Depuis le mois de mai 2015, le président sortant "Joseph Kabila" tente, sans grand succès pour le moment, de convaincre tous ses opposants "radicaux" à se retrouver autour d’une table pour "dialoguer". Deux ans auparavant, soit en septembre 2013, le même " Kabila" avait étonné l’opinion congolaise en organisant des "concertations nationales". Le but, disait-il, dans une allocution devant les deux chambres du parlement réunies en congrès, était de "consolider la cohésion nationale ". L’étonnement suscité jadis par cette initiative présidentielle s’est muée en désillusion. Les participants à ce forum avaient formulé plus de 700 recommandations. Jugées " prioritaires", 100 recommandations ont été sélectionnées et transmises, en décembre 2013, à "Joseph Kabila". Quelles sont les réformes contenues dans ces 100 recommandations? Pourquoi celles-ci sont devenues un des secrets les mieux gardés de la République ?

"Nous ne voulons pas de concertations nationales bis". Cette phrase a été prononcée le 5 décembre dernier par le député national Jean-Pierre Lisanga Bonganga. C’était à Bruxelles. Proche du leader de l’UDPS, Étienne Tshisekedi wa Mulumba, Lisanga est favorable au dialogue préconisé par " Kabila" à condition qu’il soit sous "arbitrage international".

Chacun a le droit d’aimer ou de ne pas aimer le très populiste Lisanga. Reste que celui-ci a eu le mérite de dire tout haut ce que la grande majorité pense tout bas au sort mystérieux réservé aux "100 recommandations prioritaires". À Bruxelles, des activistes politiques, communement appelés " combattants ", d’ironiser en parlant des "consternations nationales".

Un vent favorable a fait atterrir à la rédaction de Congo Indépendant les fameuses recommandations sélectionnées. Le document porte la mention : " Confidential, for internal use only".

Après lecture, on est saisi par l’impression qu’un vrai "quiproquo" a existé entre "Joseph Kabila" et les "concertateurs". Le premier espérait obtenir, en contrepartie du gouvernement dit de cohésion nationale, la remise à zéro du compteur de la legislature en mettant en route un nouveau régime de transition. Contre toute attente, les " concertateurs " ont cru bien faire en proposant une "thérapie de choc" aux allures de "suicide" pour réformer le système. On comprend, dès lors, le temps mis par " Joseph Kabila " - pas moins d’un an - avant d’inclure certains concertateurs dans un gouvernement dit de "cohésion nationale".

De mauvaise grâce, "Joseph Kabila" va mettre en application quelques recommandations. Outre le gouvernement de cohésion nationale - dont la mission originelle était d’exécuter les réformes proposées -, on peut citer : voter et promulguer la loi d’amnistie (Ndlr : une amnistie chahutée faite à la tête du "client"); installer la Commission nationale des droits de l’Homme (Ndlr : une Commission aphone face aux restrictions des droits et libertés aînsi qu’à la montée en puissance de l’intolérance); installer le Conseil économique et social ; installer la Cour constitutionnelle ; adopter et promulguer la loi de programmation des modalités d’installation de nouvelles provinces. Notons à ce sujet que les concertateurs considéraient cette dernière opération comme un " processus ".

" Joseph Kabila " a, jusqu’ici, jeté une sorte de chappe de plomb sur les "autres" recommandations. Citons les plus dérangeantes : supprimer les visas d’entrée et de séjour en RDC en faveur des étrangers d’origine congolaise ; lutter contre la corruption et l’enrichissement illicite des membres du gouvernement, des mandataires publics et des magistrats par l’organisation des procès contre leurs auteurs et renforcer les peines relatives à ces infractions; organiser le recensement général de la population et de l’habitat ainsi que des enquêtes lourdes en vue de disposer des statistiques fiables de développement du pays (Ndlr : depuis la prise du pouvoir par l’Afdl à ce jour, les ex-Zairois n’ont pas de nouvelle carte d’identité) ; résoudre les conflits existant entre l’Armp, la Dmp et le Bceco et diligenter un audit organisationnel et financier des trois structures susmentionnées ; visiter au strict respect de la loi sur la passation des marchés publics (...); exécuter correctement la loi des finances votée et promulguée (...) (Ndlr : en 2014, le gouvernement à financé 190 projets non prévus dans le budget pour un montant d’un milliard USD); accélérer le processus de réforme des Forces armées, de la police nationale et des services de sécurité en prenant soin d’en exfiltrer les éléments étrangers; identifier toute personne qui entretient les groupes armés et la soumettre à la rigueur de la loi; créer une Commission Vérité, Paix et Réconciliation en se basant sur l’expérience de l’ancienne Commission Vérité et Réconciliation; assurer la juste représentativité de toutes les provinces dans le gouvernement national, les Services et entreprises publics, conformément à la Constitution ; organiser, dans les meilleurs délais, les élections locales, provinciales et sénatoriales.

Questions: Pourquoi "Joseph Kabila" a-t-il passé, par pertes et profits, la grande majorité des recommandations lui adressées? A-t-il déduit qu’il incarnait le "nouveau mal congolais" et que toute réforme équivaudrait, pour lui, à se tirer des balles dans les pieds? Lisanga Bonganga n’a pas tort. Le "dialogue politique national inclusif" risque d’être une redition des "Concertations". Et ce, aussi longtemps que les participants n’auront pas compris que le " rais" n’a que faire des réformes. Ce qui l’intéresse c’est le pouvoir. Pour le pouvoir...

B.A.W
© Congoindépendant

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