
DÉCLARATION EN RÉACTION AUX POSITIONS INCONCILIABLES ET PARTISANES DU GOUVERNEMENT SUR LA PROBLÉMATIQUE DE L'UTILISATION DES RÉSEAUX SOCIAUX EN RDC
Le Collectif des Avocats de Maître Godefroy MWANABWATO, détenu au CPRK/MAKALA, est très surpris de voir le Gouvernement, par la voix de son porte-parole, M. Lambert Mende, adopter en moins d'une année, des positions contradictoires au sujet de l'utilisation des réseaux sociaux en République Démocratique du Congo.
En effet, en date du 08 février courant, le porte-parole du Gouvernement, M. Lambert Mende, à été invité à la RTNC dans l'émission « Nouvelle donne » animée par le journaliste Symplice.
A la question lui posée de savoir quelle est sa réaction sur le rebondissement de la problématique de l'utilisation des réseaux sociaux consécutif au dernier posting de M. Henri Mova Sakanyi, Secrétaire Général du PPRD qui, sur son compte Twitter officiel, avait affirmé « Les Léopards accordent un troisième mandat à Joseph Kabila », il a réagi en affirmant « être dégoûté » par ce qu'il a qualifié de « piratage » du compte de M. Mova Sakanyi par des « personnes malveillantes ». Il est même allé jusqu'à nier l'appartenance du compte incriminé à M. Mova Sakanyi. Oubliant alors que M. Mova, en personne et à la même date, avait présenté ses excuses après avoir retiré le posting choquant qui y figurait.
Cette attitude de la part du porte-parole du Gouvernement nous surprend étant donné qu'il y a moins d'une année, soit en juin 2015, il avait, dans un communiqué du Gouvernement largement médiatisé, incriminé notre client, Maître Godefroy MWANABWATO, Avocat au Barreau de Kisangani, pour des postings retrouvés sur le mur de sa page Facebook le qualifiant de manière diffamatoire de « terroriste » et ce, malgré la présomption d'innocence consacrée comme principe en droit congolais et malgré les déclarations de notre client qui continue à nier jusqu'à ce jour la paternité de ces postings devant ses magistrats instructeurs affirmant qu'ils se sont retrouvés sur son mur après que des inspecteurs de l'Agence Nationale des Renseignements aient été en possession de ses téléphones et de son code d'accès Facebook.
En son temps, le Gouvernement congolais, par la voix de M. Lambert Mende, n'avait pas hésité à coller d'office les postings de juin 2015 à notre client. Profitant de sa situation de privation de liberté, il avait convoqué la presse et qualifié ces postings d'« apologie des crimes les plus odieux » et traité de « terroristes » les mouvements citoyens LUCHA et FILIMBI dont Maître Godefroy Mwanabwato exigeait la libération des membres incarcérés injustement jusqu'à ce jour. Ces actes de terrorisme n'ont jamais été démontrés jusqu'à ce jour et tous ces jeunes dont Fred Bauma et Yves Makwambala continuent à croupir en prison malgré le rapport de la commission parlementaire démontrant l'inexistence des actes terroristes à leur charge.
Lorsque, quelques mois plus tard, M. Henri Mova Sakanyi qui n'est pas membre du Gouvernement et qui est un citoyen ordinaire comme notre client, dans son compte Twitter officiel actif depuis l'époque où il fut ambassadeur de la RD /Congo en Belgique, poste des messages anti-republicains qui ont choqué l'opinion nationale, le Gouvernement de la République s'en va à sa rescousse, confirme le piratage de son compte sans avoir initié une enquête préalable et admet publiquement l'existence des pirates-hackers. Nous nous attendions à ce que le Gouvernement reste constant et condamne avec le même acharnement les postings de M. Mova qui peuvent être qualifiés d' « apologie de la violation de la constitution ».
Pour le Gouvernement congolais, la loi perd-elle de rigueur lorsqu'il s'agit des actes d'une personnalité proche du régime au pouvoir ?
Il sied de rappeler que des postings à problème avaient été détectés sur les murs des comptes personnels personnels attribués au Ministre Mende, à la Présidence de la République et au Président de l'Assemblée Nationale et que chaque fois, le Gouvernement en a justifié l'existence par le piratage des comptes concernés.
Nous jugeons inconciliables et contradictoires les deux positions du Gouvernement congolais sur une même question.
le Collectif d'avocats de Maître Godefroy MWANABWATO est en droit de s'interroger sur les raisons du maintien de son client en détention préventive depuis 240 jours sans jugement pour des écrits virtuels pendant qu'en même temps le même Gouvernement qui avait justifié son enlèvement et son injuste arrestation admet aujourd'hui l'existence des pirates-hackers en République Démocratique du Congo. Ce constat génère un doute énorme sur les actes prétendument mis à charge de notre client et ôte à son maintien en détention toute justification.
L'égalité de tous devant la loi, le droit à une justice impartiale, la liberté d'expression et la présomption d'innocence étant consacrés par la Constitution en faveur de chaque citoyen congolais, nous exigeons :
- un démenti public du Gouvernement sur toutes les imputations dommageables dont notre client a fait l'objet de sa part,
- La levée des poursuites pure et simple contre notre client par le Procureur Général de la République qui le poursuit sur injonction du Gouvernement ,
- Sa remise en liberté,
- et Son indemnisation par l'Etat congolais pour tous les préjudices Subis.
Pour le Collectif,
Maître Peter NGOMO
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