbata a souligné que cette Constitution est la plus importante dans l’histoire constitutionnelle de la RDC. « Trois Constitutions seulement ont été votées par référendum dans notre pays. La loi fondamentale qui avait régi notre pays à l’indépendance était essentiellement une loi belge parce qu’elle avait été proposée par le gouvernement du Royaume de Belgique, adoptée par le parlement belge, publiée dans le journal officiel belge comme toutes les autres lois de la Belgique et promulguée par le Roi des Belges.
La Constitution du 1er août 1964 était la première constitution du Congo à être adoptée, votée par notre peuple mais n’avait pas duré plus de deux ans. Parce que le 24 juin 1965, elle était rejetée à cause du coup d’Etat perpétré par le général Mobutu. Elle n’a fait que moins de deux ans.
Kevin Inana